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Extrême droite: les chiens sont lâchés !

Publié le 22 septembre 2013 par Lepinematthieu @MatthieuLepine

   Meurtre d’un militant antifasciste en Grèce,  menaces de mort et de viol sur des militants du Parti de gauche en France, agressions racistes et islamophobes, appel à la violence contre les populations Roms, affaire du bijoutier de Nice, l’extrême droite la plus haineuse et la plus dangereuse vient malheureusement une fois de plus de faire la une de l’actualité ces dernières semaines. Dans nos rues comme sur les réseaux sociaux, il y a déjà plusieurs mois qu’elle se manifeste par des actes violents. Cependant, l’absence de réelles réactions des pouvoirs publics semble aujourd’hui ouvrir la voix à une nouvelle vague d’actions brutales de la part de ces militants de la haine. Une escalade de la violence est à craindre si rien n’est fait pour punir durement les auteurs de ces actes immondes qui sont une véritable honte dans une République comme la notre qui porte en elle les droits de l’Homme.

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Les fascistes menacent, frappent et tuent !

   J’ai dernièrement été particulièrement choqué de voir des militants du Parti de gauche être harcelés et menacés en raison de leur engagement contre l’extrême droite. Actifs sur internet via leurs blogs, engagés dans la lutte contre le fascisme, ils doivent faire face depuis plusieurs jours à la haine de centaines d’internautes qui notamment via les réseaux sociaux vomissent en toute impunité leur haine de l’autre.

Je souhaite apporter tout mon soutien à mes camarades harcelés et espère vivement qu’une solution sera rapidement trouvée pour empêcher les partisans de l’intolérance de pouvoir ainsi librement s’exprimer sur les réseaux sociaux. Twitter et Facebook ne doivent pas devenir des plateformes laissant libre cours à l’intimidation et à l’acharnement collectif.

Malheureusement, c’est aussi dans nos rues que les fascistes sont actifs. Chaque jour, des personnes ont la malchance de croiser le chemin de ces militants de l’extrême droite la plus radicale. On l’a encore récemment constaté avec l’agression d’un couple à Annecy par un fasciste d’origine Suisse. Pris à partie, puis frappés, un homme et sa compagne ont ensuite du essuyer des insultes racistes¹ venant du groupe de skinheads accompagnant leur agresseur. Ce type d’événement vient renforcer un climat d’islamophobie, d’antisémitisme et de xénophobie de plus en plus pesant sur notre territoire.

L’extrême droite ne frappe pas qu’en France, un camarade antifascite est malheureusement tombé durant la semaine en Grèce. En effet, « le chanteur de Hip-Hop Pavlos Fyssas est mort ce mercredi 18 septembre lors d’une attaque par des néonazis après avoir été poignardé par un homme ». Traqué dans les rues d’Athènes par ses agresseurs, cet artiste militait activement contre l’extrême droite et était notamment organisateur d’évènements musicaux et d’actions sociales dans son quartier.

Tous ces évènements ne peuvent qu’inquiéter ceux, qui comme moi, luttent au quotidien contre la haine. Chaque jour de nouvelles limites sont franchies. L’appel à la violence² envers la population Roms lancé par un maire UMP (Régis Cauche, maire de Croix) en est un triste exemple. Cependant, l’absence de véritable réponse de la part des pouvoirs publics ne fait malheureusement que renforcer mes inquiétudes.

Les effets dramatiques de l’affaire du bijoutier de Nice

   Impossible de ne pas avoir entendu parler de cette affaire, tant elle a fait réagir ces derniers jours. En effet, il y a près de deux semaines, un commerçant niçois a été victime d’un vol à main armée. Ce type d’agression est intolérable et il est du devoir des pouvoirs publics de trouver une solution pour protéger les commerçants. Cependant, ce bijoutier est passé de victime à bourreau lorsqu’il a décidé de poursuivre ces agresseurs en fuite et a ouvert le feu en pleine rue (avec une arme détenue illégalement), touchant  l’un d’eux mortellement dans le dos.

Depuis, une impensable mobilisation a vu le jour sur Facebook pour soutenir le meurtrier. Une page a en effet été créée afin de défendre l’indéfendable. On y trouve un flot continu de haine, avec notamment des incitations au meurtre ou encore des appels au rétablissement de la peine de mort. Pourtant plus d’un 1,6 millions de personnes ont à ce jour décidé d’ "aimer" cette page et son contenu ! A titre de comparaison, la page de soutien aux salariés de Virgin n’a recueilli qu’un peu plus de 5400 soutiens…

Les effets de cette affaire sont dramatiques. Ce meurtre a tout d’abord provoqué la création de cette tribune sur Facebook où les soutiens au meurtrier se joignent aux appels à la haine. Elle a ensuite ouvert un débat sur le port d’arme pour les commerçants qui revient selon moi à ouvrir la boite de Pandore. Mais le plus inquiétant est cependant le risque de multiplication des affaires de justice privée comme celle-ci.

Mardi 10 septembre, soit la veille de l’affaire du bijoutier de Nice, un commerçant du Blanc-Mesnil (93) assénait quatre coups de couteau (au thorax, au poumon, à la tête et au bras) à un jeune homme de 17 ans suite à une altercation avec celui-ci. Le gérant du magasin reprochait au lycéen de l’avoir volé à plusieurs reprises. Ce type d’évènement n’est malheureusement pas banal. Cependant, il y a fort à penser que la surmédiatisation de l’affaire de Nice et l’émotion qu’elle a suscitée aient un effet dévastateur, celui de désinhiber une violence déjà malheureusement bien trop présente au quotidien.

Il est essentiel que les commerçants puisent faire leur travail sereinement, en toute sécurité, cependant la justice privée ne peut être acceptée dans un Etat de droit comme le notre. De tels actes doivent être durement punis si on ne veut pas les voir se multiplier dans les mois à venir. Soutenir le bijoutier de Nice, dédramatiser son geste, revient à banaliser la violence, voir même pire à l’accepter.

   De la mort d’un camarade antifasciste en Grèce au harcèlement de militants du Parti de gauche en France en passant par Nice et les débats autour de l’affaire du bijoutier, la semaine a été particulièrement dure pour ceux qui luttent au quotidien contre l’extrême droite. Cependant, elle a renforcé nos convictions, nos certitudes. Combattre le fascisme c’est privilégier la tolérance, la fraternité, la solidarité et l’amour à la haine et la violence.

¹ C’est une jeune femme de « type méditerranéen » qui était visée par ces insultes.

² « Les Roms n’ont rien à faire à Croix. Oui, s’il y a dérapage, j’apporterai mon soutien. La population en a assez ».


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