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Pacific Rim, part au large

Publié le 21 juillet 2013 par Unionstreet

Pacific Rim, part au large

L’avis de Tiago

Quand il y a plus de 2 ans, Guillermo Del Toro a annoncé qu’il travaillait sur “Pacific Rim”, un film où les personnages principaux seraient des robots (les Jaegers), et des monstres géants (les Kaijus), mes yeux se sont illuminés comme jamais. Le pitch cristallisait mes rêves, des monstres géants sortant d’un portail marin pour attaquer l’humanité, détruire leur cause. Pour survivre, nous avons construit des robots à leur taille, pilotés par des humains à travers une connexion neuronale appelée “Drift” (ou “dérive”, en français, nous y reviendrons), une liaison totale entre la machine et l’esprit des deux pilotes. Il semblerait que pour ce film, Del Toro avait un calepin, une checklist où devait figurer tous les clichés des blockbusters américains. Je ne vous apprends rien en vous dévoilant que toutes les cases ont été cochées : un héros au grand coeur avec un lourd passé, une héroïne peu sûr d’elle qui tombe amoureuse du héros, un frère d’arme du héros narcissique qui le méprise, des scientifiques qui vomissent des formules mathématiques, un leader au charisme scintillant, j’en passe et des meilleures. Tous les clichés ont été invités à la fête et ils sont tous restés jusqu’au petit matin, gueule de bois et soleil levant.

Le film débute par une séquence mettant en place la situation des Kaijus. On retrouve très rapidement notre héros, Raleigh (Charlie Hunnam – l’homme abdominaux), accompagné de son frère pour une explication brève mais précise de cette technologie permettant d’utiliser ces robots gigantesques. La “dérive”, procédé de connexion entre les deux pilotes et la machine, ne peut être possible que si les deux pilotes sont compatibles. Ce procédé fusionnant les souvenirs, un haut degré de compatibilité est requit. Notre héros et son frère partent donc au combat, notre premier, dès les 10 premières minutes du film. Un bain de boulons explosés, de démembrement métalliques, de cris de taule, nos héros sont vaincus et Raleigh perd son frère dans la bataille. Ce dernier survit pendant des années ensuite, terré en Alaska, jusqu’à ce que Pentecost (Idris Elba) ne le retrouve pour l’ultime assaut contre les Kaijus. Tous les Jaegers se retrouvent dans un cyber Hong-Kong, dernier bastion de la lutte contre les Kaijus dans l’espoir de pouvoir atteindre le portail et de le fermer à jamais.

Pacific Rim, part au large
Guillermo Del Toro encore une fois à l’écriture, réalisation et production n’a plus à prouver son imagination sans fin. Même si celle-ci est mise à moindre contribution que sur ses chef d’oeuvres que sont “L’Echine du Diable” et “Le Labyrinthe de Pan”, ou du moins sans la finesse connue de ses précédentes oeuvres. Il créée ici un monde de catastrophes, où règne la pluie, le brouillard et l’eau, un monde de néons, de cassure, sombre et froid, terne mais beau. Toujours accompagné de son fidèle chef-of, Guillermo Navarro, avec qui il a déjà bravé les enfers et touché de près les étoiles, il s’est amusé à dépeindre ce monde où les gens vivent sous l’assaut des Kaijus. Des ruines, des nouveaux marchés, la contrebande de restes de Kaijus (gérée par le toujours parfait Ron Perlman), des refuges. Un soucis du détail hallucinant, chaque joint, chaque suspension, chaque boulon des Jaegers est en mouvement, l’action est le plus souvent ralentie pour en accentuer la superbe. Un travail incroyable a été réalisé sur la physique des robots, ils sont lourds, chaque coup porté est une masse de plusieurs tonnes qui s’abat sur la chair monstrueuse. La destruction d’un Jaeger par un Kaiju est d’ailleurs l’un des plus beaux exemples, ces bras qui s’arrachent emportant tous les câbles, ces millions de morceaux qui volent en éclat dans la mer. Guillermo nous gâte. Les Kaijus sont quand à eux en deçà des Jaegers, on s’étonne de ne pas voir plus de diversité, plus de folie dans leurs dessins et il ne nous laisse pas nous attacher à eux ni même d’être émerveillé par leur physique.

