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Suis-je un « Français au sang mêlé » ?

Publié le 20 juillet 2013 par Roman Bernard
Je ne poste plus beaucoup ces temps-ci (il faut dire que j'ai été occupé ailleurs, notamment ici, ici ou encore ici), mais j'ai récemment fait analyser mon ADN par 23andme.com et les résultats sont amusants.
La procédure est simple : payer en ligne 99 dollars, plus les frais de port, recevoir un flacon à domicile, se frotter les joues sur les molaires pour faire tomber des cellules de l'intérieur de la bouche, cracher dans le flacon, et l'envoyer aux USA. Les formalités d'envoi, par contre, peuvent être compliquées.
J'ai reçu cette semaine les analyses de mes lignées paternelle et maternelle, et voici ce que cela donne :
Suis-je un « Français au sang mêlé » ?Suis-je un « Français au sang mêlé » ?
Du côté de mon père, j'appartiens donc à l'haplogroupe J2, apparu il y a 18 000 ans, présent surtout en Europe du Sud, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, principalement chez les Juifs (Ashkénazes et Séfarades ; c'est le cas chez un quart de ces derniers) et les Libanais.
Du côté de ma mère, j'appartiens à l'haplogroupe H1e1a, vieux de 13 000 ans et présent notamment en Europe, au Proche-Orient, en Asie centrale et en Afrique du Nord-Ouest, surtout chez les Espagnols, les Berbères et, là encore, les Libanais. À noter que, pendant la dernière ère glaciaire, les H1 étaient légion dans le Doggerland, cette terre située entre les Îles britanniques et les Pays-Bas, l'Allemagne et la Péninsule du Jutland (Danemark), non loin non plus des côtes norvégiennes. Elle a été submergée avec la fonte des glaces continentales, mais comme ça ne s'est pas fait du jour au lendemain, il y a des chances que les habitants du Doggerland soient allés ailleurs (d'où peut-être l'étonnante sur-représentation de H1 en Norvège).
Ces résultats se rapportent à la situation antérieure à la conquête des Amériques et de l'Océanie par les Européens, d'où l'absence de représentants de ces groupes sur les cartes de l'Amérique et de l'Australie.
Si l'on regarde les résultats par nationalité, ils sont, en revanche, conformes à mon intuition de départ :
Suis-je un « Français au sang mêlé » ?
Je suis donc Européen à 99,9 % et « Est-Asiatique » à 0,1 % (les Anglo-Saxons appelant seulement « Asians » les habitants du sous-continent indien, ils ont recours à « East Asians » pour désigner ceux que les Français appellent, en compagnie d'autres peuples, simplement « Asiatiques » : Chinois, Coréens, Japonais). Ce millième de sang asiatique est probablement dû au fait que j'aurais, selon un cousin de ma mère qui aurait fait des recherches généalogiques, des origines magyares (hongroises).
Quant aux résultats détaillés pour l'Europe, quelques remarques s'imposent :
  1. Ranger les Français avec les Européens du Nord se justifie certes pour les Français... du Nord (les bien-nommés Normands, les Flamands, les Picards, les Alsaciens, les Lorrains, les Champenois, etc.), pas du tout pour ceux du Sud. La fameuse césure entre la France de langue d'oïl et la France de langue d'oc (laquelle déborde d'ailleurs sur la Catalogne et la Ligurie) n'est pas seulement linguistique et culturelle, ou plutôt, elle est linguistique et culturelle parce qu'elle est avant tout ethnique (ou « sub-raciale », i.e. interne à la race blanche) ;
  2. Classer les Français avec les Allemands est, pour la même raison, étrange ; notons d'ailleurs que biologiquement parlant, les Allemands sont loin d'être homogènes, encore une fois entre le Nord et le Sud ; on peut aussi citer les Italiens, rangés dans les Européens du Sud alors que les Lombards, pour prendre l'exemple le plus parlant, étaient un peuple nordique.
  3. Ranger tous les Britanniques dans le même groupe (« British and Irish ») est problématique : les Écossais sont un peuple nordique, tandis que les Gallois sont un peuple... méditerranéen (plus d'explications ci-après). Ce qui, au passage, discrédite l'idée d'un peuple « celte » homogène, idée à la base de la formule « Nos ancêtres les Gaulois », inventée sous la Troisième République dans le cadre de la revanche contre l'Allemagne.

