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Du proarabisme chiraquien à l'atlantisme sarkozyste

Publié le 29 avril 2008 par Anom Yme
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   C’est à la fin des années 60 que la France décide de garantir ses intérêts nationaux dans les pays arabes.
Pour mener à bien ce projet, le général de Gaulle confie la construction d’un réseau de solidarité franco-arabe à son ancien ministre de l’Information, Louis Terrenoire.
Le but ? Promouvoir les régimes arabes en France et conférer une légitimité aux positions palestiniennes au sein du débat hexagonal.
C’est ainsi que se crée l’Association de Solidarité Franco-Arabe (ASFA). Fondée en 1967, le réseau réunit des gaullistes de tous bords. L’organisation apporte un soutien public aux hommes politiques susceptibles de véhiculer la politique arabe de la France.
De même, dotée en 1970 du statut d’association, la Chambre de commerce France-arabe (CCFA) a pour objet de promouvoir les relations commerciales et la coopération industrielle, agricole, financière et touristique entre opérateurs économiques français et arabes. Elle couvre les vingt-deux pays membres de la Ligue arabe.
L’Institut du Monde Arabe (IMA), maillon manquant du réseau, est inauguré le 30 novembre 1987. Il s’inscrit alors comme un gage d’amitié de la France au monde arabe après le choc de l’embargo pétrolier de 1974.

   La politique proarabe française arrive à son apogée dès 1995, année de l’élection de Jacques Chirac, aussi surnommé Chirac d’Arabie. Difficile d’oublier les prises de position de l’exprésident de la République sur la scène internationale, en particulier dans le monde arabe. En 1996, Jacques Chirac refuse par exemple de se rendre à la Knesset, le parlement israélien, lors de sa visite à Jérusalem. Les douze ans de sa présidence seront ainsi marquées par un souci de mise en œuvre d’une politique française équilibrée au sein du conflit israélo-palestinien. L’ex-président, qui a toujours vivement critiqué la stratégie sécuritaire israélienne, s’est maintes fois employé à convaincre les différents présidents américains de la nécessité d’un règlement "juste" du problème palestinien.
Jacques Chirac osera également dire "non" à la politique de Georges W. Bush en Irak. En février 2003, celui pour qui "la démocratie ne s’exporte pas par les blindés" évite donc à la France l’engagement des forces armées au côté des Américains. Mais alors que cette dernière se fait le porte-parole de tous les opposants à une guerre en Irak en défiant les Etats-Unis jusqu’au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, elle y promeut, à l’automne, la résolution 1559 en faveur d’un désarmement du Hezbollah au Liban : c’est le Grand Renversement.

   Finalement, aujourd’hui, que reste t-il de cette politique traditionnelle française dite proarabe? Pas grand-chose. Alors ministre de l’intérieur, l’actuel président Nicolas Sarkozy avait déjà annoncé la couleur en s’alignant sur les positons de Blair, Aznar et Berlusconi en matière de politique étrangère, notamment sur le sujet de la guerre en Irak. Rompant ainsi avec celle de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy augurait l’ère du changement. L’annonce récente de l’envoi de nouvelles troupes en Afghanistan et le refus de dialogue du président français avec le Hamas tout comme avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad ne viennent que confirmer la nouvelle politique française vis-à-vis du Proche-Orient : une politique directement inspirée par les Etats-Unis et en faveur des Etats-Unis. L’atlantisme français est à présent une réalité.

E. B. 


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