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The Killer

Publié le 24 septembre 2013 par Olivier Walmacq

The-Killer

genre: policier, polar, action (interdit aux - 16 ans)
Année: 1989
durée: 1h50

l'histoire:Comment un tueur à gages, décidé à changer de vie va, lors de son dernier "contrat", provoquer la cécité d'une jeune chanteuse. Pour trouver l'argent nécessaire à l'opération de la jeune femme, il accepte un autre contrat.          

la critique d'Alice In Oliver:

Difficile d'imaginer le choc qu'a pu provoquer The Killer, réalisé par John Woo en 1989, lors de sa présentation au Festival de Cannes la même année. Pourtant, malgré sa réputation et ses diverses qualités, le film ne sortira en France que six ans après.
A l'époque, John Woo n'en est pas à son premier coup d'essai puisque le cinéaste s'est déjà distingué en signant les deux premiers Syndicat du Crime. Toutefois, c'est vraiment avec The Killer que le réalisateur va se tailler une réputation au-delà des frontières asiatiques.

Pas étonnant que les fans du cinéaste considèrent ce polar ultra violent comme le ou l'un de ses meilleurs films. En tout cas, personnellement, The Killer reste mon cru préféré du célèbre réalisateur asiatique. En l'état, The Killer est aussi un polar beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.
Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario. Attention, SPOILERS !
Jeff est un tueur à gages. Lors d'une commande, il rend accidentellement aveugle une chanteuse de bar, Jennie. Hanté par le remords, il décide d'aider Jennie et tombe progressivement amoureux d'elle.

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Alors qu'il décide d'accepter une dernière commande, dont l'argent doit servir à opérer Jennie, il se fait repérer par l'inspecteur Li. Les commanditaires de Jeff décident alors de se retourner contre lui et tentent de l'assassiner. Coincé entre l'inspecteur Li, flic acharné prêt à tout pour l'arrêter, et son ancien boss, Jeff n'a pas d'autre choix que de reprendre les armes.
Alors que les amitiés sont trahies, aucun personnage n'apparaît ni tout blanc ni tout noir. Les contrastes entre le noir et le blanc tiennent ici une place prépondérante. En résumé, il n'y a pas de "gentil" dans The Killer.

A la rigueur, seule la fiancée de Jeff, donc Jennie, apparaît comme un personnage victime de multiples réglements de compte. D'ailleurs, au début du film, celle-ci apparaît également comme le symbole de la pureté, pureté symbolisée par le fait qu'elle soit aveugle (ou presque) face à la violence de notre monde. Pourtant, elle aussi finira par prendre les armes, pointant le flingue vers l'inspecteur Li et tirant par mégarde. Vous l'avez donc compris: The Killer multiplie les symboles: les colombes sont aussi les symboles de la pureté. Enfin, comment ne pas évoquer le final se déroulant dans une église ?

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Oui, The Killer a aussi une dimension christique, Jeff apparaissant comme une sorte de martyr qui doit expier pour ses crimes. Jeff est aussi un personnage mystérieux. John Woo ne dévoile jamais son passé. Toujours est-il que ce tueur souhaite prendre une retraite bien méritée.
Sur sa route, il va rencontrer un flic déterminé. Sur ce dernier point, la relation qui se noue entre les deux personnages est assez paradoxale. Les deux hommes sont à la fois amis et ennemis. D'un côté, l'inspecteur Li est prêt à tout pour arrêter le criminel. De l'autre, il voue une véritable admiration pour ce tueur hors du commun.

Jeff n'est pas qu'un simple assassin qui multiplie les contrats expéditifs. Ce personnage énigmatique est décrit comme un être humain à part entière et nostalgique d'une certaine époque. De ce fait, il existe une véritable opposition entre le criminel et l'inspecteur de police.
A partir de là, Jeff apparaît comme une sorte de chevalier ou plutôt de samouraï des temps modernes, confronté à la loi et à une justice de plus en plus bureaucratique. C'est aussi ce que symbolise l'inspecteur Li. Il n'est donc pas très étonnant que ce film soit influencé par un autre grand polar, Le Samouraï, réalisé par Jean-Pierre Melville en 1967, et avec Alain Delon.

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On peut même considérer le film de John Woo comme une sorte de remake du célèbre polar de Jean-Pierre Melville. Pour le reste, The Killer peut s'appuyer sur de nombreuses séquences de gun fight totalement hallucinantes. Sur ce dernier point, John Woo varie les plaisirs.
Inutile ici de rechercher le moindre réalisme. La violence est volontairement exagérée. Pourtant, impossible de ne pas être émerveillé par la mise en scène de John Woo, plus inspiré que jamais. De ce fait, les séquences de tuerie ressemblent presque à des opéras meurtrières, le spectacle se terminant évidemment dans un bain de sang. John Woo n'a donc pas peur de multiplier les morts à une vitesse fulgurante. Bref, The Killer reste probablement le film le plus important de son réalisateur.
Encore une fois, ce long-métrage permettra au cinéaste de se faire connaître dans le monde entier, et donc par la suite, de se diriger vers Hollywood.

Note: 18/20


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