Magazine Culture

Morceaux choisis - Homero Aridjis

Par Claude_amstutz

william-adolphe_bouguereau_1825-1905_-_rc3aave_de_printemps_1901.jpg

merci à Ambre O

Quand je parlerai avec le silence
 
quand je n'aurai qu'une suite
de dimanches gris à te donner
 
quand je n'aurai qu'un lit vide
pour partager avec toi un désir
qui ne satisfera plus des corps de ce monde
 
quand les paroles en castillan ne m'aideront plus
pour te dire ce que je serai en train de voir
 
quand je serai privé de voix de regard de mouvement
 
quand loin de moi j'aurai jeté
la peur de mourir de n'importe quelle mort
 
quand je n'aurai plus le tremps d'être moi-même
ni envie d'être quelqu'un que jamais je n'aurai été
 
quand je n'aurai plus que l'éternité à t'offrir
une éternité de riens et d'oublis
 
une éternité dans laquelle je ne pourrai plus ni te voir
ni te toucher te rendre jalouse ni te tuer
 
quand à moi-même je ne me répondrai plus
et que je n'aurai plus ni jour ni corps
 
alors je serai à toi
alors je t'aimerai pour toujours 
 

Homero Aridjis, Les poèmes solaires, précédé de Le poète en voie d'extinction, et suivi de Baleine grise (Mercure de France, 2009)

traduit du sud-américain par Ivan Alechine

image: William-Adolphe Bouguereau, Ave de printemps / 1901 (repfineart.com)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Claude_amstutz 25354 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines