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Sable mouvant : Voyage en eaux sombres

Par Kaeru @Kaeru
Sable mouvant : Voyage en eaux sombres
J'ai collaboré à un disque, un double CD. Il est sorti, disponible à la vente sur plein de sites. C'est un disque enregistré en studio avec des musiciens pro, mixé par un super ingé son, qui passe sa vie dans les avions (quand il n'est pas en concert). Bref, un vrai disque, pas une démo bricolée dans un garage. Il serait temps que j'ai le courage d'en parler ici ! Pas de panique, je ne chante pas (ceux qui m'ont déjà entendu pousser la chansonnette seront immédiatement soulagés). J'ai juste écrit quelques textes, ce qui est plus dans mes cordes.

Les notes et les mots


Sable mouvant : Voyage en eaux sombresJ'aime les mots. J'ai été journaliste, je le suis toujours pour ce blog, un peu. J'ai écrit pour communiquer, pour informer, pour expliquer. Si je préfère raconter des histoires - l'écriture romanesque est sans conteste celle qui m’épanouit - j'aime aussi expérimenter avec des poèmes.
Il y a quelques années j'ai commencé à rédiger des textes pour un ami pianiste compositeur Nicolas Pabiot. Il m'avait donné comme base de travail quelques morceaux bruts, de la musique inclassable avec des mélodies assez tristes et des rythmes souvent cyclique.
J'ai adorée.
Même ces versions pas finies avec une mauvais qualité d’enregistrement m'ont touché. Ému. Un son qui m'a parlé, un son qui faisait écho à quelque chose de fort, de bouillonnant.
Alors j'ai écrit pour lui. J'ai écrit pour moi aussi. Pour expulser un trop plein d'émotions.

Nicolas a retenu sept de mes textes qui figurent aujourd'hui sur l'album. Vous ne trouverez pas ici de critique du disque. Je suis trop impliquée dans le projet pour être objective. Néanmoins, je peux vous donner quelques éléments factuels.
 La musique est variée, elle alterne entre le rock indé, l'électro, le rock assez couillu mais aussi vous trouverez des éléments plus expérimentaux. Nicolas est pianiste avec une solide formation classique et cela se ressent dans la composition. Il a longtemps été le pianiste de Marcel Kanche, et il a fait beaucoup de scène.
La production de Sable mouvant (maquette, mixage...) est totalement pro. On est proche d'un concept album puis qu'il y a un ton, un fil conducteur indéniable. L'album comprend 21 titres dont la moitié d'instrumentaux.
Si je devais donner une couleur à ce disque ce serait le gris anthracite, quand la nuit tombe à la campagne et qu'il n'y a pas la pollution lumineuse des villes. L’anthracite d'un ciel nocturne sur l'océan. Avec l'odeur de l’iode et la pourriture des algues. Les textes que j'ai écrit ne sont pas super youpi yop. L'ambiance générale est assez sombre sans être désespérée. Bref, amateur de Lady Gaga, de techno à quatre notes pour danser ou de variété fun et légère, vous risquez d'être surpris et d'avoir vos oreilles un tantinet secouées.
Sable mouvant : Voyage en eaux sombres

L'autoproduction : la liberté à un prix


En musique encore plus que pour le livre ou la BD, il est très difficile pour un artiste de réussir à sortir son œuvre. Aujourd’hui, les maisons de disque demandent un produit fini. En général, les jeunes artistes font un CD avec quelques titres accrocheurs, calibrés pour séduire. Ceux qui savent communiquer utilisent les réseaux sociaux pour faire leur promo, parfois avant même d'avoir sortir un single.
Nicolas avait tant de compositions qu'il a opté pour une autre solution, plus risquée et sans concession : auto-produire un double CD de 21 morceaux. Quitte à devoir faire un disque, autant aller jusqu'au bout ! Un pari courageux qui lui ressemble et qu'il assume.
La conception de Sable mouvant a coûté environ 10 000 € soit trois ans d'économie et beaucoup de travail. Pour Nicolas, tous les intervenants sur le disque qui travaillent et s’investissent doivent être payés.
Pour auto-produire, il faut d'abord un endroit pour enregistrer. Dans le cas de Nicolas, il a construit lui-même son studio. Ensuite, il faut un ingénieur son et des musiciens. Et puis il y a la réalisation de l’objet “disque” avec une création graphique pour la jaquette. À l’heure où la musique se dématérialise, le disque doit, pour justifier de son existence matérielle, être un bel objet.
Enfin, il faut enfin ajouter le coût du pressage. Pour la diffusion, les boutiques prennent une commission. À la fin, l'addition est salée.
Sable mouvant : Voyage en eaux sombres

Acheter, c'est soutenir.


Par disque vendu, Nicolas empoche 2 euros. Et moi, je gagnerai hypothétiquement des sous si il arrive à rembourser ses frais. Alors, si vous aimez son travail et que vous souhaitez le soutenir plus activement, il est aussi possible de faire un don via paypal sur son site. Non, il ne partira pas au Bahamas avec cet argent - sauf si vous êtes particulièrement généreux - mais il produira son second album. Parce qu’il a encore beaucoup de musique dans la tête...
Aujourd'hui, il est difficile d'arriver à exister pour un musicien dans la myriade de sons disponibles à l'écoute. Pour les mots et les photos, je connais le même soucis. L'effort ne suffit pas toujours et l'aide des amis, mais aussi de tout ces inconnus qui décident de filer un coup de pouce, est précieuse. Moi, j'ai de la chance. Mon blog ne me coûte rien et écrire demande peu d'investissement pécuniaire. Juste du temps et de l'énergie.
Collaborer avec Nicolas m'a aussi fait prendre conscience de façon très concrète de la difficulté d'être musicien. Hors, la musique est une éternelle source quotidienne d'inspiration et de bonheur. Pouvoir participer ainsi à l'aventure d'un disque m'a appris beaucoup. Pour la première fois, j'ai collaboré à quelque chose qui s'achève avec un produit fini.
Maintenant, il ne me reste qu'à terminer mon roman pour être (momentanément) comblée !

Le site de Nicolas :
http://nicolaspabiot.fr/
La page facebook :
 https://www.facebook.com/pages/Nicolas-Pabiot-page-officielle/435202883211122?fref=ts
Ecouter les 21 morceaux sur Deezer :
http://www.deezer.com/fr/artist/4158023
Studio U-Fly
https://www.facebook.com/UFlyStudio?fref=tsCopyright : Marianne Ciaudo

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