Magazine Culture

Gérard Manset - Revivre (1991)

Publié le 15 août 2013 par Toto
Gérard Manset - Revivre (1991) Il suffit parfois d'une image, qu'on nous dise "Moteur, action" pour que l'émotion subvienne, que l'évidence surgisse. Je ne suis pas un de ces vénérateurs éperdus de Manset, de ceux qui se prosternent à chaque nouvel album devant l'oeuvre du maître. Celui qui a fait de l'isolement, un sacerdoce, une profession de foi, délaissant le monde des médias depuis toujours ou presque. Depuis son plus grand succès, "Il voyage en solitaire" (un signe?) au milieu des années 70. Il y a bien "Lumières", peut-être son meilleur, que je réécoute à l'occasion. Mais son chant affecté, ses arrangements kitschs, ses paroles désuettes m'ont souvent rebutés. Et ce caractère que beaucoup affirme comme difficile, pour ne pas dire associable. Et puis, il y eut cette scène dans le splendide dernier film de Leos Carax, "Holy Motors", la dernière ou presque, dans laquelle on entend l'intégralité de "Revivre". Pas besoin d'autres mots. Tout s'explique. Le film d'abord, pour lequel on a jusque là encore beaucoup d'interrogations et puis rapidement, le morceau résonne pour tout autre chose, en écho à nos vies. Pour nous toucher au plus profond. Et ce sont tous les défauts que je trouvais encore au chanteur qui volent soudain en éclat. Et une envie de remettre cette même chanson, indéfiniment. D'appuyer sans cesse sur la touche "Repeat". "Revivre" encore et encore l'expérience. On a rarement visé aussi juste.
On voudrait revivre.
Ça veut dire :
On voudrait vivre encore la même chose.
Refaire peut-être encore le grand parcours,
Toucher du doigt le point de non-retour
Et se sentir si loin, si loin de son enfance.
En même temps qu'on a froid, quand même on pense
Que si le ciel nous laisse on voudra
Revivre.
Ça signifie :
On voudrait vivre encore la même chose.
Le temps n'ai pas venu qu'on se repose.
Il faut refaire encore ce que l'on aime,
Replonger dans le froid liquide des jours, toujours les mêmes
Et se sentir si loin, si loin de son enfance.
En même temps qu'on a froid, qu'on pleure, quand même on pense
Qu'on a pas eu le temps de terminer le livre
Qu'on avait commencé hier en grandissant,
Le livre de la vie limpide et grimaçant
Où l'on était saumon qui monte et qui descend,
Où l'on était saumon, le fleuve éclaboussant,
Où l'on est devenu anonyme passant,
Chevelu, décoiffé, difforme,
Chevelu, décoiffé, difforme se disant
On voudrait revivre, revivre, revivre.
On croit qu'il est midi, mais le jour s'achève.
Rien ne veut plus rien dire, fini le rêve.
On se voit se lever, recommencer, sentir monter la sève
Mais ça ne se peut pas,
Non ça ne se peut pas,
Non ça ne se peut...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toto 3864 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines