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Eve (All about Eve)

Publié le 20 juillet 2013 par Cinephileamateur
Eve De : Joseph L. Mankiewicz.
Avec : Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders, Celeste Holm, Gary Merrill, Marilyn Monroe, Hugh Marlowe, Gregory Ratoff, Barbara Bates, Thelma Ritter...
Genre : Drame.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 10.
Date de sortie : 18 avril 1951.
Synopsis : Eve Harrington reçoit, des mains d'un vieil acteur, le Prix Sarah Siddons. L'entourage de celle-ci se souvient de son ascension.
Bande annonce originale
"Attachez vos ceintures, la nuit va être agitée !"
4.5
Eve
"Eve" de Joseph L. Mankiewicz... Le nom du réalisateur... Voilà tout ce que je savais au sujet de ce film avant de le découvrir. A peine si j'ai su deux jours avant ma séance qu'il y avais Bette Davis et Marilyn Monroe au casting, deux actrices mythiques dont je connais très mal leurs filmographies respectives... Pourquoi aller voir ce film alors ? Parce que dans le cadre d'une rétrospective Bette David à la Cinémathèque de Paris, ce film était diffusé en salles et qu'en tant que classique, ma curiosité m'a poussé à enfin le découvrir.
Et globalement, je n'ai pas été déçu. J'ai pas non plus été époustouflé mais j'ai beaucoup aimé ce scénario écrit par Joseph L. Mankiewicz. Ne rien savoir sur ce film avant ma projection à même été plutôt bénéfique je trouve car du coup, j'ai vraiment été surpris par cette histoire dont je n'ai jamais réellement deviné l'issue ou du moins l'ampleur puisque ce film commence par nous raconter sa fin. A la remise d'un trophée, on découvre une jeune fille récompensée par ses pairs et autour d'elle, son entourage se rappelle de son ascension quelques mois plus tôt.
Si l'histoire parait des plus simples, j'ai beaucoup aimé ce portrait cynique du théâtre des années 50 où tout est question de paraître, de relation et d'égo sur-dimensionné. Au milieu de tout ça, notre jeune Eve fait son apparition et comme un moineau dans une cage à fauves, on à tout de suite beaucoup de sympathie pour elle et la crainte qu'elle se fasse dévorer dans ce monde nombriliste ne fait que accroître notre sympathie pour ce personnage. Seulement voilà, le doute s'installe et comme le personnage de Margo, on est pris nous aussi d'une sorte de paranoïa.
Fondée ou non ? Je n'en dirais pas plus pour ne pas trop spolier (et j'espère déjà ne pas en avoir trop dit) mais j'ai beaucoup aimé cette histoire de faux semblants qui fait qu'on reste captivé jusqu'à la fin ne sachant jamais sur quel pied dansé. Mieux encore, c'est surtout après sa projection que ce film m'a plus travaillé. Sans avoir la claque pour autant comme je l'ai dit, j'y ait repensé après le générique de fin et le film qui d'un premier regard me paraissait peut être un peu simpliste voir même léger, m'a ainsi paru par la suite plus profond et plus complexe.
Il faut sans nul doute le replacer dans son époque mais c'est en tout cas une histoire que j'ai trouvé passionnante. Malgré ses quelques longueurs, je n'ai pas vu le temps passé et c'est un monde dont j'ignore tout que j'ai découvert avec ses qualités comme le cadre de vie, les privilèges, l'amour du public etc etc et ses défauts comme l’égocentrisme, l'hypocrisie, la manipulation etc etc. Dans un monde ni blanc ni noir mais bourré de nuances de gris, j'ai aussi bien aimé l'approche des médias et leur façon de façonner une star, de retourner une information à leur avantage ou encore de se placer dans ce système qui pourtant n'est pas le leur. Il y à aussi tout une thématique sur l'âge des comédiens au théâtre aussi, et particulièrement celui des femmes à qui l'on demande d'être de plus en plus jeunes et qu'on "relâche" ensuite brutalement lorsqu'elle n'y parvienne plus.
