Magazine Culture

Que le touchement du coeur est salutaire

Publié le 16 septembre 2013 par Anargala

Que le touchement du coeur est salutaire
"DIEU est un être accompli, qui comprend tout dans le point simple et unique de son éminence. C'est un esprit pur, saint, séparé, élevé, incompréhensible, libre, affranchi, riche de soi-même, qui ne mendie rien au-dehors. Il est immuable, jouissant d'un éternel repos. C'est lui néanmoins qui donne le mouvement à toutes choses.La NATURE, nommément depuis sa chute de son premier Père, est envenimée de qualités toutes contraires. Elle est divisée, multipliée, extrovertie, grossière, impure, penchante au mal. Elle est captive, atterrée, gueuse, indigente, impuissante. Elle est légère, changeante, toujours inquiète et altérée, sans connaissance de la vraie lumière, sans persévérance au vrai bien. Ce qui fait, que jamais elle ne jouit du solide repos."
Léon de Saint-Jean, La Conduite générale de la théologie mystique, Paris, 1661, pp. 4-5.
En lisant cette opposition, classique dans le christianisme, on voit de suite le dualisme homme-nature, qui n'est pas sans faire songer à celui dont parle la philosophie indienne du Sâmkhya. Mais aussi, un antagonisme entre l'homme (Dieu, riche, libre, pur) et la femme (la Nature, indigente, captive, impure).
D'où vient ce dualisme ? D'une organisation sociale, sans doute. De la difficulté des rapports entre les hommes et les femmes, sans doute aussi. Mais je crois que, dans la bouche d'un contemplatif expérimenté comme le fut ce Carme, il est l'écho d'une expérience mystique, indicible mais que l'on ne peut se résoudre à taire. Or, comme je l'ai suggéré ailleurs, la vie mystique a d'innombrables climats et deux grands aspects : d'une part, le silence, immobile, transparent, simple ; et, de l'autre, la félicité, l'effusion du cœur en soi-même, l'amour, l'extase, la plongée, l'enfoncement dans le cœur, le recoulement en Dieu, le tirement au centre, le touchement en la fine pointe de l'âme, la vive flamme, et mille autre noms.
Mon hypothèse est que ce texte exprime une seule de ces deux faces. Celle du silence, du discernement entre la conscience (l'homme, Dieu) et ses objets (la Nature, la femme). Cultivée seule, cette expérience, si libératrice soit-elle, conduit à ce genre de dualisme sujet-objet, certes différent du dualisme sujet-objet ordinaire, car le sujet y est vu en sa nature infinie, sans formes. Mais le dualisme persiste, peut-être plus violent encore, ce qui se voit peut-être dans la haine des religions de ce type à l'endroit de la femme, du corps, de la nature, de l'imagination. 
Le silence doit être vivant, irrigué par le touchement du coeur. Pas toujours, sans doute, mais parfois, au moins.
Joli. Mais il a trucidé sa femme, et est sans doute mort sous les coups de jeunes gens qu'il enrôlait pour le frapper et le purifier de ses péchés... :

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Anargala 10656 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine