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La prison, voie sans issue

Publié le 14 août 2013 par Pascal_martineau

On le sait. On le redit, on le répète à chaque nouveau rapport, à chaque nouvelle crise : la prison est criminogène. Toutes les études sur le sujet le prouvent. Et plus les prisons sont surpeuplées, plus elles sont criminogènes. A cause de la promiscuité entre délinquants de différents acabits. A cause, aussi, des conditions inhumaines de détention qui transforment les hommes en animaux qu’on relâche ensuite dans une société hostile et discriminatrice à leur égard.  Traite les humains comme des bêtes, ils deviennent des fauves.

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Disant cela, il n’est pas question de jeter la pierre au personnel pénitentiaire qui compte, comme dans chaque profession, beaucoup de gens biens et quelques abrutis. Ils font ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’on leur donne. Après les détenus eux-mêmes, ce sont eux, les gardiens de prison, qui subissent le plus fortement les conditions de vie dans les maisons d’arrêt et les Centrales !

Le phénomène, qui ne date pas d’hier, s’est largement aggravé durant les années Sarkozy (ministre de l’intérieur, puis président de la République). Chaque nouvelle loi sécuritaire permettait d’enfermer toujours plus, sans pour autant faire baisser la récidive et la délinquance, bien au contraire. 

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Réforme pénale. Autant dire que le repli tout aussi sécuritaire de notre ministre de l’intérieur est exaspérant, et indigne d’un véritable homme de gauche. Non seulement Manuel Valls prône la construction de nouvelles prisons – mais plus on en construit, plus on les remplit - mais de surcroit il s’oppose à la suppression – promise par le candidat Hollande - des peines plancher vilipendées en leur temps par toute la gauche. Il faut espérer que le président de République et son Premier ministre auront le courage de tenir leur engagement et de laisser à Christiane Taubira la possibilité de proposer et de faire adopter la réforme pénale qui s’impose à notre pays.

Car la prison est, depuis (trop) longtemps, la solution de facilité. Celle qui permet – et empêche - de se poser les vraies questions. On se rassure et on se donne bonne conscience en se disant que s’ils sont là, « ces gens-là », ça n’est pas par hasard… En cela, chacun porte sa part de responsabilité. Une conviction sépare ceux qui voient dans la prison la seule solution et les autres : la foi en la rédemption. Croire qu’un homme, même le plus terrible, peut devenir meilleur pour peu qu’on lui en offre la possibilité. C’est ma foi.

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Rédemption. La question qui se pose dès lors n’est pas « prison ou pas ». Mais : quelle est la meilleure punition ? Car tout délit, toute faute doivent être punis. Cependant, la prison devrait être la solution ultime, extrême. Si l’on croit en la rédemption, si l’on croit simplement en l’Homme, les questions que l’on doit se poser sont donc les suivantes : quelle est la punition la plus constructive, la plus reconstructrice, la plus rédemptrice, la plus bénéfique pour la société et le condamné ? Des solutions existent déjà comme le bracelet électronique ou encore le travail d’intérêt général qui affiche – preuve indéniable et vérifiée de son efficacité - des taux de récidive extrêmement bas. Faisons réparer aux délinquants ce qui peut l’être des dégâts qu’ils ont commis. Les victimes s’en porteraient bien mieux, in fine, que de savoir le condamné entre quatre murs, incapable, le plus souvent, de payer ce qu’il leur doit. Regardons aussi ce que se passe dans d’autres pays qui ont depuis longtemps fait de grands progrès dans ce domaine.

Je l’ai maintes fois dit et écrit : la prison, telle qu’elle est conçue en tout cas aujourd’hui, reste un signe de barbarie dans notre société démocratique. A l’instar de l’œuvre accomplie par Rober Badinter, je rêve d’un (d’une ?) ministre de la justice qui ait le même courage politique pour réformer notre système pénal en profondeur, que celui qui a animé et anime encore l’homme qui a aboli la peine de mort en France. Ce sera l’honneur de la gauche.


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