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Au cinéma : «Jimmy P. – Psychothérapie d’un Indien des plaines»

Publié le 21 septembre 2013 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Après « Un conte de Noël », Arnaud Desplechin revient pour la première fois avec un film tourné sur territoire Américain : « Jimmy P. – Psychothérapie d’un Indien des plaines ». Le réalisateur retrouve Mathieu Almaric et dirige pour la première fois Benicio Del Toro. Le film est basé sur des faits réels, narrés dans le livre de Georges Devereux : « Psychothérapie d’un Indien des Plaines ». Présenté à Cannes en mai dernier, « Jimmy P. – Psychothérapie d’un Indien des plaines » sortait dans nos salles le 11 septembre 2013.

Synopsis : Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Jimmy Picard, un Indien Blackfoot ayant combattu en France, est admis à l’hôpital militaire de Topeka, au Kansas, un établissement spécialisé dans les maladies du cerveau. Jimmy Picard souffre de nombreux troubles : vertiges, cécité temporaire, perte d’audition … En l’absence de causes physiologiques, le diagnostic qui s’impose est la schizophrénie. La direction de l’hôpital décide toutefois de prendre l’avis d’un ethnologue et psychanalyste français, spécialiste des cultures amérindiennes, Georges Devereux.

« Jimmy P. », sous-titré « psychothérapie d’un Indien des plaines », est un film très maitrisé. À aucun moment, la caméra ne va bouger, frissonner, trembler, ou bien encore voltiger. Arnaud Desplechin sait exactement ce qu’il veut faire de sa caméra et la manie avec un soin particulier. La réalisation de ce film étant son plus grand atout. Arnaud Desplechin arrive à donner corps à cette conversation entre deux hommes, qui aurait pu très vite tourner à l’ennui. En mélangeant parfaitement l’histoire aux flashbacks et rêves de l’Indien, l’histoire ne nous ennuie jamais. Au contraire, elle captive. On se surprend à être les témoins voyeurs de ces sessions qui sont privées, et à nourrir une curiosité pour cette histoire, qui restera complète jusqu’à la fin du film. Même si « Jimmy P. » met un peu de temps à démarrer, ce qui est normal pour placer les bases de son histoire, il se rattrape en ne nous faisant pas voir passer sa deuxième heure.

Benicio Del Toro et Mathieu Almaric sont géniaux dans leurs rôles. Les deux acteurs forment un duo complémentaire et à la fois très différent, que ce soit sur le plan physique ou psychologique. Benicio Del Toro est méconnaissable, et joue énormément sur la tendresse et les émotions de son personnage. Cela change de ses rôles de voyous ou de gangsters, et il nous prouve, ici, tout son talent de comédien. Mathieu Almaric interprète ce psychanalyste, passionné de son métier mais surtout des autres, avec une force incroyable. Son phrasé très français, qui correspond à son personnage, ajoute un charme et une similitude entre les deux personnages : ce sont tous deux des étrangers avec des troubles non-guéris. Le reste du casting, bien qu’anecdotique, est de qualité et donne de très belles scènes notamment avec les femmes respectives des deux personnages principaux.

Toute fois, la grande réussite de « Jimmy P. » réside ailleurs. C’est en filmant les rêves de l’Indien Jimmy Picard qu’Arnaud Desplechin livre tout son génie. La photographie devient plus lumineuse, un blanc aveuglant fait son apparition. Les transitions sont alors comme magiques, dépassant la frontière du réel et donnant tout son sens au mot « rêve ». Qui n’a pas fait de rêve, qui semble réel quand on le fait, et qui a des airs de bizarres une fois réveillé ? Le talent d’Arnaud Desplechin est de rendre cinématographique ces rêves, qui sont les plus belles scènes du film. Les flashbacks ont, quant à eux, un goût de nostalgie avec une photographie un peu terne des souvenirs que l’on ressasse sans cesse. Il faut dire qu’il est aidé par une bande-originale de Howard Shore qui donne toute son envolée spirituelle au film. On se sent comme transporté dans cette conversation où se mêlent histoires du passé et histoires rêvées.

« Jimmy P. – Psychothérapie d’un Indien des plaines » est un film sur deux hommes que tout oppose, mais aux mêmes maux, qui vont s’aider à franchir un cap qui ne peuvent franchir seuls. Entre présent, passé et rêves, Arnaud Desplechin livre un film où le fond rejoint la forme. Envoûtant.

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Jimmy P. – Psychothérapie d’un Indien des plaines. De Arnaud Desplechin. Avec Benicio Del Toro, Mathieu Almaric, Gina McKee, Larry Pine, Joseph Cross, …

Sortie le 11 septembre 2013.



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