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Retour à l’étalon-or?

Publié le 08 février 2013 par Questions Capitales

Durant la dernière campagne électorale aux Etats-Unis, un certain nombre de Républicains ont émis l’idée d’un retour à l’étalon-or. Bien que ce système présente un certain nombre d’avantages incontestables, la plupart des spécialistes s’accordent à dire qu’un retour à l’étalon-or serait une option irréaliste.

Un peu d’histoire

Le 15 août 1971, le président américain Richard Nixon annonçait la fin de la convertibilité du dollar en or. La plupart des devises étrangères étant, depuis les accords de Bretton Woods (1944), indexées sur le dollar, lui-même indexé sur l’or, cette annonce signifiait la disparition de l’étalon-or mondial.

L’or est rare, durable, dense, résistant et ductile. Autant de qualités qui ont fait de ce précieux métal un étalon monétaire, une unité de compte, ainsi qu’une réserve de valeur dès l’Antiquité.

Dans le courant du dix-neuvième siècle, alors que les billets de banque tendent à remplacer les pièces d’or et d’argent, un nouveau système monétaire international est mis progressivement en place. Il s’agit de l’étalon-or, un système dans lequel l’unité monétaire est définie en référence à un poids fixe d’or et où chaque monnaie nationale est librement convertible en or. Pour garantir cette convertibilité, la quantité de monnaie émise par la banque centrale est strictement limitée par ses réserves d’or. Comme chaque monnaie nationale est fixée en poids d’or, le taux de change entre deux monnaies est fixe et égal au
rapport entre les poids d’or respectifs. Ce système diminue les risques d’inflation et régule le commerce international.

L’étalon-or impose des disciplines très strictes. Il implique des taux de change fixes entre les monnaies et suppose, pour bien fonctionner, une grande flexibilité des prix. Il fut progressivement abandonné par les grandes économies durant la Grande Dépression de 1933 : la sortie de l’étalon-or permettait en effet de stimuler l’économie en desserrant la contrainte monétaire et en dépréciant le taux de change.

Une solution à la crise?

Dans le système actuel, fortement inspiré par la pensée de l’économiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946), les états pratiquent une politique monétaire expansionniste en injectant massivement de l’argent dans l’économie sans que cet argent soit couvert par une certaine quantité d’or. C’est précisément ce qu’a réalisé, pour des billions de dollars, la Réserve Fédérale Américaine avec ses “quantitative easings” successifs. Un “quantitative easing” est une technique d’intervention sur le marché interbancaire américain en vue d’orienter l’évolution des taux d’intérêt à court terme et de les maintenir à des niveaux extrêmement faibles.

Ces injections massives d’argent augmentent les risques d’inflation. Dans le contexte macroéconomique actuel, un des risques souvent mentionné est celui d’une expansion monétaire excessive à l’échelle mondiale, accompagnée d’une grande volatilité des taux de change. Le principal avantage de l’étalon-or est d’ancrer plus efficacement les politiques monétaires et, donc, les anticipations
d’inflation. Second avantage : l’étalon-or, en reliant les cours des devises à la valeur de l’or, permettrait d’éliminer la volatilité des taux de change entre pays, créant ainsi un environnement favorable au développement du commerce international, moteur de la croissance économique. Les partisans d’un retour à l’étalon-or pointent du doigt le niveau d’endettement très élevé des Etats-Unis vis-à-vis de leurs partenaires commerciaux, notamment de la Chine. Avec l’étalon-or, les états ne peuvent dépenser l’argent qu’ils ne possèdent pas. Une comparaison simple permet de mieux comprendre le principe : c’est comme si l’on vivait uniquement avec une carte de débit et plus avec une carte de crédit.

Les partisans d’un retour à l’étalon-or sont toutefois nettement minoritaires. Un des principaux inconvénients de l’étalon-or est qu’il rend l’économie effectivement dépendante de l’or. Les pays possédant une importante réserve naturelle d’or seraient favorisés. Si, pour une raison quelconque (par exemple une grève dans les mines australiennes), l’or se raréfiait, la quantité d’argent nécessaire pour faire tourner l’économie diminuerait derechef avec, pour conséquence, une crise encore plus catastrophique. Selon le World Gold Council, la croissance annuelle des stocks d’or ne suffirait pas pour contenir la base monétaire américaine. La production d’or ne dépasse pas cinq pour cent de croissance par an et une grande partie de cette production part pour la consommation privée, notamment des Indiens et des Chinois.


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