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Chronique: MGMT – MGMT

Publié le 18 septembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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(Columbia)

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Si les deux gars de MGMT ont l’air insaisissables et fantasques comme ça, visiblement, ils aiment être aussi précis qu’un métronome. Trois ans ont séparé la folie Oracular Spectacular de Congratulations, le second disque, trois ans sépare ce dernier du troisième, sobrement intitulé MGMT. Avec une seule question: quel clan va choisir le duo du Connecticut ? Celui de la machine à distribuer des hits du premier album ou celui à l’ombre des paillettes et abstrait du second ? En gros, le succès planétaire ou la quête de tranquillité à farfouiller dans son coin.

La réponse ? Un peu des deux. Mais si l’envie d’explorer des contrées inhabitées à bord d’un vaisseau psyché-rock-électronique est voulu, l’aspect « tube » a bien l’air involontaire malgré lui. Le premier titre balancé, Alien Days, en est le parfait exemple. Vu comme ça, on est face à un titre on ne peut plus classique, sans artifices, sans réel volonté de défoncer les charts. Et puis on se rend vite compte qu’il a un petit goût de reviens-y, quelque chose d’envoutant et de profondément bon. On est dans le pur style MGMT, avec ce côté lo-fi et mal rasé, que l’on aime tant. Ils veulent faire exprès de ne pas faire de hits mais leur subconscient cherche le contraire. C’est particulièrement savoureux.

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MGMT – Alien Days

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Malheureusement, Andrew et Ben ne sont pas du genre à se laisser contrôler par leurs émotions et reprennent vite le volant pour nous emmener loin, très loin. Trop loin. A vouloir sortir du carcan commercial, les mecs s’obligent à surbidouiller leur musique. Parfois, ça reste écoutable et compréhensible par le cerveau humain (Cool Song n°2, Mystery Disease) mais quand ils appuient bien sur le champignon, on laisse tomber. Le trio A Good Sadness/Astro-Mancy/I Love You Too, Death est un supplice. Notamment le dernier nommé, inaudible, inintelligible et qui ne sert clairement à rien. Alors on veut bien que les gonzes déclarent que le credo principal du disque est de « créer une atmosphère qui n’est pas facile à pénétrer pour tout le monde », mais là, personne ne pénètre personne les gars.
Au mieux avec ce genre de trucs, le duo touche une bande de hippies sous fort psychotropes mais qui a envie de se soucier d’eux et qui croit crédibles ce genre de connards ?

Alors quand, sur 44 minutes, 17 passent directement par la case « switch », il ne te reste plus grand chose pour convaincre ton auditoire. C’est là qu’entre en scène la schizophrénie de MGMT avec cette partie « créateur original de hits » dont on parlait plus haut et qu’ils essaient de chasser tant bien que mal. C’est Aliens Days, c’est Plenty of Girls in the Sea, espèce de titre de Beach Boys des années 2010 qui auraient fait une overdose d’hélium, c’est aussi l’énorme Introspection qui a lui seul devrait suffire à assurer la pérennité de l’opus.  Le duo n’est jamais aussi bon que sur ce créneau, qu’ils se le disent une bonne fois pour toute.

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MGMT – Introspection

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MGMT – Plenty of Girls in the Sea

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Ok, on ne peut pas leur reprocher de jouer la carte de la routine mais tout le paradoxe est là, on voudrait qu’ils se détendent la nouille un peu, qu’ils arrêtent de surjouer. Parce qu’au final, on sait très bien qu’ils n’iront jamais nous sortir un truc bateau déjà entendu 20 fois, ils sont trop perchés et ont certainement trop de talents à revendre pour ça. Et puis peut être que la facilité justement, c’est de se planquer derrière leurs machines à faire des trucs expérimentaux pour ne pas avoir la pression de lâcher des bombes à perte de vue et décevoir s’ils n’y parviennent pas. Et ouais!

Si les comptes sont bons, nous avons sur dix, trois excellents morceaux, trois très mauvais, une interlude de deux minutes (Your Life is a Lie, courte certes, mais intense), et les trois autres qui naviguent entre le pas mal (l’outro An Orphan of Fortune) et l’inutile. C’est quand même loin d’être fou au final pour un groupe qui a mis plus d’un an à concevoir la bête. Et quand on sait que les deux ne sont pas des foudres de guerre sur scène, on a du mal à s’imaginer la longévité de l’album dans le temps.
On ne saurait que trop les conseiller de ne pas attendre trois ans jusqu’au prochain.

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2.5

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Tracklist:
1. Alien Days 5:10
2. Cool Song n°2 4:02
3. Mystery Disease 4:09
4. Introspection 4:23
5. Your Life is a Lie 2:06
6. A Good Sadness 4:49
7. Astro-Mancy 5:12
8. I Love You Too, Death 5:50
9. Plenty of Girls in the Sea 3:05
10. An Orphan of Fortune 5:32

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