Magazine Cinéma

La Danza de la realidad de Alejandro Jodorowsky

Publié le 07 septembre 2013 par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

La danza de la réalidad

Chili, . 2013, 2h10.
Avec Brontis Jodorowsky,  Jeremias Herskovits, Alejandro Jodorowsky,
Bastián Bodenhofer,  Adán Jodorowsky, Cristóbal Jodorowsky,
Pamela Flores, Andrés Cox, 
Sergio Vargas et Alisarine Ducolomb.
Date de sortie : 4 septembre 2013

Consulter les horaires du film à Lyon et dans sa région :ici

Synopsis

 Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.

 " M’étant séparé de mon moi illusoire, j’ai cherché désespérément un sentier et un sens pour la vie. " Cette phrase définit parfaitement le projet biographique d’Alexandro Jodorowsky : restituer l’incroyable aventure et quête que fut sa vie.

 Le film est un exercice d’autobiographie imaginaire. Né au Chili en 1929, dans la petite ville de Tocopilla, où le film a été tourné, Alejandro Jodorowsky fut confronté à une éducation très dure et violente, au sein d’une famille déracinée. Bien que les faits et les personnages soient réels, la fiction dépasse la réalité dans un univers poétique où le réalisateur réinvente sa famille et notamment le parcours de son père jusqu’à la rédemption, réconciliation d’un homme et de son enfance.

 Il brosse ici la fresque d’une existence qui exalte, au-delà de toute mesure, les potentialités de l’être dans le but de repousser les limites de l’imaginaire et de la raison, et d’éveiller le capital de transformation de vie qui se trouve en chacun de nous.

 "Un chef-d’œuvre ? A quoi bon se disputer, il suffirait peut-être de dire que, depuis l’Amarcord de Fellini (1973), il ne nous avait pas été donné de voir au cinéma un tel essai autobiographique." - Le Monde.

La danza de la réalidad1

Autour du film

Réaliser un film sur sa vie et celle de ses parents constitue la parfaite occasion de mettre en scène sa famille : La Danza de la Realidad n’est pas seulement un film mais aussi une forme de guérison familiale, puisque trois de mes fils jouent dedans. Je retourne à la source de mon enfance, dans le lieu même où j’ai grandi, pour me réinventer", explique Alejandro Jodorowsky, précisant également que son épouse Pascale Montandon prend part au projet en tant que costumière.

La Danza de la Realidad peut être perçu comme redéfinissant la réalité dans le but de guérir l’âme du réalisateur. Ce dernier appelle ça la psychomagie, une sorte de thérapie inventée par Alejandro Jodorowsky lui-même, visant à bousculer la réalité avec tendresse. Ce long-métrage en est le parfait exemple : "Dans le film je réalise les rêves de mon père et de ma mère, et je réalise mon propre rêve de les réunir à nouveau et de créer une famille."

En filmant la ville de son enfance, Alejandro Jodorowsky a pris sa revanche sur le passé. Il a sauvé cette ville qui l’avait tant rejeté et en est même devenu le héros : "Grâce au tournage du film et aux améliorations que nous avons apportées à la ville je suis devenu le sauveur, le fils idéal de Tocopilla, finalement. Ils m’ont même délivré un diplôme". Symboliquement et pour les besoins du film, le metteur en scène a également reconstruit le magasin de ses parents détruit par un incendie.

Très présent sur les réseaux sociaux, Alejandro Jodorowsky n’a pas hésité à demander de l’aide à ses centaines de milliers de followers, quand il ne savait pas où trouver certaines choses nécessaires aux besoins du tournage (comme par exemple des acteurs avec des membres en moins pour incarner les mineurs mutilés). Pour le metteur en scène, Internet est la littérature du futur

Alejandro Jodorowsky a décidé de recourir au Crowdfunding pour financer ce film. Ainsi, plus de 900 personnes lui ont versé une somme d’environ 50 000 euros. Cette dernière était bien évidemment insuffisante pour pouvoir réaliser le film, mais elle a donné assez de courage au cinéaste pour démarcher les producteurs. Jodorowsky a décidé de rembourser l’ensemble des dons et de créditer ces 900 donateurs au générique.

La danza de la réalidad2

Festival

Le film est présenté au Festival de Cannes 2013 dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs.

La Danza de la realidad de Alejandro Jodorowsky
La Danza de la realidad de Alejandro Jodorowsky
La Danza de la realidad de Alejandro Jodorowsky

Alejandro Jodorowsky

Né au Chili en 1929 ,et fils d’émigrants russes, Alejandro Jodorowsky suit une carrière plutôt artistique. Alors que sa famille le voyais plutôt faire des études de médecine.

En 1953, il quitte le Chili pour Paris, et travaille avec le mime Marceau pour lequel il écrit Le fabricant de masques. Il met ensuite en scène Maurice Chevalier.

En 1962, il crée le groupe Panique avec Roland Topor et Fernando Arrabal, en réaction au mouvement surréaliste.

En 1965, il part pour le Mexique et fonde le théâtre d’avant-garde de Mexico. Il y tourne deux films, El Topo et La Montagne sacrée, ce dernier inspiré du Mont Analogue de René Daumal.

