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Le Cinquantenaire des « Tontons flingueurs », c’est du brutal !

Publié le 25 septembre 2013 par Savatier

Le Cinquantenaire des « Tontons flingueurs », c’est du brutal !Après avoir fêté en 2012 le cinquantenaire d’Un Singe en hiver (dont il fut question dans ces colonnes), les cinéphiles s’apprêtent cette année à célébrer le demi-siècle d’un autre film emblématique dialogué par Michel Audiard, Les Tontons flingueurs. Si Villerville (Calvados) où avait été tourné le film d’Henri Verneuil avait accueilli plusieurs manifestations, c’est à Nantes qu’aura lieu le principal hommage rendu aux Tontons. Nantes, patrie de la célèbre (et hypothétique) Ludovine Lucas, dite Lulu la Nantaise, la « blonde comac » tenancière des Volets rouges, une « petite taule de Bien Hoa, pas tellement loin de Saigon » où l’on servait une « drôlerie » fortement alcoolisée de la même veine que le « Bizarre » dont les Tontons s'abreuvent au cours de la mythique scène (éthylique) de la cuisine.

Les néophytes comprendront ce qui précède en lisant les dialogues des Tontons, consultables depuis ce lien, mais les amateurs éclairés savent déjà que c’est devant chez Lulu la Nantaise que Lucien le Cheval s’était fait dessouder par Teddy de Montréal, « un fondu qui travaillait qu’à la dynamite. » Toute une époque...

Adapté d’un roman d’Albert Simonin, Grisbi or not grisbi, ce film de légende tourné par Georges Lautner semblait, dès son projet, né sous une mauvaise étoile : les producteurs n’y croyaient guère, Jean Gabin avait refusé le rôle principal qui ne fut repris par Lino Ventura qu’après bien des hésitations ; Michel Audiard, qui n’était pas en odeur de sainteté auprès de l’intelligentsia des critiques, laquelle ne jurait que par la Nouvelle vague, pensait qu’il aurait fallu couper la scène de la cuisine, aujourd’hui devenue culte ; le film faillit même s’intituler Le Terminus des prétentieux, ce qui n’était pas vraiment heureux ! En outre, dans les six premiers mois de son exploitation, moins de 500.000 spectateurs se déplacèrent en salle pour le voir.

Aujourd’hui, ceux de François Truffaut mis à part, les longs métrages de la Nouvelle vague ne sont plus guère projetés que dans les cinémathèques, alors que les Tontons flingueurs sont devenus une référence incontestée et connaissent un réel succès populaire, grâce aux diffusions télévisées annuelles et au DVD. Des dialogues d’un comique subversif inoubliable et une distribution exceptionnelle (Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche, Jean Lefebvre, Robert Dalban, Claude Rich, etc.) n’y sont pas étrangers.

Le Cinquantenaire des « Tontons flingueurs », c’est du brutal !
Qui n’a pas en mémoire les plus célèbres répliques d’Audiard : « Non mais t’as déjà vu ça ? En pleine paix ! Il chante et puis crac, un bourre-pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, j’ les soigne. J’ vais lui faire une ordonnance, et une sévère… J’ vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu’on va l'retrouver, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi, quand on m’en fait trop j’ correctionne plus : j’dynamite, j’disperse, j’ventile ! », « Patricia, mon petit… Je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier… l’homme de la pampa, parfois rude, reste toujours courtois, mais la vérité m’oblige à te le dire : ton Antoine commence à me les briser menues ! », « Les cons, ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît », ou encore « C’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases… »

Les manifestations organisées pour le cinquantenaire se dérouleront notamment au cinéma Bonne-Garde (20, rue Frère-Louis, Nantes) du 6 au 9 novembre 2013, en présence de Georges Lautner (87 ans) et de Venantino Venantini (l'un des derniers survivants de l'aventure des Tontons, 83 ans) ; elles incluront conférences, tables rondes, concerts du groupe « Lulu la Nantaise », exposition, projections de plusieurs films (Les Tontons flingueurs, Ne nous fâchons pas, Fleur d’oseille, Les Barbouzes, des documentaires, dont certains inédits), signature de livres et remise du prix du « Bizarre d’or » par l’Académie Lulu la Nantaise à la meilleure boisson alcoolisée comprenant obligatoirement whisky et betterave... Les candidats devront donc rivaliser avec Jo le Trembleur, dont Maître Folace avait livré la recette : « Cinquante kilos de patates, un sac de sciure de bois, il te sortait vingt-cinq litres de 3 étoiles à l’alambic ; un vrai magicien, le Jo. »

On pourra consulter le programme complet de cet hommage aussi cinématographique que joyeux sur le site Internet du cinquantenaire (en suivant ce lien) et s’abonner à la lettre d’information dédiée. Nul doute que beaucoup d’inconditionnels des Tontons - et ils sont fort nombreux - rejoindront Nantes pour l’occasion, même ceux qui pensent, à l’instar de Monsieur Fernand, qu’« on devrait jamais quitter Montauban... »

Illustrations : affiche du film - Les Tontons flingueurs : Lino Ventura et Bernard Blier dans la scène de la cuisine.


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