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Roms : trois candidates parisiennes, trois positions...

Publié le 24 septembre 2013 par Asse @ass69014555

Marc-Melki_roms_Paris_2013_3.jpgAnne Hidalgo refuse la stigmatisation de NKM en précisant que « les réseaux d'exploitation criminelle de mineurs qui se déploient dans de grandes villes européennes et prennent dans leurs filets de jeunes roms qu'ils exploitent » et la situation d'une cinquantaine de familles qui, hors de ces réseaux, dorment dans des cabines publiques de Bastille.


C'est bien. Mais loin d'être suffisant !

Car si la mairie de Paris propose - notamment via le Samu Social - des hébergements d'urgence que refusent souvent les familles roms, elle ne dit pas pourquoi...

Proposer 6 nuits d'hôtel dans la grande couronne, notamment dans le 95, à grande distance piétonne des stations RER pour des familles chargées de leurs paquetages et de leurs petits, est tout aussi invivable pour ces familles... Là bas, il leur est interdit de cuisiner, elles ne reçoivent pas de repas. Voila pourquoi elles reviennent sur leur bout de trottoir parisien pour y faire la manche et s'alimenter...

Il est par ailleurs fort louable de s'indigner du fait que les services sociaux affirment que « ces enfants ne sont pas en danger tant qu'ils sont avec leurs parents » mais le silence est lourd quand il s'agit d'évoquer les grandes difficultés rencontrées quand il est question de les scolariser...


Danielle Simonnet, candidate du Front de Gauche est-elle la seule à inscrire du concret dans son programme ?

NKM - UMP

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Le Monde/AFP 19 09 2013

A six mois des élections municipales, la candidate de l'UMP à Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet, a durci le ton de sa campagne, l'ancrant un peu plus à droite, après avoir déclaré mercredi 18 septembre : "J'ai l'impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens." En début de semaine, elle avait déjà fait part de son souhait de rétablir les arrêtés "antimendicité agressive" comme partie d'un "dispositif qui vise à terme l'expulsion" des "bandes de Roms" qui cherchent à "dépouiller" la population.

La thématique sécuritaire visant les Roms a mobilisé d'autres ténors de la droite parisienne. Sur son blog, le député UMP de la capitale, Bernard Debré, a déclaré que "de nombreux Roms sont venus prendre possession de la ville de Paris (...) harcelant volant, pillant et quémandant".

Huffingtonpost.fr 2013/09/20

Elle a enchaîné en ces termes: "Quand Manuel Valls dit au mois de mars 'les Roms qui sont dans des camps autour de Paris ne veulent pas s'intégrer' (...), il dit LES Roms", et pas les délinquants roms ou les mafieux roms, "je suis assez d'accord avec ce qu'il dit là". "Finalement il y a aujourd'hui deux lignes, et d'ailleurs les Parisiens vont avoir le choix en mars prochain; il y a une ligne NKM-Valls, on dit les choses, et puis il y a une ligne Hidalgo-Taubira, on fait semblant qu'il n'y a pas de problèmes". "Et bien les Parisiens qui sont confrontés aux problèmes je pense qu'ils sauront choisir", a-t-elle ajouté.

