Hiroshima Mon Amour

genre: drame
Année: 1959
durée: 1h30

l'histoire: En août 1957, à Hiroshima. Dans la pénombre d'une chambre, un couple nu, enlacé. Elle, une jeune actrice francaise d'une trentaine d'années venue pour jouer dans un film sur la paix. Lui, un architecte japonais. C'est l'histoire de leur impossible amour.     

la critique d'Alice In Oliver:

Faut-il encore présenter le cinéaste Alain Resnais ? Rappelons que ce dernier reste le réalisateur du superbe Nuit et Brouillard, sorti en 1956. Ce film participera largement à faire connaître le cinéaste français dans le monde entier. Trois ans plus tard, donc en 1959, Alain Resnais signe un nouveau chef d'oeuvre, Hiroshima mon amour, qui va lui aussi participer à le faire connaître davantage dans le monde entier.
L'air de rien, ce long-métrage partage de nombreux points en commun avec Nuit et Brouillard. Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario.

Attention, SPOILERS ! Une actrice se rend à Hiroshima pour tourner un film sur la paix. Elle y rencontre un Japonais qui devient son amant, mais aussi son confident. Il lui parle de sa vie et lui répète « Tu n'as rien vu à Hiroshima ». Elle lui parle de son adolescence à Nevers pendant la Seconde Guerre Mondiale, de son amour pour un soldat allemand et de l'humiliation qu'elle a subie à la Libération.
Au même titre que Nuit et Brouillard, Hiroshima mon amour participe au devoir de Mémoire sur une tragédie qui a frappé toute une capitale et même un pays tout entier.

D'ailleurs, le début du film fonctionne comme un poème d'amour récité par ses deux acteurs principaux, Emmanuelle Riva et Eiji Okada. Ce long poème, qui ressemble surtout à un récit poignant d'amour, est présent sur toute la durée du film et s'attarde à décrire le passé de chaque personnage, en particulier de celui du personnage féminin (Emmanuelle Riva).
Hiroshima mon amour reste avant tout une histoire d'amour impossible en des temps lugubres, de pauvreté et d'incompréhension par rapport aux tragiques événements qui ont frappé la capitale du Japon.

Pour mémoire, rappelons qu'à l'époque, la ville de Hiroshima a été frappée par la bombe atomique. Sur ce dernier point, le film prend parfois les allures d'un documentaire souvent effrayant, et souligne l'impact de cette bombe sur l'ensemble de la population.
Les morts sont hélas très nombreux, les personnes contaminées traînent leurs guêtres dans la rue et la nourriture connaît une grande pénurie. Les conséquences sont terribles pour la population. Finalement, les deux héros ne sont que des acteurs qui se retrouvent un peu par hasard au beau milieu de cet enfer humain.

Avec Hiroshima mon amour, Alain Resnais aborde les questions de la Mémoire individuelle et de la Mémoire collective. Sur ce dernier point, les dialogues sont à la fois étranges, incantatoires et introspectifs. Le film oppose également deux cultures, donc la culture occidentale et la culture asiatique, à travers ses deux protagonistes principaux.
Chaque personnage a donc une vision particulière des faits et de cette terrible tragédie qui viennent de frapper la capitale du Japon.

La réalité du bombardement nous est présentée comme un drame intérieur, la population étant la première victime des déflagrations de la bombe atomique. A partir de là, le film oppose deux points de vue, celui de l'amant asiatique et celui de sa maîtresse, traumatisée par ce qu'elle a vécu à Nevers (elle a été tondue). D'ailleurs, cette dernière adresse à son amant une phrase chargée de symboles: "Tu me tues, tu me fais du bien...". Avec Hiroshima mon amour, Alain Resnais signe un véritable manifeste pour la paix. Néanmoins, le style particulier du film pourra en rebuter plus d'un.
Clairement, Hiroshima mon amour reste un drame difficile d'accès mais important pour ce qu'il est, non seulement dans le cinéma français, mais également dans le Septième Art en général.

Note: 17/20