Si le film fonctionne, c'est quand même aussi en grande partie grâce à son casting qui est très bon à l'image d'une Bette Davis dont il me semble que c'est le premier film que je vois d'elle. En Margo Channing, cette dernière montre bien toute l'exubérance de l'actrice capable de se donner entièrement aux autres et tout d'un coup faire preuve d'une violence dans ses propos assez déconcertante. Bette Davis joue en tout cas très bien entre ses deux éléments. Du coup, même dans son plus mauvais jour, on à du mal à totalement la détester. Pourtant elle fait tout pour mais on à de l'empathie pour son personnage assez vulnérable au final qui à été façonné par l'amour qu'on lui porte. Sa façon de jouer la paranoia, proche de la folie parfois, m'as aussi beaucoup plu avec comme apogée la fameuse scène de réception chez elle où elle crache son venin sur qui veux bien le recevoir.
A côté d'elle, Anne Baxter en Eve Harrington fait un parfait alter égo. Plus sensible, presque trop dévoué, trop honnête, au début elle représente bien le spectateur que l'on peut être lorsque l'on se retrouve à côté d'une star que l'on admire. Prêt à tout pour elle, savourant chaque instant à ses côtés en sachant la chance que l'on à et ce que ça peut représenter. C'est ensuite sur l’ambiguïté et sur l’ascension de son personnage que cela devient intéressant. Avec le recul, je me dit que la fin me semble évidente, le film laisse quelques indices et pourtant, durant tout mon visionnage, je n'ai eu de cesse de me demander où je devais me positionner en étant touché par sa sympathie, sa naïveté et son innocence. Anne Baxter joue vraiment sur plusieurs tableaux elle aussi et nous livre une prestation incroyable en formant un excellent duo avec Bette Davis.
Entre ses deux femmes au caractère et à l’approche bien différente, on retrouve également Celeste Holm en Karen Richards. J'ai beaucoup aimé la fraicheur de son personnage. Je trouve qu'il forme un bon équilibre entre Bette Davis et Anne Baxter tout en assurant très bien la liaison. Sachant se mettre quand il le faut en retrait, Celeste Holm réussie à chaque fois à revenir sur le devant de la scène lorsque cela s'avère nécessaire. C'est aussi un personnage que j'ai beaucoup aimé en tout cas et que j'aurais bien aimé voir un peu plus d'ailleurs. Elle forme aussi un bon couple avec Hugh Marlowe en Llyod Richards qui est très bon aussi même si pour sa part, je l'ai trouvé un peu plus effacé dans le casting masculin.
Et puisque je parle du casting masculin, je peux aussi dire que j'ai bien aimé Gary Merrill dans la peau de Bill Sampson. Pourtant, lors de sa première apparition à l'écran, je l'ai trouvé tout de suite antipathique. J'ai pas aimé sa façon de se présenter, de se mettre en avant et je ne trouvais pas son personnage très franc mais son évolution est plutôt bonne. L'acteur réussi à briser l'étiquette que j'avais vite fait de mettre à son personnage et au final, j'ai eu une certaine tendresse pour lui car c'est peut être l'un des rôles les plus honnête. Je m'en suis presque voulu de l'avoir mal compris et de l'avoir catalogué trop vite tandis que Gary Merrill l'interprété de très bonne manière.
En revanche, on cerne vite le personnage de Addison De Witt et on se rend vite compte qu'on ne se trompe pas à son sujet. George Sanders l'incarne à merveille en tout cas. J'ai trouvé qu'il jouait parfaitement bien sur l’ambiguïté de son rôle et sur son côté manipulateur. Charismatique, il représente bien cet homme de l'ombre qui s'amuse à tirer sur les ficelles à son avantage sans jamais trop se faire attraper jusqu'à ce qu'il décide de jouer carte sur table comme lors de sa scène dans la chambre face à Anne Baxter que j'ai d'ailleurs trouvé très sombre à côté de la "légèreté" du long métrage. Le comédien interprété son personnage de bonne façon en tout cas que ce soit dans le timbre de sa voix regorgeant de cynisme ou dans sa gestuelle qui dévoile la manipulation qu'il exerce avec son statut.
