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Le restaurant de l’amour retrouvé par OGAWA Ito

Par Lecturissime

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♥ ♥

« La magie est un spectacle impromptu. » (p. 149)

L’auteur :

Née en 1973, Ogawa Ito est l’auteur de livres pour enfants et écrit des chansons pour le groupe de musique Fairlife. Le Restaurant de l’amour retrouvé, son premier roman, est un bestseller au Japon et a été adapté au cinéma en 2010 par la réalisatrice Mai Tominaga.

http://www.nipponcinema.com/trailers/shokudo-katatsumuri-teaser

L’histoire :

Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.
Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l’épice secrète est l’amour.

Ce que j’ai aimé :

L'histoire de Rinco est très simple, comme un retour aux sources bénéfique et rédempteur, après le choc de la désertion de celui qui partageait sa vie. Là elle va retrouver sa mère, une mère mal aimée, parce qu’au fond mal connue par l’adolescente qu’elle était quand elle est partie du domicile familial. Elle va aussi concrétiser ses projets avec l’aide des fidèles de la première heure, notamment Kuma, celui qui a toujours été là pour elle. Elle va réapprendre à vivre dans la beauté de l’enfance enrichie de l’expérience de l’adulte, en s’émerveillant du monde qui l’entoure :

« Le simple fait de remettre sur ses pattes un cloporte coincé sur le dos était pour moi une joyeuse rencontre. La chaleur d’un œuf fraîchement pondu contre ma joue, une goutte d’eau plus belle qu’un diamant sur les feuilles mouillées de rosée, une dame voilée cueillie à l’orée d’un bouquet de bambous, son superbe capuchon pareil à un dessous de verre en dentelle flottant dans mon bol de soupe de miso… La moindre petite chose me donnait envie de déposer un baiser sur la joue du Bon Dieu. » (p. 70)

Ito Ogawa nous offre un récit poétique autour du goût et de la cuisine. Aux côtés de Rinco, même les lapins anorexiques retrouvent le goût de la vie et des carottes... Ses repas sont concoctés avec des produits locaux dont les habitants redécouvrent les saveurs sublimées par Rinco.

Un roman tout en émotion qui nous enjoint à savourer chaque bouchée de la vie avec déléctation...

Ce que j’ai moins aimé :

Certaines scènes sont assez étranges, comme souvent dans la littérature japonaise, notamment les pages concernant le cochon et ce qu’il en advient.

Un certain déséquilibre se fait sentir dans la construction puisque le lecteur pense assister à l’éclosion du restaurant et à la renaissance par la cuisine de la jeune Rinco, jusqu’à ce que vers la fin du roman la mère de l’héroïne quasi absente jusqu’ici, refasse surface et tienne alors un rôle central. Alors qu’auparavant le rythme était lent, tout s’accélère soudain.

Ces points de détail n'enlèvent néanmoins rien au charme du roman...

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Premières phrases :

« Quand je suis rentrée à la maison après ma journée de travail au restaurant turc où j’ai un petit boulot, l’appartement était vide. Complètement vide. La télévision, la machine à laver et le frigo, jusqu’aux néons, aux rideaux et au paillasson, tout avait disparu. »

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Mãn de Kim THÚY

Le restaurant de l’amour retrouvé, Ogawa Ito, traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako, Picquier, septembre 2013, 256 p., 19 euros

rentrée littéraire2013 2


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