Le 20 février dernier, jour de la sortie en salles du film Les chevaux de dieu, je m'en rappelle parfaitement ( comme tout ce qui tourne autour du cinéma) : c'était mon premier jour de vacances de février et je m'étais programmé une petite sortie ciné dans mon cinéma préféré, le Comoedia...
J'avais alors longuement hésité entre 2 films qui avaient pour cadre des bidonville, mais en dernier lieu, j'ai opté pour le bidonville argentin, en allant voir le magnifique Elefante Blanco plutot que le bidonville marocain, celui du film les Chevaux de dieu.
Mais je n'ai pas mis beaucoup de temps pour aller voir de ce coté là aussi, puisque grâce à France Télévisions Distributions, j'ai pu voir le film un peu avant sa sortie DVD qui fut effective le 3 aout dernier.En fait, si le film se passe effectivement dans les bidonvilles de Casablanca, et que la première partie du film dépeint de manière quasi factuelle et documentariste les problématiques et les incertitudes des jeunes banlieusards plongés dans le chaos de leur sinistre environnement, le film nous embarque ailleurs, et ne fait pas vraiment penser à Elefante Blanco mais plutôt au film de Philippe Faucon, La désintégration, dont j'avais parlé ici même.
En effet, le film traite du même sujet, celui de ces jeunes gens issus de milieu très défavorisés qui vont se faire endoctriner au nom d'une idéologie extremiste, jusqu'à devenir des kamikazes qui tueront de nombreux innocents.
Mais contrairement au film de Faucon, intellectuel , désincarné et trop court pour qu'on comprenne le cheminement de ces jeunes, ces Chevaux de Dieu prennent leurs temps et nous racontent, dans un mélange de lyrisme et de documentaire, comment se sont construits ( détruits?) ces jeunes futurs kamikazes. Autant La désintégration était froide et confus, autant le film d'Ayouch est brulant et pédagogique...
Le réalisateur Nabil Ayouch nous raconte plus particulièrement l’histoire véridique de trois d’entre eux, issus du bidonville de Sidi Moumen, en périphérie de Casbalanca, d’où partirent le 16 mai 2003 une douzaine de leurs semblables, pour commettre les attentats de Casablanca. Ils tueront 41 personnes, et feront de nombreux blessés.
Si Les chevaux de Dieu n'est pas un documentaire, Nabil Ayouch, habitué des lieux ( comme il le raconte dans le bonus du DVD et comme il l'a auparavant montré dans son très beau film Ali Zaoua sur ces jeunes de ces quartiers là ) a enquêté et fait de nombreuses recherches pour que son récit soit le plus sincère et authentique possible et qu'il permette d'expliquer la genèse de ces actes en collant le plus possible à la réalité.
Sa démonstration s'avère ainsi riche et sans didactisme aucun. Jamais Ayouch ne condamne ses protagonistes, et ne porte aucun jugement moral sur eux, ce qui rend l'approche du film à ce point louable...et déconcertante en même temps vu la gravité de leurs actes finaux...
La première partie du film dans laquelle on suit l'enfance de cette bande de gamins avant qu'ils ne soient récupérés par la violence du terrorisme est d'ailleurs à cet égard vraiment fantastique de rythme et d'authenticité.
La dernière partie sur la récupération islamiste proprement dite est certes plus convenue (avec des passages obligés comme le glissement du sentiment religieux vers la haine de l'autre) mais reste néanmoins suffisamment forte pour convaincre tout à fait et faire de ces Chevaux de Dieu un film nécessaire et courageux sur un sujet qui aurait pu largement tomber dans le didactisme et le coté dossier de l'écran...
Un très beau film à rattraper en DVD à coup sur!!
Les Chevaux de Dieu Bande-annonce
Bande-annonce Les Chevaux de Dieu
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Et parmi les bonus du DVD, un excellent making off du film dans lequel le cinéaste révèle avec précision et passion les coulisses du film, des techniques de tournage utilisés à la façon dont il a travaillé avec ses jeunes et excellents comédiens amateurs.
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