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Parti de Gauche, an 5...

Publié le 22 juillet 2013 par Sof

Parti de Gauche, an 5...Ces dernières semaines ont vu fleurir les notes de blog de militants ou ex-militants du PG visant à faire le point (là, là et là par exemple) sur une situation jugée inquiétante après l'étape majeure du Congrès de Bordeaux de cette année. N'ayant pas pu participer à ce Congrès, impliqué en tant que co-secrétaire de comité dans l'organisation du Parti et jugeant au mieux le débat interne "compliqué", je vais m'efforcer d'apporter également ma modeste vision de notre situation.

Ma vision est celle d'un militant citoyen-de gauche-ecologiste primo encarté réellement convaincu que la République citoyenne peut survenir et plus probablement en France qu'ailleurs en Europe. Je ne connais personne en particulier au PG, n'ai jamais été ni voté socialiste (du moins au premier tour).

Point de contexte d'abord.

Le PG a 4 ans et demi. C'est le plus jeune des partis en place avec le Parti Pirate. A comparaison, le PS (incluant la SFIO) date de 1905, le PCF de 1920 et l'UMP (issue du RPR) de 1976. Issu pour majorité des rangs du PS, le parti a vu 3 congrès entre élections, a réussi à faire élire une poignée d'élus sous ses couleurs et surtout un bouleversement de sa démographie par l'arrivée de beaucoup de jeunes jamais encartés et d'écologistes.

La stratégie des dirigeants du PG, lucide, a été dès l'origine celle de "je te tiens par la barbichette" avec les communistes alors au fond du gouffre. Stratégie d'intérêt pragmatique électoral et matériel (pour faire simple, le souffle programmatique du PG tire le PCF, la structure du PCF permet au PG de fonctionner politiquement). Nulle surprise donc que des tiraillements apparaissent une fois que les sièges des élus communistes se retrouvent en jeu. Nous avons toujours été plus proches programmatiquement des écologistes que des communistes et nous le savons. La question du PS ne se posait pas avant qu'il soit au pouvoir malgré les méfiances envers la blairisation de l’appareil de la rue de Solférino. La question du FN non plus, accaparés que nous étions dans la résistance à la destruction sarkozyste du pays. Depuis mai 2012 une toute nouvelle séquence s'est ouverte qui oblige à une nouvelle stratégie, mais avec la grande force de disposer d'un logiciel (et d'un programme) que chacun au PG assume comme le plus abouti de l'offre politique. Le problème ne vient donc pas des idées et du programme que nous pouvons réutiliser à chaque élection sans avoir à faire le travail idéologique qui pose tant de problème au Parti Socialiste. C'est une force.

Le PG a 12000 adhérents (on parle de 13000) et semble en état de marche malgré un centralisme parisien mauvais genre et la vision d'être l'écurie de M. Melenchon qui peut exister en interne. Nous sommes victimes de tirs de barrage incessants depuis la campagne présidentielle a proportion de la dédiabolisation du FN. Il ne faut pas nous en plaindre mais adapter notre stratégie en conséquence. Les heurs d'organisation, la difficulté à progresser dans les élections intermédiaires ne doivent pas nous accaparer. C'est normal même si c'est difficile.

Point psychologique ensuite

Le cœur du problème selon moi vient de notre statut de parti sans élus (encore plus flagrant depuis le départ de Marc Dolez). Nous touchons ici à l'essence de la politique, ce qui peut se constater de tous temps pour tout parti: statut des écologistes à partir de 2010 après leurs succès électoraux, apparition ex-nihilo du Nouveau Centre,.... Que ce soit pour les médias, pour les électeurs ou pour la formation interne, un parti n'existe que s'il a des élus. Nous touchons donc au nœud gordien: comment exister sans élus, comment avoir des élus sans s'allier au Parti Socialiste? D'où l'insistance sur la 6° République (qui n'est pas un sujet périphérique mais central contrairement à ce qu'avancent certains en interne ou au FDG) pour trancher ce nœud lié aux institutions de la 5°. La faute de JL Melenchon a peut-être été de penser qu'en imposant une Constituante par le pari de l'échec des socialistes nous sauterons l'obstacle. Or comment parler d'institution quand tout le système a intérêt à le voir perdurer et que les électeurs sont englués dans le chômage?

Reste que le semi-psychodrame actuel est pour moi directement lié à cette situation qui de fait nous échappe qu'on le veuille ou non. Nous devons accepter de dépendre de décisions externes qui déverrouilleront la situation. Ce n'est pas dans le tempérament de nos représentants politiques, plutôt empreints de supériorité comme beaucoup de militants, mais c'est une donnée à intégrer dans notre stratégie. L'affaire Cahuzac a créé une forte brèche qui a été mal exploitée en partie par la récupération parlementaire des suites à donner. En matière d'étouffement Hollandréou sait y faire et sur ce coup là a mieux manœuvré.

Point stratégique enfin.

Une fois ceci établi, que faire? Premièrement garder son sang froid en attendant d'avoir des élus pour appliquer la "Gauche par l'exemple". Assumons notre statut d'outsiders et notre dépendance aux évènements politiques tout en occupant le terrain médiatique. Gardons nos nerfs face aux attaques de la frange "canal historique" du PCF (Chassaigne) en pariant sur la prime au collectif dans des listes Front de Gauche. Le perdant est toujours celui qui s'en échappe, même si cela lui permet de gagner des élus. Le discrédit est aujourd'hui trop grand et le poins de l'abstention oblige à relativiser toute élection. Sur ce point le parti a eu tort de minimiser la portée des municipales (dans une tentative d'anticiper un possible échec et les difficultés avec le PCF) car se sont ces scrutins qui apporteront des élus de base qui gagneront l'expérience et la formation politique. En ce sens, chaque militant du PG devrait participer à une liste, quelle que soit son implication.

Ensuite nous devons tisser des liens beaucoup plus forts avec les écologistes et les plus radicaux d'entre eux (Placé, Mamère, Durand) pour faciliter un rapprochement qui leur sera difficile. La majorité alternative, formidable concept proposé par le PG, dépend des écologistes principalement. Des liens existent, non seulement chez les militants des deux formations mais aussi chez les dirigeants (dont le premier d'entre eux, Pascal Durand). Le départ programmé des écologistes du gouvernement doit être particulièrement préparé de notre côté pour donner toutes les raisons de travailler étroitement avec nous une fois sortis de la solidarité gouvernementale. Ils savent qu'ils se sont trompés en participant à la mascarade solférinienne et nous serons alors en position de force. Un échec est toujours difficile à assumer pour une formation politique et nous devons leur donner toutes les raisons de ne pas nous craindre et d'assumer notre proximité. Cela s'applique du comité local aux appareils. Il aurait été souhaitable par exemple que des invitation soient envoyées à quelques représentants d'EELV pour les Remue-Méninge du mois d'aout.

Une fois les écologistes sortis du gouvernement le château s'écroulera, les solfériniens ne pouvant rester seuls seront contraints de se rapprocher du centre, probablement du Modem qui est bien moins dangereux que la formation de Jean-Louis Borloo. Ce recentrage serait le motif à la gauche socialiste pour faire scission. Après cela tout est possible.


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