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Critique Ciné : Jeune et Jolie, envoûtante modernité

Par Delromainzika @cabreakingnews

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Jeune et Jolie // De François Ozon. Avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas et Frédéric Pierrot.


François Ozon qui avait malheureusement accouché du très mauvais Potiche en 2010, m'avait énormément surpris l'an dernier avec Dans la Maison. Une sorte de thriller littéraire mettant en scène un Fabrice Lucchini au sommet de son art. Et cette année c'est à un thème moderne que François Ozon s'attaque : la prostitution adolescente. En effet, c'est l'histoire d'une jeune fille de 17 ans, torturée sur les bords, qui va se retrouvée dans un engrenage mêlant argent, sexe et mélancolie. Le réalisateur, connu pour mélanger les genres, verse ici dans un paradoxe particulièrement efficace. Celui de nous parler d'un sujet extrêmement moderne dans un univers presque aux antipodes, désuet. Cela se ressent au travers de ce que les personnages vont porter (qui au fond pourrait rappeler un peu les années 80) et puis aussi cette manière de filmer les choses que je trouve absolument magnifique. François Ozon cherche à nous parler encore une fois de sa fascination pour les femmes mais avec le portrait réussi d'une jeune fille dans la fleur de l'âge que l'on va apprendre à connaître au fil des saisons.
Le portrait d’une jeune fille de 17 ans en 4 saisons et 4 chansons.
Mais ce qu'il y a de bien c'est que le réalisateur ne tombe jamais dans le carcan. On sent qu'il ne se veut pas moralisateur. Au fond, à aucun moment le film n'a réellement de morale. Entre la réaction très étrange de la mère et la manière dont la famille va gérer la chose, rien n'est fait pour que l'on ressente une morale qui vienne alors au fond casser complètement ce personnage d'adolescente torturée. Aucune réelle raison est invoquée (on ne sait pas pourquoi elle a réellement commencé finalement). C'est donc au spectateur d'aller puiser dans ce qu'il entend dans le film et dans ce qu'il peut faire comme cheminement pour dénouer ce que cache finalement Jeune et Jolie. Passant d'une amourette de vacances, totalement innocente, à cette femme fatale et sulfureuse, qui n'a peur de rien et encore moins de se prostituer pour gagner un argent dont elle n'a pas besoin, tout est fascinant. Le personnage en lui même est envoûtant. Du début à la fin, cette jeune fille, Isabelle ou Léa pour les clients, a une élocution très malicieuse, sensuelle et légère. Marine Vacth cherche tout de suite à mettre son spectateur à l'aise avec ce qu'elle fait.
François Ozon, totalement décomplexé, n'a donc pas peur de filmer la poitrine de la jeune fille sous toutes les coutures et ce même dans des situations extrêmement déroutantes (les scènes de sexe, esthétiquement poussées tentent de rendre beau quelque chose de particulièrement glauque). Au final, Jeune et Jolie est une brillante surprise et un mélange subtile qui ne tombe jamais dans les facilités (ce qui est appréciable). On peut malgré tout regretter que cela ne dure pas plus longtemps. Car au fond, le film s'achève sans s'achever, laissant alors libre court à l'imagination du spectateur afin de découvrir ce qu'il va arriver à cette jeune fille dans le futur. Ce n'était pas un sujet facile à traiter et pourtant, François Ozon fait ça de façon malicieuse sans jamais tomber ni dans la prétention ni dans les pièges que le sujet pouvait lui tendre à de nombreuses reprises. On peut également saluer son côté si proche de l'héroïne mais aussi si distant (le contraste est montré dès le premier plan alors que l'on voit l'héroïne sur la plage et au travers des jumelles de son frères).
Note : 9/10. En bref, une brillante surprise. Esthétique, envoûtante, une oeuvre singulière qui ne tombe pas dans les pièges que lui tendait pourtant son sujet sulfureux.


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