- The boys are back in town
Même quand le duo d'acteurs Simon Pegg/Nick Frost commettait une petite infidélité au réalisateur et tournait dans Paul de Greg Mottola, le résultat réservait son lot de surprises euphoriques (Kristen Wiig !). Alors c'est dire si la réunion du réalisateur et des acteurs fétiches pour le dernier volet de leur trilogie personnelle était attendue…
Sous le prétexte de retrouvailles d'une fratrie d'anciens jeunes courant après leur passé, Edgar Wright pose doucement ses pions, instaure son climat de douce folie. Simon Pegg incarne un personnage certes décalé, mais c'est aussi à ce jour son plus antipathique, impressionnant dans sa détermination imbécile à vouloir terminer le tour des 12 pubs de la ville. Et après avoir persuadé ses anciens amis de réitérer cet exploit, les masques tombent. Sous l'apparente candeur de chacun se cachent quelques petits secrets de la vie d'adulte, des concessions faites ou des regrets toujours vivaces, et chacun revient sur le chemin parcouru depuis l'abandon des rêves d'adolescence - ou pas, dans le cas de Simon Pegg et de son alter-ego désaxé, Gary King. Comme dans beaucoup de teen-movies dont la pierre angulaire est ce fameux 'prom night' déjà mélancolique où convergent toutes les problématiques existentielles, les lads de Newton Haven ont une soirée pour tout changer (au cours d'une pause dans un bar, on entend d'ailleurs le "Do you remember the first time?" de Pulp en fond sonore). Le dernier baroud d'honneur emplie de nostalgie ne sera pas de tout repos, car l'élément perturbateur s'imposant à eux aura de sévères conséquences sur la vie de chacun.
- Jusqu'au bout du monde
Dans ce casting exclusivement mâle, une petite surprise bien anglaise : Rosamund Pike, actrice maudite que l'on soutient férocement dans ces lignes. Révélée au grand public en 2002 dans le dernier et pire chapitre des James Bond version Pierce Brosnan, on la croyait propulsée sur le devant de la scène pour de bon. Et puis rien, ou si peu. Pourtant on ne l'a jamais oubliée. Comme un écho à sa carrière, elle jouait une grande soeur éclipsée au profit de la jeune Keira Knightley dans Orgueil et Préjugés de Joe Wright (2005). Un rôle un peu ingrat, mais qui lui permet de briller la plupart du temps en arrière-plan. La nouvelle rendue publique à l'époque, de fiançailles échouées avec le réalisateur, sonnait comme un coup du sort malheureux au regard de la réussite de la romance offerte sur grand-écran : l'aînée Benett trouvait finalement l'amour et se retrouvait submergée d'émotion l'espace d'un plan volé.
Ces derniers rôles d'action-woman sonnent comme une erreur de casting mais on se doute que son intérêt n'est pas là. La revoir en terrain connu (et respecté) fait plaisir ; comme signe d'un nouveau départ, elle fait partie de nombreux projets en développement et on guettera de nouveau sa voix légèrement voilée et si distinctive, son sourire gêné qui nous fait craquer.
- You've got blue on you
The World's End reste éminemment sympathique pendant toute sa durée, malgré un développement de l'intrigue assez faiblard dont toute la structure repose strictement sur sa tournée des bars. Là où le bât blesse, c'est dans sa dernière partie et son épilogue, ratés, qui loupent le coche, perdant ainsi une partie de l'unité entretenue par le reste du film. En l'état, The World's End met un terme en demi-teinte à la trilogie amorcée en 2004, en partie à cause de son message unique, une nouvelle célébration de l'amitié entre copains qui sonne comme une redite malgré l'évidente sincérité du propos. Difficile cependant de faire la moue devant les quelques réparties cinglantes du film (pourtant entachées de running-gag lourdauds), qui font du film un tout restant infiniment plus sensé et sympathique que This is the end de la bande de Seth Rogen, dont l'apocalypse américaine fait parfois peine à voir. Dans tous les cas, servez-vous une pinte, ça va dépoter.
Trailer :
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- La critique de Scott Pilgrim (2010), de Edgar Wright
- Un avis énamouré sur Orgueil et Préjugés (2005), de Joe Wright (aucun rapport entre les deux)