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Salon du Livre, Genève : le bastringue

Publié le 30 avril 2008 par Kalvin Whiteoak

C’est reparti pour un tour, voilà Couchepin en première ligne, les ciseaux inaugurateurs dans les mains et le ruban ailleurs : le 22e Salon du Livre est ouvert, par une première journée gratuite soi disant pour mieux répartir les visiteurs sur les cinq jours du salon. Il y aurait donc deux sortes de visiteurs, ceux qui peuvent payer et les autres ?

Il est sans doute politiquement incorrect de se demander à quoi sert ce bastringue annuel, et surtout quels sont les motifs de l’inflexion à la forme originelle que lui a donnée son équipe dirigeante depuis quelques années, sous l’impulsion de purs commerciaux que ne renieraient pas les gourous du salon de l’auto.

On adore les bouquins sur ce blog, là n’est pas la question. Il est souvent intéressant de pouvoir côtoyer tel ou tel auteur en chair et en os, certes.

Mais quand on sait que durant les 5 dernières années près de 40 librairies indépendantes ont dû fermer en Suisse Romande, on se demande bien pourquoi les éditeurs grassouillets ont l’autorisation de vendre eux-mêmes les ouvrages dans ce salon (et ainsi schizophréniquement contribuent à la mort certaine des seules librairies qui subsistent et pour qui ces 5 jours sont morts) qui n’est en fait qu’une sorte de foire dans laquelle la saucisse grillée et son odeur caratéristique le dispute aux ballons offerts aux gosses qui s’ennuyent et braillent et où l’intelligentsia suisse romande aime à se donner rendez-vous, sur tel podium ou tel stand afin de s’y montrer autour d’un mauvais champagne chaud et un “cucumber sandwich” à la main, gauche de préférence.

Célébrer la culture oui, célébrer le livre oui, transformer Palexpo en un hypermarché culturel puant la saucisse grillée et dans lequel on ne peut pas se mouvoir pendant cinq jours : non.

Bien sûr qu’il faut payer les stands, très cher même. Mais ce n’est pas le livre que l’on glorifie alors, c’est le chiffre d’affaires et la marge. Le mercantile et non le culturel. Le copinage et le réseau d’influence.

On comprendrait un Salon du Livre où la vente n’est pas autorisée, mais où le vrai contact avec un éditeur est encore possible, ou parler avec un auteur calmement l’est aussi et non pas avec des vendeurs gentils mais souvent réquisitionnés pour fonctionner au stand x ou y et qui n’y connaissent pas grand chose. Si le fait d’apercevoir telle ou telle tête connue dans les avenues vaut le déplacement pour certains, on peut aussi le trouver déplacé et hors de propos avec la défense et l’illustration de l’écrit.

Ce n’est pas au travers de ce genre de foires sans âme, sans foi ni beaucoup de lois, mais avec des tiroirs-caisse bien remplis que le livre sortira grandi à l’heure de la console de jeux, de la génération Playstation et du combat avec les médias électroniques.

C’est en se faisant mieux aimer et mieux connaître pour ce qu’il est et non pour ce qu’il rapporte et en ne devenant pas un simple pélerinage obligé par temps de pluie pour une famille ayant déjà “épuisé” la visite des autres centres commerciaux environnants, et qui l’année durant n’entre et n’entrera jamais dans une librairie.


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