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Compartiment n°6 de Rosa LIKSOM

Par Lecturissime

compartiment-n°6

 

"Il y a des milliers et des milliers de vérités. Chacun a la sienne. J'ai maudit ce pays je ne sais combien de fois, mais je ne serai rien sans lui. Je l'aime." (p.112)

L'auteure :

Rosa Liksom est une écrivaine finlandaise née en 1958 dans un petit village situé près de Tornio en Laponie, sous le nom d’Anni Tylävaara. Liksom est un pseudonyme (signifiant « comme » en suédois). Rosa Liksom parcours l’Europe à partir de l’âge de 15 ans, commençant par la Scandinavie, la France, l’URSS où elle s’installe un temps. Serveuse dans des cafés pour « hippies-punk », dans les années 1980, Rosa Liksom profite des temps morts pour écrire des livres qui posent des questions : le refus du monde, l’exclusion sociale, l’espoir et l'amour dans un argot (celui des jeunes d’Helsinki) poétique. Son premier livre date de 1985 (Arrêt de nuit). Elle écrit surtout des nouvelles traduites dans une quinzaine de langues, mais elle a aussi publié un roman, Kreisland, non traduit en français. En parallèle à l’écriture, Rosa Liksom est également peintre. (Source : Babélio)

L'histoire :

En gare de Moscou, une jeune Finlandaise s’installe dans le train qui la mènera à travers la Sibérie, puis la Mongolie, jusqu’à la ville mythique d’Oulan-Bator. C’est avec Mitka qu’elle aurait dû réaliser son rêve, mais la voici seule dans ce compartiment n° 6, prête à traverser l’Union soviétique pour rallier les portes de l’Asie. Quelques instants avant le départ, un homme la rejoint et s’installe finalement face à elle. Vadim Nikolaïevitch Ivanov est une véritable brute qui s’épanche sur les pires détails de sa vie, sans jamais cesser de boire.


La jeune femme regarde défiler les paysages enneigés qui se répètent et se déclinent à l’infini. Alors que les villes ouvrières se succèdent, l’atmosphère du compartiment n° 6 s’alourdit à mesure que l’intimité disparaît. Les repas se partagent, de même que les angoisses et les violentes pulsions du grand Russe. Si la jeune femme se réfugie dans ses souvenirs pour ne pas céder à la peur, ces deux êtres que tout oppose rentreront à jamais changés de ce long voyage. (Source : éditeur)

Ce que j'ai aimé :

Le train brinquebale lentement à travers les paysages de la Russie, entraînant la jeune finlandaise vers le nord, vers la ville d'Outan-Bator. L'atmosphère se fait lente, comme suspendue entre deux décisions, entre deux amours, entre deux vies possibles. Le train est le symbole du passage, d'un temps et d'un monde à part, à l'orée du monde pour la jeune femme indécise. Les phrases sporadiques épousent les mouvements lancinants du train :

"Tout est en mouvement, la neige, l'eau, l'air, les arbres, les nuages, le vent, les villes, les villages, les gens et les pensées." (p. 158)

« La forêt jaillit, ce n'est plus Novossibirsk : une colline, une vallée, des broussailles. Le train se rue vers la toundra, vers l'inconnu, et Novossibirsk s'écroule au loin en un tas de pierres. Le train fonce dans la nature, gronde à travers le pays enneigé, désert. » (p. 93)

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Ce trajet est le prétexte de rencontres improbables possibles, comme cette confrontation avec l'homme qui partage le compartiment de la jeune femme, un alcoolique, désabusé, qui voit en la jeune fille fragile et discrète une oreille attentive. Le contraste est saississant entre ce russe, amoureux de la vodka, des prostituées, symbole du pays en déliquescence, et cette jeune femme diaphane, qui essaie de rester transparente et qui fuit dés qu'elle le peut pour découvrir les villes où le train fait des haltes. 

Rosa Liksom signe là un roman au charme nordique indéniable, cotonneux, typique des romans du nord...

Ce que j'ai moins aimé :

 - L'action est réduite au minimum, il s'agit davantage d'un roman contemplatif. 

Premières phrases :

« Moscou se recroquevillait dans le froid sec d'un soir de mars, se protégeant du contacte du soleil couchant, rouge et glacé. La jeune femme monta dans le dernier wagon, en queue du train, chercha son compartiment, le n°6, et respira profondément. Il y avait quatre couchettes, dont les deux du haut étaient repliées, avec entre elles une petite table ornée d'une nappe blanche et d'un vase en plastique contenant un œillet en papier rose décoloré par le temps ; le porte-bagages, à la tête des lits, débordait de gros ballots noués à la va-vite. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le creux de l'oubli

Autre :  La nuit tombée de Antoine CHOPLIN

 

Compartiment n°6, Rosa Liksom, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Gallimard Du monde entier, septembre 2013, 212 p., 19.50 euros

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