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Les Tours de Bois-Maury : âpre Moyen-âge

Par Amaury Piedfer
Le Moyen-âge a inspiré, plus que tout autre époque historique, un très grand nombre de bandes dessinées, plus ou moins réussies. Le Belge Hermann Huppen a élaboré un chef-d'oeuvre du genre, livrant une vision très tranchée de l'époque médiévale : Les Tours de Bois-Maury, série éditée par Glénat.
Nous sommes loin ici, malgré l'identité du principal protagoniste, le chevalier Aymar de Bois-Maury, d'un Moyen-âge qui serait uniquement chevaleresque et épique : c'est le réalisme qui prime, un réalisme rude qui n'omet pas d'évoquer la brutalité, bien réelle, de moeurs de ce temps, la grande misère de la plupart des gens qui vivaient de la terre, les guerres intestines entre seigneurs et princes. Le scénario nous plonge au début du XIIème siècle, quelque part en France, dans les pas d'un petit chevalier sans seigneurie et sans terre, mais qui cherche, avec son écuyer Olivier, à entreprendre la reconquête du château de ses ancêtres. Au cours de ses aventures, Aymar et Olivier croisent des personnages qui ne sont pas tous des héros, au destin parfois tragique, telle la Babette du premier épisode. La cruauté n'épargne pas les hommes, mêmes ceux qui sont dignes, même ceux dont la valeur les hisse au-dessus du tout-venant.Et pourtant, on lutte, on résiste, on se bat, car c'est la loi de la vie. Contre les plus puissants que soi, contre les rivaux, contre une nature qui n'est pas encore domestiquée. Et parfois, on tente l'impossible. C'est ainsi qu'Aymar tente l'aventure de la Croisade, dans ce pays dont il ignore à peu près tout mais où il espère acquérir, outre le salut de son âme, richesses et autorité. Une fresque saisissante, servie par un dessin d'excellente facture, dont les décors sont réalisés avec minutie ; c'est surtout dans l'expression des sentiments et des souffrances des personnages que l'auteur mérite les honneurs. Des traits réalistes, conçus explicitement pour manifester la rudesse de la vie des hommes de ce temps : stigmates de maladies, cicatrices, visages vieillis avant l'âge, rappellent que nos ancêtres de ce temps subissaient ce que nous ne supporterions plus. Les Tours de Bois-Maury ne sont pourtant pas non plus un manifeste dépeignant un Moyen-âge uniquement sombre et barbare : il s'agit plus froidement de situer l'action dans un cadre conforme à ce qu'était la vie dans les sociétés pré-industrielles.
L'ensemble est donc plutôt réussi, on se laisse facilement prendre dans le feu de l'action, et le réalisme extrême accentue encore la fascination du lecteur pour des personnages qui paraissent à la fois très proches, par leur culture française et leurs sentiments, et très éloignés par la rigueur de leur condition (toutes catégories sociales confondues) et leurs comportements brutaux.La série à proprement parler comporte dix épisodes, édités de 1985 à 1944, portant chacun le nom d'un personnage rencontré par Aymar de Bois-Maury. Trois titres la complètent, dont le dernier à ce jour fut publié en 2006 ; ils narrent les faits et gestes des descendants du chevalier, à travers la Terre Sainte et la France....

Le 13ème volet de la série, qui met en scène les descendant de Aymar de Bois-Maury.


Le site officiel de l'auteur vous donnera quelques éléments supplémentaires sur la série.
Arthur L.

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