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Ce qui se cache derrière la cigarette électronique...

Publié le 28 août 2013 par Bioaddict @bioaddict

Si la cigarette électronique permet d'éviter les produits cancérogènes connus du tabac, et c'est un avantage considérable, elle peut aussi contenir de nombreuses autres substances dont on ne connait pas encore vraiment le potentiel de toxicité pour la santé et dont l'utilisation n'est pas réglementée... Découvrez la liste de ces substances.

Santé : ce qui se cache derrière la cigarette électronique...
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La composition chimique des gouttelettes de l'aérosol ( fumée) produit est voisine du contenu de la cartouche. Les gouttelettes ne sont donc pas de la vapeur d'eau mais formées essentiellement de propylène glycol et/ou de glycérine végétale selon la composition de la cartouche.

Une cartouche contient entre 80 et 90% de propylène glycol, 4% d'eau, 5% d'alcool, 0.6% sont des arômes. La dose de nicotine varie entre 1.6 % et 0%.

Depuis quelques années seulement l'usage de la cigarette électronique s'est répandu comme une trainée de poudre dans le monde entier. Et le phénomène ne fait que commencer. Bonnie Herzog, analyste chez Wells Fargo, annonce qu'aux Etats-Unis " la consommation de e-cigarettes pourrait dépasser celle des cigarettes traditionnelles durant la prochaine décennie".

La e-cigarette apparaît en effet comme une solution miracle pour ceux qui veulent arrêter complètement de fumer. Et, pour ceux qui ne veulent pas se priver de nicotine, comme une bonne solution de substitution leur permettant de continuer leur addiction tout en éliminant les particules solides, les goudrons cancérogènes et le monoxyde de carbone (Co) contenus dans la fumée du tabac.

Mais la réalité n'est pas aussi simple. La cigarette électronique ne semble pas aussi " safe " qu'on le dit ou que les vapoteurs le pensent. Ainsi l'enquête que la Revue " 60 millions de consommateurs " vient de publier confirme ce qu'un rapport a déjà révélé en mai 2013* à savoir que les cigarettes électroniques peuvent contenir des substances potentiellement toxiques non seulement pour la santé des e-fumeurs mais aussi pour celle de leur entourage. A tel point que Trois pays européens (la Belgique, le Luxembourg et Malte) ont interdit l'usage de l'e-cigarette dans les lieux ou il est interdit de fumer, et d'autres appliquent une réglementation stricte concernant leur vente ou leur consommation.

Que contiennent les cigarettes électroniques ?

Le rapport commandé par le Ministère de la santé et conduit par le Professeur Bertrand Dautzenberg, chef du service de pneumologie de l'hôpital Pitié Salpêtrière (Paris) et Président de l'OFT (Office Français du Tabac), montre ainsi que la liste des produits contenus dans les e-cigarettes est longue. Et elle n'a pas fini de s'allonger tant ce marché est porteur et encore peu règlementé. En France la composition de la cigarette électronique n'est pas, en effet, rigoureusement encadrée et ceci tout simplement parce que ce nouveau produit n'est pas encore considéré, ni comme un produit du tabac, ni comme un médicament. Par défaut elle est donc aujourd'hui assimilée à un produit " récréatif " de consommation courante. Or la réglementation concernant cette famille de produits n'est pas du tout contraignante.

Les cigarettiers se battent pour gagner le marché et sont en passe de l'emporter en rachetant tous les fabricants de e-cigarettes. Et s'ils gagnent, la bataille ces cigarettes deviendront un produit du tabac. Mais les laboratoires pharmaceutiques veulent aussi se l'accaparer pour en faire un produit médicamenteux. Il y a tellement d'argent à gagner...

En attendant de savoir quelle catégorie va l'emporter, et donc quelle réglementation sera appliquée, la porte est laissée largement ouverte aux fabricants de ces cigarettes qui, en bon commerciaux, utilisent les bonnes ficelles du marketing pour séduire les consommateurs, et des produits divers dont on ne connait pas encore clairement la toxicité par voie inhalée, pour déclencher et maintenir la dépendance... Autant les connaître pour ne pas fumer idiot, voire tout simplement arrêter de se faire "enfumer".

Voici une liste non exhaustive des substances que peuvent contenir les e-liquides des cigarettes électroniques et qui ont été recensées par les experts du rapport conduit par le Pr Dautzenberg.

  • De la nicotine à doses variables

Le produit qui pose potentiellement le plus de problème par cette voie est la nicotine qui est classée comme un produit vénéneux. La nicotine est capable de se fixer dans le corps, en particulier dans le cerveau. Elle est la principale cause de la dépendance tabagique.

