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Ceci est un sac

Publié le 29 août 2013 par Pimprenelle2

Madame,

(Oui cette semaine je suis très lettre ouverte)

Permettez tout d’abord que je vous présente mes excuses pour mon outrecuidance, vous si occupée, moi si riche de temps, de temps à perdre, ce en quoi vous m’avez été fort utile. Reconnaissez que c’est avec beaucoup de douceur que je vous ai adressé mon bonjour, auquel vous avez répondu … par "2 minutes", ferme et sans un regard. J’ai respecté, attendu, sans voix, agacée. Je tombais mal, le comprenais, la collection automne hiver encombrait votre boutique, vous aviez toutes ces références à entrer dans votre ordinateur, et une cliente putative, même pas une fidèle ni une habituée, simplement moi, qui débarque sans prévenir.

Donc j’ai patienté, je suis patiente, légèrement trahie par deux doigts tapotant sur le comptoir. Oui, je sais, c’est agaçant, mais je ne garde pas mon calme jusqu’au bout de mes doigts.

Votre "VOUI ?" m’a signale qu’enfin vous étiez dispo. Oui, mais pas pour moi. Pour une autre autre clientèle, tellement discrète, que je la pensais en visite.

J’ai attendu. Encore. Attendu votre prochain "VOUI !". Enfin il a franchi la barrière de vos lèvres, bien maigres et bien sèches, y a une justice divine parfois. Je vous ai parlé de l’objet de ma visite, demandé si, par hasard …

Vais voir, m’avez-vous dit, peut-être, attendez donc … 2 minutes. Ben voyons. Une autre urgence sur votre ordi, un autre truc qui ne pouvait attendre, parce que moi hein …

Et puis sans un mot vous avez disparu, réapparue, sans un mot, avez balancé un objet sur le comptoir. Je n’osais avancer, n’étais pas sûre d’être concernée, moins encore de vouloir l’être. De nouveau absorbée par votre labeur, vous m’avez lancé "alors vous avez trouvé votre bonheur ?". Je vous ai répondu non, et suis partie, vous ai quitté sans un au revoir, qui n’aurait été qu’un vil mensonge.

Car c’est avec beaucoup de joie, madame que je vous annonce que nous n’aurons plus le plaisir de nous revoir, vous moi et la couleur de mon argent.

Et puis permettez, madame, que je vous apprenne que ceci, ce sac dont je suis dorénavant l’heureuse propriétaire, n’est nullement mon bonheur. Mon bonheur, madame, je me le fabrique, je le cherche, il me fuit, il me surprend, et s’échappe, au quotidien. Mon bonheur, madame, ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, dans les rayons d’un magasin, ne se résume pas à un morceau de cuir, quelques rivets, une étiquette. Le bonheur, madame, cela peut être un sourire, un peu de considération, le sentiment d’être important, d’exister pour quelqu’un.

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