NKM soutenue par Bernard Debré 19 09 2013

"Je persiste et signe en affirmant qu’il ne faut pas stigmatiser la communauté rom dans sa globalité, mais de nombreux Roms sont venus prendre possession de la ville de Paris. D’ailleurs, ils sont présents en nombre dans d’autres villes. Ils sont là, harcelant les Parisiens ou les touristes, volant, pillant, quémandant. Ils sont soumis à des organisations mafieuses, quelques fois restées en Roumanie. Il s’agit-là d’un véritable problème que nous devons résoudre.
J’ai entendu sur une radio périphérique un des représentants de la communauté rom nous dire qu’il fallait les accueillir, les loger et leur trouver du travail. Bien entendu, disait-il, en priorité, c’est-à-dire que le Français ou l’étranger qui paye ses impôts, qui cherche un logement digne, passerait après cette communauté. Ce même responsable nous a très clairement dit que renvoyer des Roms avec 300 euros n’était pas suffisant, que la vie là-bas était très chère et qu’il fallait donc leur donner plus.
Nous sommes tombés sur la tête ! Voici une population qui est souvent envoyée à dessein de son pays d’origine pour voler, piller, pour harceler et le représentant de cette population demande toujours plus. Il a même proféré une menace en disant que si les Français ne faisaient pas plus d’efforts, il y aurait plus de Roms et plus d’ « inconvénients ».
Nathalie Kosciusko-Morizet a eu raison de dire qu’il s’agissait d’un véritable problème. Il faut donc prendre des mesures concrètes. Il ne suffit pas, comme l’ont fait certains, de déplacer les camps de Roms pour qu’ils s’établissent ailleurs, souvent à côté. Il faut qu’ils soient ramenés à la frontière avec la certitude qu’ils ne reviendront pas.
Il faut, si c’est nécessaire, forcer la Roumanie à accueillir ses ressortissants et rétablir une frontière (certes, contrairement à la convention de Schengen) avec ce pays. Schengen (Nicolas Sarkozy l’avait envisagé) peut être suspendu provisoirement.
Je le répète une nouvelle fois. Certains Roms s’insèrent, travaillent légalement et méritent de rester. Mais ceux que l’on voit dans les rues de la capitale ou d’ailleurs mendier, voler, doivent être reconduits à la frontière. Manuel Valls (qui est pourtant un grand incantateur) a pour une fois donné raison à NKM contre son propre camp. Encore un effort, Monsieur Valls, et vous passerez des paroles aux actes".

Anne Hidalgo PS

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NouvelObs 23 09 2013

Pas question d'abandonner à la droite le terrain de la sécurité à Paris: alors qu'elle présentait lundi 23 septembre les principaux axes de son programme pour les municipales de 2014, Anne Hidalgo, la candidate PS, a vivement critiqué les propos tenus par son adversaire Nathalie Kosciusko-Morizet sur les Roms.

"J'ai l'impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens", avait déclaré NKM, mercredi dernier. Des propos qui ne sont "vraiment pas dignes et à la hauteur des problèmes que nous rencontrons", lui répond Anne Hidalgo, "Paris a des valeurs et on ne stigmatise pas une population."

"Je trouve malsain de tenter d'en faire l'exploitation", déclare Anne Hidalgo, visant plus particulièrement le déplacement conjoint de Nathalie Kosciusko-Morizet et de Rachida Dati, jeudi, près de la Tour Eiffel : "j'ai été très choquée par les images de deux élues, l'une de l'Essonne, l'autre du VIIe arrondissement de Paris, dans les allées du champ de Mars". Manière pour la socialiste de se poser en élue de terrain quand ses adversaires sont élues à Longjumeau ou dans les beaux quartiers.

Pour autant, la première adjointe de Bertrand Delanoë refuse de faire des Roms "un tabou". Dans un discours de presque une heure à la Rotonde, dans le XIXe arrondissement, elle met en avant ses solutions : lutte contre les réseaux organisés d'une part, lutte contre la misère d'autre part.

"Il y a deux sujets", selon Anne Hidalgo. "Il y a la délinquance organisée par des réseaux criminels qui exploitent, souvent des jeunes, à des fins de mendicité agressive, de vol, de prostitution. Ces réseaux criminels, je suis désolée, ce n'est pas en donnant aux ASP -c'est-à-dire aux pervenches- des pouvoirs de police qu'on va régler le problème. C'est l'affaire de la police, de la justice et d'une coopération très étroite avec les services de protection et notamment de protection de l'enfance." Une coopération qu'elle souhaite poursuivre, de même que se poursuivront le démantèlement des camps de Roms, "en ayant toujours à l'idée que les droits de l'Homme ne sont pas incompatibles avec la sécurité".

Danielle Simonnet Front de Gauche

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Le groupe Communiste et les élus du Parti de Gauche voteront pour cette délibération. Elle vise à accompagner les familles Roms pendant une période transitoire pour qu’elles puissent trouver les moyens de vivre dans des conditions décentes et de manière autonome.

Mais il serait positif, il serait un peu moins hypocrite d'avoir aussi un débat politique franc entre nous sur le sort qui est aujourd'hui réservé aux Roms.

Alors revenons rapidement sur la délibération. Cette délibération traite d'appartements qui sont mis à la disposition de l'association "Coup de main", afin de pallier si possible le manque de solution d'hébergement et de limiter le recours à l'hébergement temporaire. Ainsi en 2012, 7 familles ont pu être suivies et prises en charge. L'association organise des maraudes spécialisées à l'attention de certaines familles Roms installées dans des campements de fortune sur le territoire parisien.