La e-cigarette peut ne pas contenir de nicotine du tout, ou en contenir à doses variables. La nicotine est essentiellemnt importée de Chine. Elle est issue de plants du tabac car la synthèse de cette substance est plus coûteuse.
Les concentrations en nicotine qui sont le plus souvent proches des valeurs annoncées. Pour les flacons de recharges d'e-liquide, le volume varie habituellement de 10 a 30 ml, mais certains flacons peuvent actuellement contenir plus de 100 ml, soit des doses potentiellement mortelles de nicotine.
Comment est absorbée la nicotine inhalée avec la cigarette électronique? Nous n'en savons rien faute d'études cinétiques. Elle peut l'être par la muqueuse buccale, et par le poumon. Mais cette connaissance est fondamentale car si la nicotine inhalée avec l'e-cigarette est absorbée sans délai par le poumon pour atteindre le cerveau en 7-8 secondes, elle va produire un renforcement de l'addiction, comparable à celle d'une cigarette. Cette connaissance de la cinétique est donc essentielle pour déterminer si l'e-cigarette est plutôt un produit voisin des substituts nicotiniques ou s'apparente plutôt a une cigarette traditionnelle et donc a un " produit du tabac ".

  • Du propylène glycol

Toutes les e-cigarettes contiennent soit du propylène glycol ( E1520) soit du glycérol (E422) car ce sont des substances qui permettent de créer l'aérosol ressemblant à de la fumée. Ce produit est également un exhausteur d'arôme. Il est utilisé depuis longtemps pour simuler la fumée au cinéma, dans les concerts ou dans les night-clubs.Sur le plan règlementaire , il n'y a pas en France de valeur limite d'exposition. Mais ce produit est suspecté d'être toxique à long terme par inhalation. Certaines fiches de données de sécurité suggèrent même le port d'un masque de protection respiratoire pour des expositions répétées.

  • Du glycérol

Le glycérol ou glycérine végétale, comme le propylène glycol, permet de produire une " vapeur " et renforce les arômes. Le produit pur est réputé peu toxique, non cancèrogene, non toxique pour la reproduction, et ne fait pas l'objet de règlementation specifique en France. Mais il est irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires. Et sous l'effet de la température supérieure à 275 degrés le produit peut se dégrader en acroléine, un produit entrant dans la fabrication de certains plastiques, très irritant et lacrymogène.
Mais, comme pour le propylène glycol, si les données sont très nombreuses sur son ingestion, nous ne savons pas grand-chose sur les effets de l'inhalation à long terme de l'acroléine.
Il existe des e-liquides qui ne contiennent que du propylène glycol (ils sont de moins en moins
fréquents car l'aérosol produit est peu abondant), ou qui ne contiennent que du glycérol (ils
sont rares car le bon rendu des arômes est alors difficile a obtenir). La proportion de 80%/20% ou 70%/30% est donc souvent retrouvée car elle permet à la fois d'obtenir beaucoup de brouillard et une expression satisfaisante des arômes.

  • Du formaldéhide

La chaleur délivrée par la pile, et qui peut s'élever jusqu'à 250 degrés, voire davantage, génère du formaldéhide ou formol. Or nous savons que ce produit est allergisant, irritant pour les muqueuses et la peau, toxique pour la reproduction, et est classé comme un produit cancérogène certain par l'OMS.

  • Des colorants alimentaires

Des colorants alimentaires peuvent être utilisés pour colorer la fumée. Mais les résultats sont mauvais et ces produits sont donc encore peu utilisés.

  • Des arômes

Des arômes naturels, d'origine végétale et animale et des arômes artificiels de plus en plus diversifiés entrent dans la composition des cigarettes électroniques: arôme de tabac, de menthe, de vanille, de fruits, de chocolat,... et même de cannabis .
Il existe une liste limitative des substances aromatisantes alimentaires et des valeurs limites par ingestion. Mais à ce jour rien n'est prévu pour l'inhalation.
Si certains fabricants d'e-cigarettes n'utilisent que des arômes naturels, d'autres ont recours aux arômes artificiels et en particulier à certains additifs utilisés par l'industrie du tabac. Certains de ces arômes ne sont pas dégradés par la température, mais pour bon nombre d'entre eux nous n'en savons rien. Il n'existe pas à ce jour de tableau consultable donnant les résistances aux températures des arômes alimentaires. Peu de ces arômes ont été testés par voie inhalée. Or certains de ces arômes naturels sont réputés comme étant toxiques dans certaines circonstances d'utilisation ou a certaines doses.
Les études concernant les arômes utilisés dans les cigarettes électroniques sont donc insuffisantes sur les effets du chauffage et de l'inhalation de bon nombre d'entre eux.
Bien qu'aucun risque spécifique ne soit identifié à ce jour, le principe de précaution doit donc s'appliquer pour les arômes non indispensables à la fabrication. Certains fabricants s'interdisent ainsi d'utiliser des composés tels l'ambrox.

