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Des Salauds qui nous paument et nous envoutent en même temps...

Par Filou49 @blog_bazart
08 août 2013

Les-Salauds-Lola-Creton-640x420Hier, je vous ai parlé des 3 films qui me branchaient le plus pendant les trois premières semaines d'aout. Mais ce que j'avais omis de vous dire (ah quel filou, ce filou!) c'est qu'au moment de la publication de ce billet, j'avais déjà vu un de ces films en question,  le premier de ma liste, à savoir Les salauds, qui est sorti en salles hier, mercredi 7 août.

En effet, dimanche soir dernier, à peine revenu d'un petit séjour balnéaire de 4 jours, et laissant mes enfants et ma campagne  profite rquelques jours de plus de la mer et du soleil, je suis allé m'enfermer dans une des salles de l'UGC Astoria qui présentait quelques jours avant sa sortie, le tout dernier film de Claire Denis.

Un film d'auteur reconnu,  présenté en sélection Un Certain Regard du 66ème festival de Cannes,  qui sort en plein mois d'aout ,complétement  noyé sous les -très- gros films américains, c'est un pari assez risqué pour le film et ca ne présage pas forcément du bon, d'autant plus que le film a connu à Cannes un acceuil vraiment tièdasse, en comparaison des précédents films de son auteur qui ont toujours su plaire à une grande partie de la presse parisienne branchée, des Inrocks à Libération en passant par Télérama.

Personnellement, je ne partage pas forcément leurs avis: en effet, le cinéma de Claire Denis-à part ses premiers films, "Chocolat" ou "J'ai pas sommeil" que j'avais trouvé  très forts et trés aboutis- m'a toujours laissé un peu dubitatif: j'appréciais l'audace formelle et le coté trés charnel de la mise en scène, mais en même temps,le manque d'épaisseur dans le scénario ( notamment dans Beau Travail ou Vendredi Soir) et la radicalité de l'ensemble  me rendait un peu hermétique à ses longs métrages.

J'étais donc curieux de voir si ces salauds allaient plus me convenir vu les différentes réactions engrangées ci et là...Et je dois dire à l'arrivée qu'une nouvelle fois que si je n'ai pas été totalement emporté par son cinéma, les qualités indéniables que je reconnais à cette oeuvre auraient tendance à faire pencher la balance plutôt du bon coté.
Le film commence de façon très forte avec des images belles et violentes qui impriment fortement la rétine: un homme ( le génial Laurent Grévill, bien rop rare au cinéma, et ici réduit à une présence fantomatique et assez facinantes de 50 secondes)  visiblement au bord du gouffre, et qui regarde d'un peu trop près la fenêtre de son appartement( plutot son usine... puis juste apres, une autre scène  choc :  une adolescente (la fille de l'homme en question , mais on ne fera le lien plus tard) ,totalement dévetue dans les rues de Paris, du sang lui coulant sur la jambe, probablement victime d’abus sexuels.

En résumé, on a donc  une famille de bourgeois parisien en plein marasme, et une personne, l'oncle de la jeune fille en question,  Marco, commandant en chef d'un supertanker appelé par sa soeur pour mener l’enquête  et dénicher les responsables d’un tel crime, responsable qui pourrait très bien être  l’homme d’affaire Edouard Laporte , dont la jeune maitresse ( Chiara Mastrioanni) pourrait bien bouleverser les plans de vengeance de Marco...


Des Salauds qui nous paument et nous envoutent en même temps...

 Décrite de cette manière, l'intrigue pourrait ressembler à celle de pas mal de polars classiques, sauf qu'ici, on est chez Claire Denis, et que du coup, il faut oublier toute linéarité dans l''histoire: pour apprécier Les salauds, il faut accepter n'avoir que peu d'emprise sur l'histoire et  de repartir avec pas mal de zones d'ombres à l'arrivée.

Ce qui compte vraiment pour la cinéaste, ce n'est pas la résolution de l'histoire, mais la façon dont celle ci nous amène dans un climat oppressant, profondément mystérieux. Un univers construit d'appartements peu clairs, de musique lancinante (composée par les fidèles Tindersticks) de comédiens qui jouent beaucoup plus avec leurs corps qu'avec la voix (avec un Vincent Lindon fidèle à lui même, c'est à dire impressionnant de présence virile et quasi mutique) et d'une caméra sans cesse en mouvement, le tout imprimant un tempo assez singulier au film.

Le film est une sorte de puzzle, qu'on ne recollera qu'à la toute fin, et dont il manquera d'ailleurs quelques morceaux plus ou moins importants,certaines scènes ne donant pas les explications attendues à la fin...c'est peut-être de cela que vient la -relative- déception de ces salauds..le principe du film puzzle implique souvent une mécanique très brillante une fois que tout est remis en place, et ici, la fin  ne débouchera pas sur des retournements de situation et des rebondissements qu'on aurait pu attendre.

Mais, en même temps la fin peut quand même surprendre-pas forcément agréablement- par sa noirceur totale: aucune éclaircie finale ne viendra tempérer le coté sombre du film, bien au contraire, à la fin du film on se rend compte que les victimes également sont à ranger du coté des salauds...

A la sortie de l'UGC Astoria dimanche soir, mon impression fut d'abord plutôt négative: j'aurais aimé plus de rigueur dans l'écriture, plus de profondeur dans les personnages, et sans doute aussi plus d'empathie avec eux....

Quelques jours après sa vision, j'ai revu à la hausse mes impressions à chaud, tant je garde profondément ancré en moi cette ambiance si particulière, et tant finalement, le film ne ressemble à rien d'autre de connu...à part peut-être un autre film de Claire Denis (d'ailleurs on y  retrouve dans Ces salauds tout un tas de ces comédiens fétiches,  d'Alex Descas à Grégoire Collin; seul Miossec, particulièrement mauvais n'a rien à faire là)...

Bref, un film qui ne plaira certes pas à tout le monde, loin de là mais qui ne laissera assurément personne indifférent...Et comme dirait la personnalité préférée des français, tout mais pas l'indifférence, vous n'êtes pas d'accord?

Les Salauds - Bande annonce VF


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