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Chronique: Goodie Mob – Age Against the Machine

Publié le 05 septembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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(Atlantic)

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Dans la vie, il arrive parfois des événements auxquels on ne s’attend pas et qui nous rendent jouasses. Une promotion, notre copine qui se dévêt sans la supplier ou alors deux guichets ouverts dans une même Poste. Le retour de Goodie Mob fait parti de ceux-là.
En toute franchise, malgré les bons moments passés en compagnie du quatuor d’Atlanta à la fin des années 90, on ne regrettait pas forcément le groupe, tout juste pouvait-on avoir une pointe de jolis souvenirs quand résonnait un de leurs morceaux ou une de leurs apparitions chez Outkast dans notre sélection aléatoire. Pas qu’ils étaient dispensables mais il semblait acté depuis trop longtemps que la page étaient tournée, notamment depuis l’envol de Cee-Lo Green en solo et avec Gnarls Barkley. Il faut dire que le dernier album de la troupe date de 2004, et au complet, il faut même remonter à 1999! Une éternité.

Ce retour, c’est ce qu’on appelle par chez nous un « Moment Nutella », la fameuse madeleine de Proust, un kiff rempli de nostalgie. Si on avait vu plusieurs fois le groupe se reformer sur scène lors des concerts de Cee-Lo depuis quelques années, on imaginait pourtant pas un passage par les studios malgré quelques effets d’annonces . Et ce Age Against the Machine est venu nous faire mentir, lui qui aurait été enregistré sur une période de 5 ans, entre 2008 et aujourd’hui, dans trois studios différents. Comprendre ici un bordel d’organisation qui fait plus penser à une compilation de morceaux enregistrés par ci par là plutôt qu’un véritable projet concret où les quatre lascars se seraient cadenassés ensemble dans la même pièce pour plusieurs semaines. 

Et c’est le sentiment général qui se dégage à l’écoute du disque. On est face à un pot-pourri de ce que peut réaliser le groupe, ça part dans tous les sens, il n’y a pas vraiment de ligne conductrice entre tous les titres qui naviguent dans une multitude de genre grâce aux différentes aptitudes des protagonistes. Et notamment celle du gros Cee-Lo, qui s’impose comme le véritable leader de la troupe, éclipsant même totalement ses comparses par moment. Il est partout et laisse même l’impression d’évoluer sur un propre solo. Il est d’ailleurs le seul à compter plusieurs titres où il est seul en roue libre: Power (gros gros clin Gnarls Barkley), Ghost of Gloria Goodchild ou encore Nexperience. Un peu frustrant pour un retour en bande… 

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Goodie Mob – Special Education (feat. Janelle Monae)

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Mais heureusement, on ne fait pas parti de la Dungeon Family pour rien et le groupe ne manque pas de briller quand les occasions se présentent. C’est le cas sur le premier excellent single Special Education sur lequel on retrouve la pétillante Janelle Monae. On retrouve ici condensées toutes les caractéristiques du groupe et du collectif d’Atlanta. Du rap à géométrie variable qui sort des sentiers battus pour apporter quelque chose d’original. Et ça marche encore parfaitement. Même chose pour le très cuivré I’m Set – que n’aurait pas renié un Big Boi par exemple – ou Come As You Are et son rythme indien effréné. 

Et même lorsque le quatuor fait dans le plus « classique », il parvient à nous convaincre en tirant tous dans le même sens. On retrouve alors une machine bien huilée, plus collective et forcément plus forte. Et quand ils avancent comme ça, ils sont injouables. Il suffit d’écouter la puissante pièce centrale de l’album, Pinstripes (avec T.I.) ou l’outro Father Time pour se convaincre que le retour du Goodie Mob est forcément une bonne chose au fond. 

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Goodie Mob – Pinstripes (feat. T.I) 

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Goodie Mob – Father Time

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Si on veut jouer un petit peu au « kikalaplusgrosse », on notera que c’est toujours Khujo qui sort son épingle du jeu niveau rap, derrière l’intouchable Cee-Lo comme dit plus haut. Mais concrètement, les mecs ne sortent pas le très grand jeu, on reste dans du basique techniquement, à la cool. Et parfois, ça déteint sur certains morceaux trop faciles, que l’on retrouve surtout en fin de tracklisting. Le duo Amy-Understanding est franchement loin d’être indispensables à la bonne tenue du contenu. Pareil pour le raté Valleujah produit par le pas toujours respectable Jack Splash qui tente d’imprimer une touche R&B-club pas forcément bien sentie. 

Le tout manque donc de régularité et de cohérence et confirme ce sentiment de tracks empilées les unes sur les autres. Forcément dommageable au vu du potentiel du groupe qui a préféré jouer la carte de l’assurance plutôt que celle de l’ambition. Avec tant de talents, on passe forcément de bons moments, le problème c’est qu’il y en a tout autant de moins passionnants. On regrettera la non-présence des producteurs habituels de l’équipe, Organized Noize et Mr DJ qui auraient sûrement su donner un souffle et un supplément d’âme en plus pour faire la différence. 

Alors essayons tout de même de voir le verre à moitié plein, on aurait jamais cru avoir, en 2013, un nouveau disque de Goodie Mob au complet, et on n’est pas face à un retour complètement raté. Suffisant pour nous satisfaire un minimum. 

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Tracklist: 
1. U Don't Know What You Got (feat. Big Rube) 1:00
2. State of the Art (Radio Killa) 2:20
3. Power 1:56
4. Silence.. The New Hate 0:18
5. I'm Set 3:09
6. Valleujah 4:00
7. Pinstripes (feat. T.I) 4:37
8. Special Education (feat. Janelle Monae) 4:07
9. Ghost of Gloria Goodchild 3:14
10. Kolors 4:30
11. Come As You Are 2:49
12. Nexperience 2:56
13. The Both of Me (feat. Big Rube) 1:00
14. Balls (Interlude) 0:35
15. Amy (feat. V) 3:37
16. Understanding (feat. V) 3:43
17. Uncle Reds (Interlude) 1:04
18. Father Time 2:53

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