De retour en France, c’est en 1978, avec Moebius, qu’il réalisera sa première bande dessinée (Les yeux du chat). Mais son succès auprès du grand public se fit grâce à l’arrivée de son nouveau personnage : John Difool. Un héros minable mais attachant, auquel il fait jouer le rôle de sauveur de l’univers. Les séries se succéderont avec d’autres dessinateur tels que Gimenez, Arno, Janjetov, Boucq…

La série de L’Incal impose Jodorowsky comme l’un des scénaristes les plus originaux. Auteur de plusieurs romans, essais et poèmes, il est aussi mystique. Inventeur du concept de psychomagie, il est le spécialiste incontesté du Tarot de Marseille.

En 2006, ses films El Topo et La Montagne sacrée bénéficient d’une restauration et sont à nouveau distribués. En 2013, Alexandro Jodorowsky est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes pour son film La Danza de la realidad.

Jodorowsky : auteur de Bande dessinée

C’est depuis les années 1980 que Jodorowsky travaille surtout comme scénariste de bande dessinée. Il est en particulier l’auteur de la série L’Incal, les premiers albums écrits avec son complice Mœbius qu’il a rencontré en 1975, avec lequel il avait précédemment travaillé sur l’ébauche avortée de Dune.

Associé au dessinateur Juan Giménez, il produit La Caste des Méta-Barons, vaste saga se déroulant dans le même monde que L’Incal, où il donne libre cours à ses théories sur l’importance de la lignée, le rôle de la paternité et de l’union entre deux amants. Une autre série, Les Technopères, en collaboration avec le dessinateur Zoran Janjetov (avec lequel il a déjà collaboré sur la série Avant l’Incal), reprend et développe ses mythes personnels. Il scénarise également la série Juan Solo, une sorte de thriller dans une ville corrompue d’Amérique du Sud, où un jeune homme entame une sorte de parcours initiatique à travers la violence et l’immoralité.

Jodorowsky et Mœbius se retrouvent en 2000 pour réaliser Après l’Incal, qui aurait dû constituer le début de l’histoire de la troisième série dans la chronologie de L’Incal, mais qui reste inachevé avec un seul album intitulé Le Nouveau Rêve. Finalement, c’est en 2008 que Jodorowsky crée la dernière partie du triptyque de L’Incal, avec le premier tome de la série Final Incal dessinée par José Ladrönn. Il est également le scénariste de la série du Lama Blanc avec George Bess au dessin, ou il traite du parcours extraordinaire d’un enfant blanc, la réincarnation du Grand Lama.

Il a aussi collaboré avec François Boucq sur les séries Face de Lune et Bouncer ainsi qu’avec Arno, Covial et Marco Nizzoli sur deux séries – Les Aventures d’Alef-Thau et Le Monde d’Alef-Thau– dans lesquelles le personnage principal, né enfant-tronc sans bras ni jambes, va acquérir au fur et à mesure des épisodes son intégrité physique et spirituelle.

Il recevra en 1996 l’Alph’art à Angoulême, grâce à sa série Juan Solo réalisée avec la collaboration de George Bess

Jodorowsky : réalisateur de cinéma

La carrière cinématographique de Jodorowsky commence en 1957, avec La Cravate, un court métrage adaptant une nouvelle. Par la suite, il réalise Fando et Lis en 1967, adaptant cette fois une pièce de théâtre de Fernando Arrabal, autre membre du mouvement Panique. Par la suite, il va développer une œuvre plus personnelle dont la dimension « mystique » lui a apporté une certaine renommée. Ainsi, El Topo en 1970, qualifié de western métaphysique, puis La Montagne sacrée en 1973 — très librement inspirée du Mont Analogue de René Daumal —, sont considérés comme des « films culte ».

En 1975, Jodorowsky commence à travailler sur une adaptation du roman Dune de Frank Herbert. Le projet devait voir la participation d’Orson Welles, les décors de Mœbius et H.R. Giger, et des musiques de Pink Floyd (qui travaillèrent à des morceaux), Tangerine Dream et Magma (un groupe de musique par planète). Salvador Dalí avait accepté de jouer le rôle de l’empereur Padisha Shaddam IV. Toutefois le projet tourne court quand les producteurs lâchent Jodorowsky. Quelques années plus tard, David Lynch tournera son propre Dune mais sans lien avec les travaux préparatoires du projet de Jodorowsky5.

Après Tusk (1978) et l’échec de l’adaptation de Dune, Jodorowsky s’éloigne du cinéma pour laisser s’exprimer sa créativité dans la bande dessinée. Santa Sangre (1989) et Le Voleur d’arc en ciel (1992), avec Peter O’Toole et Omar Sharif) lui ont permis de renouer avec le cinéma et une nouvelle reconnaissance.

Au début des années 2000, Jodorowsky, qui n’a pas tourné depuis près de dix ans, tente de donner une suite à El Topo : Les Fils d’El Topo (The Sons of El Topo). Suite à des problèmes juridiques avec le producteur Allen Klein, le projet est renommé AbelCain. Le réalisateur a affirmé plusieurs fois son intention de mener le projet à terme, mais on ignore si ce sera effectif. Dans la même période, Jodorowsky a commencé un autre projet, intitulé Triptyque (Tryptych), encore inabouti également.

Un film coproduit par David Lynch, King Shot (en), était annoncé pour 2010. Marilyn Manson, Asia Argento et Nick Nolte devaient faire partie de la distribution mais, par manque de financement, le projet a été abandonné6.

En 2013, le réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky, qui n’avait pas touché une caméra depuis 1992 revient à l’âge de 84 ans, avec La Danza de la realidad .

0.000000 0.000000

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Journal Cinéphile Lyonnais 15243 partages Voir son blog

Magazines