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The day after the "slim rose"-day

Publié le 13 septembre 2013 par Laurie6882 @laurie6882

Depuis quelques mois, il ne se passait pas un jour sans qu'aller au boulot ne soit une souffrance.
Tous les jours, coincée dans les embouteillages, sur le trajet qui mène de chez moi à mon pensum, j'écrivais mentalement ma lettre de démission.
Certains jours, ma lettre était sobre, carrée, administrative.
D'autres, la voilà acerbe et dénonciatrice...
Et chaque fois, je me rêvais plus courageuse... m'imaginant dire en pleine réunion : "vous vous rendez compte à quel point tout cela est ridicule, bande de cons ?".
Ainsi, au fil des jours, des semaines et des mois, s'est crée un mélange de frustration et de lassitude qui avait eu raison de mon moral.
Je voulais démissionner, je le voulais de toute mes forces.
Mais j'avais peur. Peur du lendemain. Peur de ne rien avoir d'autre en vue... Peur de quoi, en fait ? De sortir du rail tout tracé peut être.
Et puis est venu le jour du slim rose.  
Ce jour là, le réveil a sonné comme d'habitude, je me suis levée, j'ai pris ma douche et je me suis habillée.
J'ai mis un jean et un haut noir (je suis l'originalité même).
Quand il m'a vu passée en culotte alors que j'étais pourtant prête à partir, Chéri a dit : "Tu fais quoi ? Tu te changes encore?"
Tout en enfilant mon slim rose, j'ai dit "hum... c'est joli ce pantalon ou c'est n'importe quoi?"
Il m'a dit : "non ça te va super bien, tu es belle"
Tout à coup, j'étais Scarlett Johansson. (avec un plus gros cul mais qu'importe).
C'était le jour, je le savais, je le sentais.

Dès mon arrivée au bureau, j'étais à l'affut de la moindre occasion pour toucher deux mots de ma décision à ma chef.
Crois le ou non, il n'y a pas eu la moindre occasion de la journée. Coups de fil incessants, boulot monstre, défilé de monde dans son bureau. Pas une seule fois, je n'ai pu lui parler seule à seule.
Si bien qu'à 17h30, quand elle est partie, je me suis retrouvée seule dans mon slim rose, abattue, avec l'impression de peser 150 tonnes et gros gros sentiment de merditude.
Une Scarlett de bazar. Toute pourrie. Trop nulle. Qui sert à rien.

Le lendemain, regonflée à bloc par Chéri qui ne supportait plus de me voir tous les soirs en dépression, j'ai annoncé la couleur dès mon arrivée : "Quand tu auras 2 minutes, tu me fais signe, j'ai à te parler".

Elle m'a dit : "Ben vas-y je t'écoute".

Putain.

C'est LE moment et je n'ai même plus mon slim rose qui me transforme en Scarlett, bordel de merde !
Putain, putain, putain, je ne suis pas prête là!

J'ai dit : "voilà je vais démissionner"
Elle m'a dit : "pourquoi ? ".
Me voilà en train de lui expliquer que j'ai fait le tour, que je pense qu'il est temps pour moi de voir autre chose, non je n'ai rien d'autre en vue, que ça n'a rien à voir avec l'équipe, c'est juste moi qui en ai marre et qu'avant que ça ne se ressente trop sur mon travail, je préfère tirer ma révérence. 

Elle a dit : "ok"

Ok ? Comment ça ok ? Mais où sont les larmes ? les cris ? les "non laurie ne part pas", "comment va-t-on faire sans toi" les "on ne trouvera jamais quelqu'un d'aussi bien que toi" ?

Non juste ok.

Ça m'a confirmé ce que je pense depuis longtemps : personne n'est indispensable nulle part, même si on a la prétention de le croire parfois ...
J'ai fait ma lettre et je l'ai déposée dans la foulée.

Depuis, chaque personne que je croise me pose invariablement la même question : "Mais de quoi tu vas vivre ?"
C'est vrai ça, de quoi vais-je vivre ?
La vérité c'est que je ne sais pas.

Ce que je sais en revanche, c'est que je préfère me demander de quoi je vais vivre plutôt que de me demander comment je vis, dans ce carcan qui ne me correspond pas.

Il ne me reste plus que 3 mois et demi de travail.
Je n'ai pour l'instant pas d'autre travail en vue.
C'est du sans filet.
J'ai peur.
Un peu.
Mais je suis confiante.
Et je ne me suis rarement sentie aussi légère et libre.


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