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Chuck Dixon et Doug Moench – Batman, Knightfall, La quête (Tome 4)

Par Yvantilleuil

Chuck Dixon et Doug Moench - Batman, Knightfall, La quête (Tome 4)Voici donc déjà l’avant-dernier volume de cette imposante saga publiée entre 1993 et 1995, qui inspira Christopher Nolan pour son long métrage The Dark Knight Rises.

Le premier tome abandonnait le Dark Knight, la colonne vertébrale brisée sur le genou de ce vilain qui est d’ailleurs magistralement interprété par Tom Hardy au cinéma : le terrifiant Bane ! Le deuxième volet proposait la fin de « Knightfall », avec le remplacement de Bruce Wayne par Jean-Paul Valley dans le costume de Batman, ainsi que les premiers épisodes de « Knightquest: The Search », qui voyait un Bruce Wayne en fauteuil roulant se rendre sur l’île de Santa Prisca à la recherche du Dr Shondra Kinsolving et du père de Tim Drake. Le tome précédent livrait non seulement la suite de « Knightquest: The Search », mais surtout la saga « Knightquest : The Crusade », qui relate ce qu’il se passe à Gotham durant l’absence (et le rétablissement) de Bruce Wayne.

Cette nouvelle brique édité par Urban Comics contient les épisodes Batman #508-510, Batman: Shadow of the Bat #24-27, Detective Comics #674-675, Legends of the Dark Knight #59-61 et Robin #7 et continue sur la lancée du volet précédent. Pour rappel : Les scénaristes ont profité de l’incapacité de Bruce Wayne pour enfiler son costume de chauve-souris sur les épaules de Jean-Paul Valley, alias Azrael, qui poursuit ici sa croisade en tant que nouveau Batman de Gotham City. Le but des auteurs est clairement de proposer un héros beaucoup plus sombre et plus violent, totalement dans l’air du temps. Le début des années 90 est en effet marqué par la popularité de super-héros beaucoup plus borderline tels que le Punisher ou Wolverine. La défaite de Bruce Wayne face à Bane permet à Gotham City de sombrer dans la violence et de créer un environnement particulièrement propice à la création d’un Batman aux méthodes beaucoup plus expéditives. Ce nouveau Batman qui inquiète ses proches, arbore également un nouveau costume plus high-tech et plus menaçant.

Si l’idée n’est pas forcément mauvaise, les missions de ce nouveau protecteur de Gotham ne sont malheureusement pas extraordinaires. D’un psychopathe nommé Abattoir à l’Homme Corrosif, en passant par un couple d’Argile, deux malades de la gâchette et une bande de punks, les ennemis du nouveau Darknight manquent cruellement de charisme. De plus, la plupart des intrigues sont inutilement tirées en longueur sur plusieurs séries en parallèle, ce qui les rend encore moins attractives. Mais, le but de ces affrontements est bien évidemment de poursuivre le développement psychologique de ce personnage qui sombre progressivement dans la folie. Entre ses pulsions meurtrières, ses hallucinations, son conditionnement et le poids qui consiste à endosser le costume de Batman, les auteurs dépeignent un héros violent au comportement assez psychotique, qui ne suscite aucune empathie auprès du lecteur. Si le but est probablement de créer un personnage tellement détestable, incitant ainsi le lecteur à vouloir le retour du véritable Batman, l’envers de la médaille est que le lecteur ne s’attache jamais véritablement au personnage. Le but est évidemment d’accentuer la différence entre le plus grand détective de Gotham et ce justicier ultra violent qui n’arrive pas à tromper le lecteur, ni son entourage. Le vide créé par l’absence du véritable Batman se retrouve encore accentué par l’absence d’Alfred et de Robin. Tout n’est évidemment pas à jeter. Je pense par exemple à la question finale – « Batman doit-il tuer les vilains ? » – que pose inévitablement ce basculement du Chevalier Noir du côté encore plus obscur de la force. Je pense également aux nouvelles positions du commissaire Gordon et de l’agent Bullock par rapport à ce héros plus expéditif, mais au final cela fait tout de même beaucoup de pages pour pas grand-chose… même si cela demeure divertissant.

Et le retour tant attendu de Bruce Wayne me direz-vous… car le lecteur n’attend évidemment qu’une seule chose : virer ce misérable ersatz de Gotham City ! Et bien, il faut attendre la fin de cet imposant volume pour découvrir la conclusion de l’histoire concernant le Dr Kinsolving et Jack Drake. La fin de ces aventures étant bien évidemment ponctuée par la guérison miracle de Bruce Wayne et son retour à Gotham City.

Dans ce tome on a donc à nouveau le choix entre une ville de Gotham sans héros attachant ou des aventures de Bruce Wayne au sein d’un environnement qui fait forcément regretter la ville de Gotham. La publication parallèle des épisodes de « Knightquest: The Search » et de « Knightquest : The Crusade » permet donc surtout de donner envie au lecteur de revoir le véritable Batman à Gotham, mais également de montrer le rétablissement de Bruce Wayne durant cette absence.

Il reste tout de même à espérer que ce retour de Bruce Wayne à Gotham City puisse quelque peu relever le niveau de cette saga, surtout que la première confrontation entre Bruce Wayne et Jean-Paul Valley en fin d’album se révèle légèrement décevante.


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