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Un numéro de téléphone pour l’Europe

Publié le 31 juillet 2013 par Radicallibre77

Retrouvez la Tribune du Président du PRG, Jean-Michel Baylet et de Béatrice Patrie, Secrétaire nationale à l’Europe, parue dans le Nouvel Observateur du 25 juillet 2013.

Chaque jour des voix s’élèvent pour prédire, voire souhaiter l’éclatement de la zone euro. Cependant, les euro-sceptiques sont bien en peine de dire qui serait gagnant dans pareil scénario. Menacée sans cesse de disparition, la zone euro n’a d’autre voie que de renforcer son intégration en démontrant une solidarité sans faille face aux menaces des marchés financiers et des politiques agressives des pays émergents.

Si la solidarité avait été de mise en 2008, si la Banque Centrale Européenne et les Etats membres n’avaient pas laissé les marchés financiers spéculer sur l’implosion de la zone euro et avaient affirmé que les dettes publiques de l’ensemble des pays membres étaient garanties, la crise n’aurait certainement pas contaminé ainsi l’Europe. A cet égard, la mutualisation des dettes souveraines, grâce à ces fameux emprunts obligataires, les “eurobonds”, constitue un mécanisme efficace qu’il devient urgent de créer.

L’euro doit surtout remédier à son défaut de naissance, cette vision conservatrice  se traduisant par une conception étroite d’une monnaie détachée de l’économie réelle et de l’action des Etats, parfaitement incarnée par la Banque Centrale Européenne, seul organe fédéral dans une Europe qui ne connaît ni le fédéralisme budgétaire ni le fédéralisme économique. Laisser l’Allemagne imposer son modèle de compétitivité, fondé sur l’austérité, sur la compression des coûts salariaux et une grande mansuétude à l’égard des délocalisations d’entreprises a non seulement accentué les déséquilibres territoriaux entre le nord et le sud, mais également fragilisé l’économie des Etats et mis en péril le modèle social européen.

Tirer la leçon de ces erreurs implique de convaincre la chancelière allemande d’adopter une vision plus solidaire et d’accepter d’adosser l’euro à des mécanismes de coopération et de transfert assurant une stabilité de la monnaie et  une plus grande convergence économique entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud grâce une politique de relance, basée, notamment, sur la transition énergétique.

Le fédéralisme monétaire implique une forme de fédéralisme budgétaire, appuyé sur un gouvernement économique de la zone euro. La création d’un budget européen, certes intégré dans le budget communautaire, mais bénéficiant de ressources propres et de son autonomie d’intervention, ainsi que l’harmonisation fiscale ne doivent plus être des objectifs toujours remis à demain. L’intérêt de la zone euro impose que l’Allemagne, l’Irlande, et les pays de l’Europe centrale et orientale renoncent à leur stratégie de dumping fiscal qui tire l’Europe sociale vers le bas, et admettent que la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale constitue un but commun.

Henry KISSINGER avait eu cette phrase piquante : “L’Europe, quel numéro de téléphone ?”. Aujourd’hui, soyons en mesure de lui répondre : la fédération des pays de la zone euro, un numéro de téléphone pour l’Europe.


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