Ces résultats démontrent, s'il en est encore besoin en 2013, l'absence de fondement biologique au concept de nation (au sens jacobin moderne, i.e. lié à l'État-nation). Mes ancêtres sont presque tous français, et pourtant, je suis génétiquement apparenté, dans une mesure très considérable, à des gens qui ne le sont pas. Notons au passage qu'à l'échelle de l'histoire humaine (mes deux haplogroupes sont apparus avant le Néolithique), la nation n'a pas beaucoup de sens. Qui peut faire remonter ses origines à plus que quelques siècles ? Sur la durée, l'appartenance biologique est beaucoup plus significative.
Je ne suis donc pas un « Français au sang mêlé », puisque la France ne signifie pas grand-chose à cet égard. Je suis en revanche un Européen, appartenant à la branche méditerranéenne de la grande famille européenne, et c'est cela qui est important.
J'ai brièvement mentionné la différence entre Écossais nordiques et Gallois méditerranéens. Je la tire de l'ouvrage de Madison Grant, The Passing of the Great Race (1916). Grant sépare les Européens entre trois catégories :
  1. Les Nordiques
  2. Les Méditerranéens
  3. Les Alpins

Je laisse le lecteur juge du livre de Grant, mais son exemple des Gallois m'a définitivement convaincu. Pour Grant, des peuples méditerranéens auraient conquis l'actuel Pays de Galles à l'époque où la Manche pouvait être traversée à pied. Ils auraient réussi, malgré les invasions nordiques (la dernière d'entre elles étant Hastings) de la Grande-Bretagne, à préserver leurs caractéristiques du fait de leur relatif isolement.
Voici quelques photos de Gallois célèbres qui donnent un certain crédit aux théories de Madison Grant :
1. Catherine Zeta-Jones (Zeta n'est pas une partie de son nom, mais son deuxième prénom ; son vrai nom est Catherine Jones, ce qui fait tout de suite moins exotique), qui est trois quarts galloise, un quart irlandaise :Suis-je un « Français au sang mêlé » ?
2. John Rhys-Davies, qui jouait l'Égyptien Sallah dans Indiana Jones 1 et 3. Il a fallu que l'on me dise, il y a deux ou trois ans, qu'il s'agissait du même acteur qui jouait le nain Gimli dans Le Seigneur des Anneaux. J'avais toujours cru qu'il s'agissait d'un acteur arabe :
Suis-je un « Français au sang mêlé » ?
3. Tom Jones (le chanteur, pas le dramaturge) :
Suis-je un « Français au sang mêlé » ?
4. Ryan Giggs, milieu gauche de Manchester United (photo prise dans sa jeunesse) :
Suis-je un « Français au sang mêlé » ?
Les Celtes, comme d'ailleurs les Latins, les Slaves et dans une moindre mesure les Germains, existent en tant que groupe linguistique, non ethnique. Des conquérants ont pu imposer leur langue à des peuples différents (Romains mi-nordiques/mi-méditerranéens imposant le latin aux Gaulois nordiques), ou au contraire adopter celle du peuple conquis (Francs se latinisant au contact des Gallo-Romains).
Le problème du modèle national en Europe est qu'il s'agit soit d'un modèle volontariste (anglo-saxon et français), où l'on choisit son appartenance à la nation, modèle qui mène à la fois au Charybde du multiculturalisme anglo-saxon et au Scylla de l'assimilationnisme français, soit du modèle allemand, principalement linguistique (le nationalisme allemand, de Fichte à Hitler, a été un nationalisme pan-germaniste, en dépit de la prétention des nazis à faire de l'Allemagne la « race aryenne », concept fortement critiqué par Grant).
Pour ceux qui lisent l'anglais, cet article que j'ai écrit évoque la nécessité d'inventer un nouveau nationalisme, avec une nation reposant sur les ethnies et les régions au lieu de les nier, et qui se soumette aux intérêts de la civilisation au lieu de la combattre.
Roman Bernard

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