L’action est aussi parfois difficile à suivre, la plupart des combats se déroulant dans l’eau, sous des torrents de pluie, la nuit, dans un filet de brouillard, malgré les mouvements ralentis, la lecture sombre parfois dans l’obscurité de la prise.

Pacific Rim, part au large

« Pacific Rim« , c’est aussi un film qui connait ses pères, bourré de références disséminé un peu partout. On pense à « Godzilla » bien sûr pour l’inspiration gargantuesque, Evangelion pour la liaison homme-machine vs aliens (bien que la psychologie de ce dernier soit à des années lumières de supériorité),  »Patlabor« , j’en passe et des meilleures. Guillermo Del Toro noie aussi son univers dans celui des jeux-vidéos, les Kaijus sont fortement emprunts des colosses du traumatisant “Shadow of the Colossus”, la monstruosité gigantesque à son sommet. La ressemblance sur certains plans est même complètement flagrante, même jusque dans la mécanique des Jaegers. Lorsque Raleigh ramène seul son Jaeger après la mort de son frère, la chute de ce dernier sur la terre est pour moi un énorme clin d’oeil. Certains auront aussi reconnu la voix du système des Jaegers qui n’est autre que GLaDOS de « Portal« .

Pacific Rim est un film de détails, de mécanique précise huilée parfaitement. Mais si la technique est irréprochable, l’action l’est moins, les conditions météorologiques ajoutées brouillant notre vision de l’action, des dialogues écrits par des scouts, des personnages hollywoodiens, Guillermo Del Toro nous avait habitué à plus de finesse. A recommander pour qui a toujours rêvé d’une attaque de monstres venus de l’Océan, d’un retour de taule à coups de “Falcon Punch”, pour le scénario et la profondeur des personnages, passez votre chemin. Il n’arrive jamais à cristalliser la peur d’une fin du monde imminente, le suspens et l’oppression sont deux éléments qui n’existent pas dans ce monde, on survit ou disparaît le coeur léger, on ne s’attache pas. On est ici en plein dans le fan-service, le melting-pot de la mécha appréciation. Merci Guillermo Del Toro de m’avoir permis de fumer les cristaux de mon enfance.

L’avis de Nicolas

« Pacific Rim » était le film dont tous les superlatifs s’accordaient à le gratifier de chef d’oeuvre total, de spectacle immense pour un public mondial. Pour qualifier ma déception j’hésite également à utiliser des superlatifs à la manière d’un marketing mensonger et de blogueurs très peu recommandables pour qui « Pacific Rim » était une sorte de Noël avant l’heure. Comment pardonner à Guillermo Del Toro une telle chose ? Le monsieur qui doit tous mon respect depuis Le Labyrinthe de Pan est quelque peu surestimé. À part ses premiers films ses suivants ne méritent pas qu’il soit hissé à un tel niveau d’adoration. « Hellboy« , même le deux, ou « Blade 2 » ne sont pas vraiment des chef d’oeuvre, juste de plutôt bons films. Pire, ses productions ne sont plus aussi léchées qu’avant et 2013 aura vu naître l’horrible « Mama« .

Pacific Rim, part au large

Si je ne critiquerai pas l’aspect technique du film, assez grandiose il est vrai, je suis contraint de m’insurger contre les visuels horribles de ce film où tout est moche. Les effets spéciaux sont peut être beaux, mais les décors, les villes, cette obscurité sont autant de mauvais goûts que Guillermo Del Toro va nous infliger durant deux heures.
Malgré un scénario qui se veut très international, le film reste toujours très américain. Américains à la rescousse pour réussir une mission qui a vu se planter chinois et russes. On voit la subtilité. Les personnages (à 95% masculins) bodybuildés comme jamais assènent des répliques qui s’approchent d’un niveau « Transformers« . Guillermo Del Toro, Michael Bay même combat ? Force est de constater que pour ce film oui. La subtilité du réalisateur et sa maîtrise se sont envolées au profit d’un spectacle d’une débilité rare. L’exemple le plus consternant est sans doute ce duo de savants qui ravira sûrement les geeks de l’univers.

Le plantage au box-office de « Pacific Rim » nous épargnera cette règle hollywoodienne qui voit les suites déferler. Le dernier bon blockbuster reste donc Inception. Sorry Guillermo.

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