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Foulard à l’université : à qui profite la polémique ?

Publié le 09 août 2013 par Ncadene
- En plein été, certains médias ont diffusé un « avis » qui n’en est pas un. Un avis émanant d’une instance, l’ancienne mission laïcité du HCI, qui n’est plus en fonction et qui n’engage personne d’autre que ses anciens membres. - On ne peut que s’étonner de la présentation de ce rapport qui est présenté comme issu d’un organisme toujours en place. - Ce document avait été transmis de façon informelle à l’Observatoire de la laïcité en avril dernier mais les membres du HCI n’étaient plus en fonction depuis le mois de septembre 2012. L’ancienne mission laïcité du HCI ne l’a jamais remise au Premier ministre. Enfin, son « rapport » s’appuie sur des constats très différents de ceux émanant de la « conférence des présidents d’universités » (CPU) et des administrations. - Alors, pourquoi la soudaine apparition de ce « rapport » ?  - La question du foulard à l’université n’est pas à ce stade à l’ordre du jour de l’Observatoire de la laïcité. - Comme le rappelle le ministre de l’Intérieur, cet « avis » émet d’autres propositions, dont certaines ont déjà été évoquées lors des séances de l’Observatoire de la laïcité. Mais la seule qui a retenu l’attention est bien sûr la plus porteuse polémique. - Et aujourd’hui, selon un schéma bien rodé, sort donc le « sondage », bien entendu très largement relayé par les médias, indiquant que 78% des Français « sont opposés au port du voile ou du foulard islamique dans les salles de cours des universités ». - Quand certaines photos de journaux montrent à l’appui de cette enquête une photo d’un voile intégral, on s’interroge sur sa pertinence. Combien de Français savent que l’on parle du foulard (celui qui cache les cheveux) et non du voile intégral, déjà interdit dans les universités ? - L’ensemble des enjeux a-t-il été correctement exposé aux sondés? Leur a-t-on rappelé la position de la CPU ? Leur a-t-on indiqué les remontées des services qui, de leur côté, ne constatent aucune aggravation, comme l’a rappelé la ministre de l’Enseignement supérieur ? Surtout, la laïcité n’a évidemment pas vocation à juger des religions de chacun et ne doit pas mettre à mal les libertés individuelles. Se sentir gêné, pour certains, par telles ou telles pratiques religieuses, ou même y être opposé, ne signifie pas que l’on doive les interdire, dès lors qu’elles respectent le cadre républicain. - La laïcité, c’est la garantie donnée à chacun de croire ou de ne pas croire et de pouvoir l’exprimer dans la limite de l’ordre public et des libertés de chacun. C’est une loi de liberté et non d’interdiction générale. - Nous l’avons rappelé dans le point d’étape de l’Observatoire de la laïcité en juin dernier : « La laïcité est une notion complexe et finalement assez méconnue de nos concitoyens, des responsables d’entreprises et même parfois des élus. Ce constat devrait nécessiter la plus grande vigilance dans le traitement médiatique de tous les sujets ou « faits divers » touchant au principe de laïcité. » - L’Observatoire de la laïcité n’occultera aucun sujet qui concerne la laïcité. Il n’occultera aucune atteinte à la laïcité. Mais il ne se prêtera à aucune surenchère ni surinterprétation. - Nous mènerons des études quantitatives et qualitatives, en lien étroit avec les services des administrations, les entreprises et les partenaires sociaux pour dresser un état des lieux aussi objectif, complet et impartial que possible. - - Jean-Louis Bianco Nicolas Cadène -

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