Concernant le reste de la distribution, je n'ai pas grand chose de particulier à dire. Même si c'est très anecdotique, j'ai beaucoup aimé voir apparaître Marilyn Monroe en Claudia Caswell qui en quelques scènes irradie de sa présence. Totalement sous exploité dans ce film, c'est en tout cas un régal de la voir évoluer surtout que son personnage est assez drôle. J'ai bien aimé aussi Gregory Ratoff en Max Fabian. Cliché du producteur, on le voit très peu lui aussi mais il fait le job et on en attends pas moins de lui. Quand à Barbara Bates en Phoebe, bien qu'au générique elle apparaisse avant Marilyn Monroe (accentuant un peu plus sa sous exploitation cette dernière étant dans l'un de ses premiers rôles et n'ayant pas acquis encore son aura de star glamour), son personnage boucle bien la boucle de ce film nous montrant à quel point ce monde est au final assez vicieux même si lorsque l'on joue, on en connait les règles.
Premier long métrage que je vois de Joseph L. Mankiewicz, j'ai bien aimé le travail qu'il à fourni sur la mise en scène. J'ai pas en mémoire de scènes particulièrement frappante (si ce n'est peut être la scène de la chambre que je cite plus haut et que j'ai trouvé très sombre) mais sa mise en scène est assez agréable à suivre. Le cinéaste retranscris bien ce monde rempli de paillettes et très superficiel tout en lui donnant une âme qui nous permettent de bien voir la différence sur ses personnages lorsque le rideau est tombé.
Maitrisant son sujet, il y à bien quelques longueurs mais le film passe tout de même très vite et je n'ai pas eu la sensation qu'il y avait des scènes vraiment inutile. Les voix off en narration sont parfaitement bien utilisé de même que les différents décors que j'ai trouvé bien exploité. J'ai bien aimé aussi les différents costumes qui m'ont plongé dans ce cinéma des années 50 que je ne connais pas mais dont j'apprécie pourtant fortement le glamour et le charme que ses films dégage. Il y à un certain charme qui se dégage de ce film qui est très plaisant.
De même, bien que je n'y sois guère habitué (pourtant ça ne me dérange pas) et que la copie que j'ai vu n'était pas une copie restauré (malgré la qualité de l'image), j'ai trouvé que le noir et blanc était très beau. Il accentue aussi le charme que je ressens à travers cette œuvre dont la photographie et l'exploitation de la lumière m'a semblé bien ficelé. Quant à la bande originale composée par Alfred Newman, je l'ai bien aimé et colle bien avec ce genre de cinéma je trouve qui appuie beaucoup sur la théâtralité de son propos et le sur-jeu assumé de sa distribution. Il y à bien quelques violons que j'ai trouvé trop appuyés mais la musique reste quand même en parfaite adéquation avec ce film.
Pour résumer, je ne regrette absolument pas de m'être déplacer en salles pour enfin découvrir ce grand classique que peut être "Eve". Méritant amplement ses diverses récompenses cinématographiques, j'ai passé un excellent moment durant ma projection et le film n'a eu de cesse de se bonifier dans ma tête après le générique de fin. Je n'ai eu de cesse de lui trouver des qualités et j'ai même rehaussé quelques peu la note que je destinais à ce film. Plus complexe et profond que ce que son apparente légèreté peu laissé transparaître, je recommande en tout cas chaleureusement ce classique qui vaut le coup d’œil même si je pense que ça reste quand même le genre de film à voir de temps en temps sans en abuser. Un long métrage qui se savoure et qui à en tout cas amplement réussi à atteindre ce que j'attendais de lui.
Eve
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