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Before Midnight: un régal pour les fans de ce cinéma là!!

Par Filou49 @blog_bazart

before-midnight-Je suis certain que, si je disais à certains spectateurs qui se sont fortement enuyés devant "Before Midnight"- n'est ce pas My Little Discoveries?) que j'ai commencé à voir le film en étant littéralement crevé; n'arrivant plus du tout, avant d'entrer dans la salle, à ouvrir l'oeil, et que j'ai suivi les deux heures de film en étant parfaitement alerte et éveillé, je suis sur que ceux ci ne me croiront absolument pas.

En effet, je peux aisément comprendre que l'on ne se reconnaisse pas forcément dans ce cinéma basé presque exclusivement sur le dialogue,  et, où le principal morceau de bravoure repose en un plan séquence de 20 minutes de dialogue dans une voiture (plan séquence que j'ai trouvé pour ma part assez exceptionnel) et que l'on puisse très vite s'ennuyer devant cette loghorée verbale entre ces personnages, aisés socialement,  qui ne parlent plus qu'ils n'agissent.

Mais, en ce qui me concerne,  j'ai toujours adoré cela, chez Rohmer, chez Pialat ou chez d'autres, et je continue à aimer cela chez Linklater, mais je peux comprendre que certains préfèrent un cinéma où la parole laisse place à une action plus....active!!

Il faut dire qu'ici, on a affaire à une seule unité de lieu, mais quelle unité de lieu, puisqu'il s'agit d'un splendide village de vacances grec (ce qui nous vaut des  images splendides de mer, le coucher du soleil, la poésie des ruines et un monde paradisiaque), et également une unité de temps puisque tout le film se déroule en 24 Heures et donc la parole comme moteur essentiel de ce couple.

C'était déjà le cas lors de Before Sunrise et Before Sunset, les deux premiers volets de cette trilogie (qui pourrait peut-être continuer avec un volet 4 dans 10 ans) puisque le projet du réalisateur, Richard Linklater,  auquel colloborent Julie Delpy et Ethan Hawke au scénario est de suivre sur la longueur un couple composé de Céline et de Jesse, de leur rencontre dans un train à Vienne en 1995, puis de leurs retrouvailles à Paris en 2004, et enfin toujours 9 ans plus tard, de leur vie de couple en vacances en Grèce...

Un tour d'Europe à travers la vie et les vissicitudes d'un couple, mais ici, contrairement aux deux premiers épisodes, le léger et le marivaudage a laissé place à des préoccupations plus adultes et forcément moins légères, et j'avoue que si j'avais plutot apprécié les deux premiers films, mais sans non plus sauter au plafond, trouvant l'ensemble quand même un peu trop futile, ici, j'ai trouvé que cette profondeur allait superbement bien aux personnages et même à la mise en scène de Linklater.


Before Midnight: un régal pour les fans de ce cinéma là!!

 Pourquoi ce "Before Midnight" m'a tellement plus ému et touché que Before Sunset et Before Sunrise, alors même que le film est quand même basé sur le même moule que les autres?

Certainement, parce que j'ai vu les autres pas en même temps que leurs sorties en salles, et du coup j'étais un peu en décalage avec leurs préoccupations alors que là, j'ai trouvé leurs réflexions et leurs soucis domestiques terriblement en phase avec les miennes (ceux qui n'ont pas organisé une soirée romantique pas du tout spontané dans un hotel car il a fallu organiser 10 heures à l'avance la garde des enfants ne pourront pas compatir comme je l'ai fait!).

L'apparition des enfants et des personnages tiers, avec notamment cette voisine, qui nous raconte sa vie avec son défunt mari dans une scène bouleversante dans un diner jusque là bien frivole, confèrent à ce troisième volet une intensité nouvelle qui sied à merveille aux personnages.

 Certes, comme je l'ai dit au début de mon billet, ce Before Midnight n'est composé que de conversations ou presques, mais ces dernières sont véritablement passionnantes, dans la mesure où elles touchent à l'essentiel de ce qui constitue la nature humaine, à savoir,  le couple, la famille, le sexe, le travail...On aura donc droit à de profondes discussions autour du couple, de l'amour, du temps qui passe, du passé, du présent, du futur, de la mort, de l'existentiel en général...

Et outre le fond du film, la forme est également plus touchante que dans les deux premiers opus. Linklater pose plus sa caméra et se permet des audaces formelles (comme cette scène de coucher de soleil, poignante car la correspondance avec la rupture de l'histoire d'amour est forcément prégnante).

La chronique vire plus au ton doux amer que les autres,  un ton plus désabusé, moins optimiste sans doute, et du coup, le film reste bien plus longuement en mémoire. D'autant que les qualités d'écriture, notamment dans les dialogues, qui eux, étaient déjà bien présents dans les deux premiers films, n'ont pas disparu, loin de là, et on est même grandement épaté par la finesse de cette plume et de ces vérités tellement bien senties.


Before Midnight: un régal pour les fans de ce cinéma là!!

Et du coup, ces personnages, attachants, même (et surtout) dans leurs défauts agaçants, sont parfaitement crédibles car les deux acteurs les incarnent avec une authenticité et une complicité étonnante...

Certes, Julie Delpy joue un personnage pas trés éloigné de celui de ses deux films commençant par 2 days (in Paris et in N.Y), mais en même temps, elle le joue tellement bien, cette fille terriblement intelligente mais terriblement de mauvaise foi qu'on ne peut que s'incliner... Ethan Hawke, par contre, est à des années lumières du dernier rôle dans lequel je l'avais vu (Sinister), et il est lui aussi fantastique dans ce rôle d'écrivain US un peu mégalo, mais aussi terriblement humain, dans ses faiblesses et ses contradictions.

Bref, un film américain intelligent qui parle à un public d'adultes,  et qui nous fait passer du rire aux larmes avec grande maitrise, et un film très réaliste, profond mais aussi terriblement rayonnant comme le soleil grec. 

S' il joue encore et que vous êtes client de ce genre de cinéma, ne vous privez pas de ce réel plaisir!!!


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