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La zona, propriété privée

Par Rob Gordon
Toutes proportions gardées, c'est le succès surprise du moment. Forcément, c'est relatif, puisque La zona a enregistré 190 fois moins de spectateurs que Bienvenue chez les ch'tis. On fait ce qu'on peut. Plus sérieusement, on comprend pourquoi le film de Rodrigo Plá a trouvé son public : il s'agit d'un premier film très maîtrisé, entre drame et thriller, une sorte de Chiens de paille version soft qui ne néglige ni son histoire ni un propos déjà entendu mais plutôt bien vu.
La zona, c'est un quartier résidentiel réservé à un milieu assez huppé, protégé des agressions du monde extérieur mais des remparts, des agents de sécurité et un système de vidéo-surveillance. Le paradis du bourgeois, en somme, sauf quand trois petites frappent y pénètrent et tuent (accidentellement ?) une résidente. Et là, comme quoi les riches sont aussi cons que les pauvres, les habitants vont décider de faire justice eux-mêmes au lieu d'appeler la police, et de traquer sans relâche ces trois petits jeunes pour leur faire passer un mauvais quart d'heure. D'où une scission en deux clans : d'une part ceux qui se prennent pour Charles Bronson, de l'autre des bien pensants révoltés de voir que la loi du talion n'est pas démodée. C'est l'occasion pour Plá de lancer un débat forcément manichéen sur les droits et devoirs des citoyens et sur les moyens à employer pour assurer la sécurité des siens. La réflexion manque un peu de finesse et de nouveauté, mais ne fait heureusement qu'une partie de l'intérêt d'un film qui ne néglige pas son petit côté thriller assez bien troussé.
Jusqu'au bout ou presque, l'avenir des trois mecs transformés en gibier humain est incertain, et c'est ce suspense bien fichu (tant dans la mise en scène que l'écriture) qui fait tout le sel du film. Jusqu'à une conclusion un peu trop évidente (l'homme est une saloperie d'animal, et ce quel que soit son milieu), heureusement contrebalancée par une dernière scène émouvante et contenue, qui montre une nouvelle fois que le jeune Plá est plus doué pour raconter et illustrer que pour faire le sociologue.
6/10

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