Ce dispositif d'hébergement temporaire diffus comme outils d'insertion est à développer pour qu’on en finisse avec le recours aux hôtels qui nourrit tant de marchands de sommeil, est bien plus coûteux à la collectivité et au final ne permet pas aux familles de bénéficier de conditions adéquates à toute vie de famille.

Nous devons par ailleurs développer en assurant des partenariats avec une diversité d'association. Emmaüs Coup de main n'est pas la seule structure associative travaillant avec les familles et populations Roms.

Mais je souhaiterais, en m'inscrivant sur cette délibération, que le débat ait enfin lieu sur la politique nationale suivie à l'encontre des populations Roms et sur ses répercussions notamment régionales et parisiennes.

Victimes de lourdes discriminations dans leurs pays d'origine, ces ressortissants européens ont quitté comme vous le savez la Roumanie et la Bulgarie principalement dans l’espoir de trouver des conditions de vie favorables dans d'autres pays d'Etats de la communauté européenne dont la France.

En mars 2012, le candidat François HOLLANDE dénonçait les stigmatisations contre les Roms, toute la Gauche pour mémoire avait condamné la sinistre circulaire discriminatoire du Gouvernement SARKOZY, qui avait été épinglée par les institutions européennes.

Ces familles ont été traquées par les différents Gouvernements de Droite un an plus tard. Elles le sont toujours alors que la politique du chiffre et du bouc émissaire est officiellement abandonnée, entre parenthèses "les autorités françaises continuent à pratiquer une politique de rejet et à violer les droits fondamentaux de ces personnes."

Il ne s'agit pas là d'un jugement politique spécifique au Front de gauche, mais c'est la conclusion du rapport rendu public ce 9 avril 2013 par l'Association européenne pour les droits de l'Homme, AEDH, et la LDH.

Durant le premier trimestre 2013, plus de 4.000 personnes ont ainsi été expulsées de leur lieu de vie sans solution de relogement contrairement aux directives de la circulaire interministérielle du 26 août 2012.

Le Ministre VALLS lui-même s'est senti autorisé à tenir des propos scandaleux, dans une interview donnée au Figaro, considérant que les Roms ne voulaient pas s’intégrer, pour justifier sa politique discriminatoire, car stigmatisant une partie de la population en fonction de ses origines, celle du démantèlement des bidonvilles pour reprendre ses termes.

Alors que le jugement du Tribunal administratif de Lyon en faveur des Roms a récemment mis en accusation l'Etat, qui manque à toutes ses obligations, il y a urgence, mes chers collègues, urgence que le Gouvernement s'engage dans la lutte contre les discriminations subies par les Roms.

Urgence qu'il s'engage dans le respect des droits humains fondamentaux, des droits inaliénables.

Urgence que l'on arrête cette hypocrisie qui fait que l'on condamne une politique quand c'est SARKOZY qui la mène et qu'on se tait quand c'est un autre Gouvernement qui la poursuit.

Mes chers collègues, cette urgence est aussi régionale et donc elle doit nous interpeller en tant qu’élu-e-s parisiens de la République. Après les incendies qui ont détruit des bidonvilles situés notamment à Aubervilliers, Sarcelles, Bobigny ces dernières semaines, de nouveaux incendies se sont déclarés le 16 avril dernier dans des bidonvilles implantés à Stains et à Montreuil.

En Ile-de-France, plus de 10.000 personnes dont de nombreux enfants tentent de survivre dans des habitats de fortune sordides, insalubres et dangereux, 7.000 d'entre elles seraient installées en Seine-Saint-Denis.

S’il est concevable qu'il soit difficile de traiter l'intégration et l'accès au logement des 7.000 familles qui sont dans la Seine-Saint-Denis dans ce seul département, au niveau régional il me semble que nous avons tout à fait les moyens pour que plus personne ne vive dans ces bidonvilles et nous en avons l'obligation de résultats, non pas en chassant ces occupants et en les condamnant à plus de précarité encore, mais en organisant leur accès aux droits.

En réponse à mon intervention, l’Exécutif socialiste s’est dit très intéressé par le vœu que j’entends présenter au prochain Conseil de Paris en faveur d’une table ronde régionale… Affaire à suivre !


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