Mud, sur les rives du Mississipi // De Jeff Nichols. Avec Matthew McConaughey et Tye Sheridan.
Après le brillant Take Shelter (qui reste l'un de mes meilleurs souvenirs cinéma de l'année dernière), Jeff Nichols revient avec Mud, un film
bouleversant oscillant entre l'enfance, l'amour et des décors somptueux. Mud est un film poétique qui rappellera à certains un côté Steven Spielberg dans ses
meilleures années (bien que le sujet ne soit pas le même, Mud m'a fait un peu penser à E.T). Jeff Nichols ne cherche pas pour autant à rendre
hommage à Spielberg mais se construire un univers teinté d'une bien belle petite histoire charismatique soutenue par un casting surprenant. Notamment de la part des enfants que
j'ai trouvé convaincant et touchant. Mais l'on peut également parler de la prestation de sans faute de Matthew McConaughey qui depuis quelques années enchaîne les beaux et bons
rôles au cinéma (de Magic Mike - qui a divisé je sais mais qui est pour moi l'un des meilleurs films de l'année dernière - à Paperboy - qui a également divisé
mais pas sur la prestation de l'acteur). Il faut dire que la carrière de l'acteur en avait bien besoin pour celui qui enchaînait les navets tel Hanté par ses Ex.
Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue
et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes
entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du
faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur
petite ville de l’Arkansas ?
L'aventure que noirs raconte Mud nous emporte assez facilement de par l'ampleur du récit. Il y a tellement de détails que le scénario prend le temps de nous développer (j'ai
notamment beaucoup aimé la place de Juniper (incarnée par Reese Witherspoon) qui ne minaude pas un rôle qui aurait pourtant pu rapidement tourner au vinaigre. L'histoire d'amour
que ce petit film d'aventure nous raconte a l'ampleur suffisant d'un grand film. Les personnages secondaires sont si intéressants et délivrent par moment des scènes assez surprenantes et ce
malgré leur simplicité (la scène de face à face entre Mary Lee, Ellis et son père par exemple ou encore le face à face entre Ellis et Mud à la fin du film alors qu'il se rend
compte qu'il s'est fait berner depuis le début). On peut tout de suite se sentir impliqué dans le film quand le jeu d'aventures que celui-ci nous raconte parvient à devenir de plus en plus
passionnant. Les trouvailles font de cette histoire une vraie belle et bonne idée.
Jeff Nichols filme ça avec une certaine candeur ne cherchant pas à tromper l'innocence d'Ellis et de Neckbone. C'est aussi un élément qui me ramène à Spielberg
(ou encore à Super 8 de J.J Abrams, vivement critiqué à tord à mon humble avis). Mud n'est pas présenté au premier abord comme un grand film et
pourtant il surprend durant toute la longueur. Il n'est pas exempt de défauts notamment vis-à-vis du fait qu'il ne cesse de mettre en valeur les sentiments qu'il dépeint. Cela peut devenir assez
impétueux de sa part mais l'on peut malgré tout saluer son envie de faire de Mud un film singulier de par son mélange de classique du cinéma et de film mainstream. C'est réussi
et l'on a envie d'en voir plus tout au long de celui-ci. Je me demande maintenant ce que Jeff Nichols a encore en réserve car plus il filme et plus il nous prouve qu'il est un
très bon metteur en scène.
Note : 8.5/10. En bref, Mud est beau, fascinant et a tout d'un grand classique.