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La liberté est bonne pour vous, c'est prouvé !

Publié le 06 août 2013 par Copeau @Contrepoints

De nombreuses études scientifiques montrent que la liberté économique a beaucoup d’avantages (mais elle fait grossir).

Par Ronald Bailey

La liberté est bonne pour vous, c'est prouvé !
La liberté économique est, comme le dirait Martha Stewart [1], une bonne chose. Je ne dis pas cela seulement parce que je suis libéral : j'ai la science de mon côté.

Dans une récente étude publiée dans Contemporary Economic Policy, deux des auteurs de l’indice de liberté économique ont cherché à savoir comment les autres chercheurs utilisaient leur travail. Ainsi, les économistes Joshua Hall (West Virginia University) et Robert Lawson (Southern Methodist University) ont recensé 402 articles universitaires qui utilisaient certains aspects de l'indice publié par le Fraser Institute chaque année depuis 1996 [2]. L'institut définit la liberté économique comme « la mesure de votre capacité à poursuivre une activité économique sans ingérence de l’État, tant que vos actions ne violent pas les droits identiques des autres. » Comme Hall et Lawson le remarquent, l'indice de liberté économique est « dans la tradition libérale classique qui souligne l'importance de la propriété privée, de l’État de droit, du libre-échange, d’une monnaie saine et d’un rôle limité pour l’État. »

Une fois que Hall et Lawson ont identifié les articles citant l'indice, ils ont réduit la liste aux 198 qui l’utilisaient comme une variable de fond dans leurs analyses, généralement en essayant de corréler la liberté économique avec un autre résultat, comme la croissance économique, le niveau de revenu, la productivité, la pauvreté, les inégalités, et ainsi de suite. Sur la base des relations identifiées dans chaque étude, Hall et Lawson ont classé les résultats obtenus dans les articles en trois types : bons, mauvais et mitigés.

Un exemple de bon résultat serait par exemple une étude publiée en 2008 dans le Journal of Economic Behavior and Organization qui constatait que « les sociétés s'appuyant sur les libertés économiques individuelles pour promouvoir le bien-être des femmes ont eu plus de succès que les sociétés s'appuyant sur plus de droits politiques. » Un autre exemple serait l'analyse menée en 2007 par des chercheurs autrichiens de l’Institute for Advanced Studies de Vienne montrant qu’« une liberté économique élevée est associée à de faibles écarts salariaux entre les hommes et les femmes. »

En ce qui concerne les effets de la liberté économique sur le bien-être des enfants, une étude de 2006 publiée dans le Journal of International Trade & Development a établi une corrélation entre la proportion d’enfants travaillant et les indices d'ouverture commerciale. L'article montrait que de 1960 à 2000, « le pourcentage d'enfants au travail a baissé en moyenne de 3 points par décennie, tandis que l'ouverture commerciale a augmenté en moyenne de 6 à 7 points de pourcentage. » Une troisième étude, publiée dans Contemporary Economic Policy en 2008 constatait que la liberté économique était corrélée positivement avec la protection des espèces en voie d’extinction. Des droits de propriété mal définis, par exemple, sont liés avec le type de déforestation qui menace l'habitat naturel de nombreuses espèces menacées.

La liberté économique n’est pas parfaite pour autant. En 2007, deux économistes de la Lund University ont expliqué dans le Journal of Economic Literature que des niveaux élevés de liberté économique étaient associés à de plus grandes inégalités des revenus. En particulier, ils ont constaté qu’une « plus grande liberté économique était associée à un accroissement des inégalités, et que cela provenait probablement de déréglementations et d'une augmentation de l'ouverture commerciale. »

Une autre étude trouvant un mauvais résultat a été publiée dans l’Annual Review of Public Health en 2008. Elle montrait que la liberté économique avait contribué à l'augmentation de l’obésité en faisant baisser les prix des produits alimentaires, en donnant de l'autonomie aux femmes pour rejoindre le marché du travail, et en mettant moins de barrières à l'entrée pour les nouvelles entreprises vendant de la nourriture sur le marché. De même, une étude menée en 2003 dans le Journal of Economic Perspectives a montré que les personnes vivant dans les pays développés « où il y a un contrôle des prix, il y a beaucoup moins obèses que dans les pays sans contrôle des prix. » En d'autres termes, la liberté tend à rendre les gens gras. Une recette sociopolitique pour réduire l'obésité serait de contrôler les prix, de forcer les femmes à rester à la maison et d'imposer des règlementations qui limitent la création de nouvelles entreprises.

Une fois le tri des 198 articles pertinents achevé, Hall et Lawson ont constaté que les deux tiers d’entre eux (134 articles) mettaient en évidence une corrélation entre de bons résultats et le niveau de liberté économique. Dans 28% (56 articles), la corrélation était obtenue avec des résultats mitigés, et dans seulement 4% (8 articles) avec des mauvais résultats. Hall et Lawson en concluent que la balance du bilan de la liberté économique penche nettement du côté des nombreux résultats positifs avec presqu’aucune conséquence négative.

Dans ce cas, voici une autre bonne nouvelle : selon le dernier indice de liberté économique, la « liberté économique moyenne est passée de 5,30 (sur 10) en 1980 à 6,88 en 2007. Il a ensuite baissé pendant deux années consécutives, atteignant 6,79 en 2009, mais a ensuite légèrement augmenté à 6,83 en 2010, dernière année connue. »

De manière moins heureuse, les États-Unis ont chuté de 8,65 en 2000 à 8,21 en 2005 et 7,70 en 2010. Après avoir été longtemps la troisième économie la plus libre du classement, les États-Unis occupent maintenant le 18ème rang. Cette baisse dans l'indice provoque la pensée cynique que peut-être comme notre liberté diminue, notre tour de taille en fera-t-il de même.

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Article d'origine publié en anglais dans le numéro de août/septembre de la revue Reason.

Notes :

  1. NdT : Personnalité de la télévision américaine.
  2. NdT : Il s’agit d’une co-publication avec le Cato Institute.

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