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Phrase d’un vagabond aux policiers qui l’ont interpellé

Par Rémy

"Devant le ciel que je jugeais chafouin, à défaut de lui trouver un adjectif plus représentatif de mon agacement, je me résolu à changer mes projets de dormir sous une voûte céleste non étoilée – si tant est que l’on puisse appeler ainsi mon obligation de vagabonder (obligation ou incapacité à trouver une autre occupation que celle-ci) – et fus assez heureux de parvenir à découvrir cette petite maison dans laquelle, je l’avoue, j’entrais par une voie non officielle, ou sans clé si l’on préfère, afin de vérifier qu’elle était libre pour ce soir, ce qu’elle était, libre, sans être abandonnée puisque tout le confort moderne s’y trouvait installé, ce qui, après quelques jours d’errance malheureuse, me parut une aubaine à saisir – vous imaginerez, ou pouvez imaginer, du moins, que je le fis – tout en commençant à envisager de résoudre le second problème dans l’ordre des priorités que je ne manque pas d’établir, c’est à dire que je ne m’éloigne pas trop de cet ordre, je veux dire, je veux parler de manger, ou me nourrir,  me sustenter, du moins, car j’y parviens déjà difficilement, d’où je ne dirais pas que je me goinfre souvent, et, donc, puisque la maison était électrisée et gazeifiée, et que la cuisine se targuait de posséder une table de cuisson, il me semblait envisageable d’explorer les placards et les réserves à la recherche de denrées perdues, ou oubliées, à la rigueur délaissées, qui trouveraient dans l’idée même de me nourrir une joie toute relative à leur état de nourriture, et cette recherche, fébrile mais ordonnée, se solda par l’immense surprise de ne pas trouver autre chose que des montagnes de conserves de pâté pour chats, chats, ainsi que félins, non présents dans la maison ou le jardin, et donc, pure logique, ayant délaissé cette formidable source de protéines pour des morceaux plus nobles, me laissant ainsi la possibilité de découvrir des recettes savoureuses et malines pour accommoder une gelée parsemée de viande d’origine chevaline dans le meilleur des cas ou, au fond les chats s’en délectent bien, de compositions à base de rongeurs, reptiles, insectes et autres aromates (herbe à chat), recettes donc, qu’il me fallu inventer, mais qui se sont avérées bien goûteuses : fingers de pâté sauce tomate, pâté frit aux oignons et sa croûte de moutarde et poivre, carpaccio de pâté au lapin au vinaigre balsamique."


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