  • Des solvants et exhausteurs de goût

L'acétine et la diacétine (E 1517) sont souvent utilisées dans les e-cigarettes comme solvants et exhausteurs de goût des arômes, ainsi que l'ambrox qui a remplacé dans les parfums l'ambre gris de cachalot. La toxicité éventuelle de ces substances inhalées est insuffisamment étudiée.

  • Des nitrosamines

Les nitrosamines sont les principaux cancérogènes présents dans le tabac, même non fumé.
Dans certaines études sur les e-liquides ont retrouve de telles substances à l'état de traces. Elles viennent des résidus de tabac contenus dans la nicotine utilisée qui n'est pure qu'a 99% ou 99,5%.

  • Des métaux et nanoparticules

Des particules métalliques et d'autres impuretés ont été retrouvées dans les " vapeurs " d'e-liquides à des concentrations du même ordre de grandeur que dans la fumée de cigarette. En masse, les quantités de métaux sont faibles, mais ces traces retrouvées dans certains e-liquides sont en partie des nanoparticules issues des processus de fabrication qui peuvent pénétrer au plus profond du poumon. La formation de ces nanoparticules métalliques devrait être traquée tout au long du processus de fabrication des produits afin d'en réduire au maximum la présence, car les métaux lourds sont des cancérogènes avérés de groupe 1 d'après le CIRC (OMS).

  • Des antioxydants et des conservateurs

Certains industriels ajoutent des antioxydants (tel le coenzyme Q10, produit voisin de la
vitamine E), des conservateurs de type parabène et d'autres additifs dans certaines
préparations. D'autres composés, tel le diacetyl (2,3-butanedione), peuvent être présents mais ils sont éliminés par précaution par de nombreux fabricants.

  • Des médicaments

L'introduction de médicaments comme le sildenafil (Viagra) ou le rimonabant (Accomplia) a
été réalisée par certains fabricants. L'adjonction de médicament est clairement interdite en Europe et aucun e-liquide commercialisé en Europe (hors internet) n'en contient.

  • De l'alcool

Certaines e-cigarettes contiennent de l'alcool éthylique, mais le taux dépasse rarement 4%, et le volume nébulisé est faible. Tout contenu supérieur à 1% d'alcool dans un e-liquide devrait cependant être indiqué afin de protéger en particulier les anciens alcooliques qui craignent de rechuter et ceux qui ne veulent pas consommer d'alcool. Comme pour les cigarettes classiques, environ 20% des particules inhalées se déposent, et 80% sont exhalées lors d'une prise normale. Une prise profonde avec apnée peut très sensiblement augmenter la fraction deposée.

  • Des solvants et autres impuretés

un certain nombre d'impuretés comme l'acétone, l'acide acétique, des solvants chlorés,
apparaissent à différents stades de la préparation des e-liquides, mais aussi de leur chauffage sur le filament de l'atomiseur. Ils peuvent être présents même dans les liquides sans nicotine.
Mais nous n'avons pas encore d' inventaire de ces impuretés, ni de standards de contrôle de leur présence dans les cigarettes électroniques.

  • Du cannabis et du chanvre

Certains fabricants d'e-cigarettes proposent à la vente des e-liquides avec arôme cannabis ou
chanvre. Depuis un an des sociétés californiennes commercialisent des e-liquides qui
contiennent du cannabis, transformant ainsi l'e-cigarette en e-joint. Mais le cannabis est illégal en France et en Europe. La commercialisation ou la consommation d'e-joint est donc tout aussi illégale que celle du joint.

Cette liste n'est encore que provisoire. Les fabricants de cigarettes électroniques font en effet preuve de beaucoup d'imagination et de sens du commerce... Et sans garde-fous tout est permis... Même la cocaïne ajoutée...

Hervé de Malières

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*E-cigarette.Rapport et avis d'experts. Ce rapport a été réalisé en mai 2013 par un groupe d'experts réunis par l'OFT (Office francais de prevention du tabagisme, association Loi 1901 reconnue d'intérêt général (66 boulevard Saint-Michel - 75006 Paris), présidé par le Pr Bertrand Dautzenberg, coordonateur du projet, avec le soutien de la Direction générale de la santé.


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