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Le Monde de Hegel

Publié le 01 mai 2008 par Jcgbb

C’est peu dire que Hegel est un philosophe complexe. Car il est à la fois un immense penseur de l’Histoire, du devenir progressif de toute chose, et de la nécessité de ce devenir. Ces lentes étapes qui scandent discrètement notre existence, le développement de notre conscience, la progression du savoir ou l’évolution de l’Humanité, obéissent d’après Hegel à une logique interne.

C’est donc dire à la fois que rien n’existe vraiment qui ne devienne, ne se modifie et ne change, et en même temps que cette évolution est la réalisation effective d’une logique préalable, pensable en soi, autonome conceptuellement, indépendante de ses manifestations objectives – ce que le philosophe appelle la Logique ou le Savoir absolu. Notre devenir ne serait que la répétition effective d’une pure nécessité conceptuelle.

Que veut dire que notre Histoire est nécessaire, que son déroulement n’est pas aléatoire mais déterminé ? En réalité, il n’y a pas là de quoi s’étonner outre mesure. Prenons l’histoire de notre conscience, telle que Hegel la décrit dans la première partie de sa Phénoménologie de l’Esprit. Il rappelle que la conscience est d’abord immédiateté : on commence toujours par être absorbé dans les choses, à s’oublier en elles, à les accueillir naïvement, massivement, telles qu’elles apparaissent. Le monde compte alors plus que moi-même.

Et puis, il y a l’éveil de la conscience de soi et la crise des certitudes antérieures. C’est le début de la culture, nous dit Hegel, quand les choses cessent d’être évidentes et deviennent des problèmes. Mais c’est aussi l’âge des renversements. Ce ne sont plus les choses qui comptent, mais moi à travers elles. Peu à peu la priorité s’inverse. Je vois, je désire, je comprends à travers le prisme de ma personnalité, de mes exigences. Je deviens le pôle principal et le reste l’inessentiel. Pourrait-il vraiment en aller autrement ?

Et puis l’histoire continue, avec sa logique prévisible et implacable. Car, comme chacun sait, chaque histoire est ternaire, d i a l e c t i q u e. C’est la fameuse triade : thèse, antithèse, synthèse. Sans doute faut-il penser par là que toute négation, crise ou révolte, finit par un essoufflement, une réconciliation et un apaisement : c’est l’unité retrouvée, mais qui est un progrès. On n’est évidemment pas le même avant, et après.

La question est : si ce mouvement est logique, si sa nécessité est compréhensible et vraie indépendamment de la réalité, l’Histoire n’est-elle pas la simple redondance du Concept, le pléonasme inutile du Savoir ? Là se situe la grande idée de Hegel : rien n’existe qui ne se réalise. Une idée pure n’existe pas, aussi peu qu’existe une intention abstraite, un talent en germe ou une pensée sans mot. Ce qui reste à l’état embryonnaire n’est rien, et toute chose pour exister doit se manifester, se dédoubler et connaître la déchirure, l’écart entre l’état initial et l’action réelle – ce que Hegel appelle le travail du négatif

Le Monde de la philosophie : Hegel

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