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La cité sans clichés

Par Filou49 @blog_bazart
12 septembre 2013

 citéCité, d'un coté, ciné de l'autre ...les deux mots sont presque identiques, et c'est peut etre cela qui explique ce mariage entre les deux depuis deux bonnes décennies.

En effet, les films qui décrivent la violence des banlieues sont légions depuis une bonne vingtaine d'années, depuis les films de Spike Lee ou des Frères Hugues aux USA, ou la Haine de Kassovitz pour la France.

Ayant connu plus ou moins directement cet univers  étant plus jeune, j'ai toujours été très interessé par ces films là, même si je reconnais que ces dernières années, le filon s'épuisait largement, les films sur la banlieue tombant très souvent dans les clichés habituels ( violence, drogue, racisme, manichéisme...).

Heureusement, deux films sortis il y a quelques mois en salles, et très récemment en DVD ont un peu redynamisé les films de banlieue... enfin, devrais je dire plutot les films de Cité puisque les deux films possèdent tous les deux le mot cité dans le titre. Par contre, la façon de traiter cette cité est assez opposée l'une de l'autre, avec des résultats convaincants dans les deux cas.

 1. III Manors, la cité de la violence

J'ai beau avoir baigné dans  l'univers de la culture banlieue dans mon adolescence, je m'en suis bien écarté depuis et j'ignore ainsi pas mal le nomde 95% des artistes de la planète hip hop. Ainsi, je n'avais jamais attendu parler du chanteur  Plan B, de son vrai nom Ben Drew, visiblement star incontournable de la scène hip hop britannique, avant qu'il ne daigne réaliser un film sous son vrai nom, II Manors, la cité de la violence, dont le DVD est sorti le 7 aout dernier, édité par FranceTélévisions Distributions. Ben Drew, qui tate aussi bien du hip hop que de la soul a d'ailleurs composé l'intégralité des morceaux originaux composé pour son film.

Une musique qui est d'ailleurs une des pièces maitresse de ce film choral puisqu'elle permet souvent de présenter les personnages par un morceau qui introduit souvent la destinée de tel ou tel personnage qui arrive dans l'histoire. Vu le nombre de personnages différents qui se croisent ( mais à la fin, il en restera beaucoup moins), ce genre d'entreprise est salutaire, d'autant plus que le Plan B en question sait trousser ces raps et nous offre des morceaux percutants et frontaux, à l'image de son film tout entier...

Car plan B sait également  conduire un récit choral où s'imbriquent personnages et temporalités, et arriver à la fois à dresser un film supra réaliste  surla misère des ghettos anglais,  tout en troussant un récit, à la manière de 21 grammes croisant la destinée de plusieurs personnes dont le destin va se croisée dans des circonstances tragiques.

La cité sans clichés

On voit que le cinéaste  connaît  bien l'univers de la rue et de ses petits arrangements, et ne cherche pas à l'idéaliser  Ici, tout est sombre et tragique,  et cette cité de la violence  constitue en fait un microcosme de misère, de prostitution, de drogues dures, de violence  assez effroyable,

Mais loin de s'enfermer dans les clichés dont je parlais en exergue de mon billet, une crainte que l'on ressent au début du film  III Manor devient très interessant à mi parcours,  en révélant les multiples facettes des protagonistes, contradictoires et changeantes, sans jamais se montrer manichéen. En effet, si l'interaction entre les divers protagonistes n'est pas évidente dans le première partie ,les méandres du destin s'imbriquent ensuite parfaitement bien à la fluidité du récit.  Aidé par des acteurs presque tous amateurs mais sortant tout droit de ces banlieues leur donnent beaucoup plus de crédibilité et de réalisme,  cette cité de la violence constitue une réussite indéniable.

Ill Manors, la cité de la violence Teaser

Teaser Ill Manors, la cité de la violence


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2. La cité rose

  Dans la foulée de cette cité de la violence, j'ai enchainé pendant mes vacances avec un autre film sorti en DVD début aout ( le 7, exactement, édité par TF1 vidéo)  et qui s'appelle la cité rose... Comme son titre l'indique, la cité rose aborde la cité sous un angle bien plus léger et bien plus solaire que le film de Plan B.

 D'ailleurs, il est assez amusant de constater que c'est quasiement le double inversé de la cité de la violence: alors que le film de Ben Drew est constamment tragique et très noir, à part à la toute fin où une note d'espoir parfaitement bienvenue vient affleurer, dans la cité rose, le film est quand même bien solaire, exception faite de la fin ( que l'on devine dès le prologue), qui prend un virage tragique assez radical.

Mais durant le reste du film, le jeune cinéaste Julien Abraham joue pas mal la carte de la chronique avec pas mal d'humour, notamment grâce à toutes les scènes avec Mitraillette, un petit gamin de 12 ans à la bouille et à la tchatche mémorable. L'acteur Azize Diabate Abdoulaye est la vraie révélation du film, et dans les bonus du DVD, un original et passionnant making off nous montre que le bonhomme est pareil dans la vie de tous les jours.

Le reste de l'interprétation est plus inégale, et ces approximations dans le jeu et dans la réalisation empechent de rentrer dans l'histoire dans les 20 à 30 premières minutes  ( comme dans La cité de la violence, mais de façon encore bien plus criante) où craint un peu la débandande. Et finalement , là encore, le film prend vraiment son envol après le premier tiers, et arrive vraiment à nous rendre attachants ces personnages et à suivre avec grand plaisir les péripéties de Mitrailette et de ses copains.

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Dans le making off du film, le réalisateur nous parle de son envie  de faire un film qui parle de la banlieue sans en occulter les violences, mais qui soit rassembleur et surtout pas source de divisions entre communautés.

Dans la cité rose, chaque personnage possède au fond de lui sa part de rêve qui prend différentes formes (l'amour, l'argent, la réussite sociale) et ce parti pris des auteurs de ce film est tout à fait louable.

Usant d'un montage sec et le film a le rythme et l'energie qu'il faut, et les dialogues font souvent mouche ( sauf parfois, comme lors de l'entretien d'embauche du jeune avocat noir, trop écrit pour convaincre), ce film est une bonne surprise qui nous montre que le cinéma français sait encore nous parler des banlieues avec un certain talent.

Et en bonus, en plus du making off, deux clips de rappeurs français populaires (ceux là je les connais, malgré mon inculture dans ce domaine), Soprano  et Youssupha dont voici le clip :


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