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“Northwest” de Michael Noer

Publié le 25 septembre 2013 par Boustoune

Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark”.
La célèbre réplique shakespearienne (1) se retrouve vérifiée dans le film de Michael Noer, Northwest, qui nous entraîne dans une virée dans les bas-fonds de Copenhague. Un univers dangereux où les plus jeunes, souvent désoeuvrés et sans repères, peuvent facilement tomber dans la délinquance et la violence.

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On y suit le parcours de deux frères, Casper – 18 ans – et Andy – 16 ans – qui habitent dans le quartier Nordvest, l’un des quartiers les plus cosmopolites et les plus pauvres de la ville. Entre un père absent et une mère fatiguée, ils sont livrés à eux-mêmes et passent le temps en commettant de petits larcins pour le compte de Jamal, le petit caïd du quartier.
Mais Casper commence à se lasser. Parce que Jamal cherche constamment à assoir sa domination en les provoquant, son frère et lui, et en grappillant chaque fois un  peu plus sur leur part. Et  parce qu’il aspire à un niveau de vie supérieur.
Un jour, il fait la connaissance de Björn, un malfrat du calibre supérieur, plus ambitieux, qui gère un réseau de prostitution et un trafic de drogue. Quand il lui propose de travailler pour lui, Casper n’hésite pas une seconde, entraînant son jeune frère dans son sillage.
Tout d’abord, les deux frères se voient confier des tâches relativement anodines, comme effectuer de petits cambriolages ou veiller à ce que les filles ne manquent de rien. Mais très vite, Björn leur accorde sa confiance et leur donne des tâches plus importantes à accomplir. Le risque de se faire arrêter augmente, tout comme celui de mettre en colère leur patron, bien moins sympathique qu’il n’en a l’air. Mais le principal péril ne vient pas forcément de là où on l’attend…

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Des histoires de parcours criminel, de descentes aux enfers et de guerre des gangs, on en a déjà vu des dizaines au cinéma, mais Northwest s’en démarque de par son ton singulier, et par le choix de rester focalisé autour des deux jeunes personnages principaux, du début à la fin du récit. L’intérêt du film repose essentiellement sur les relations entre les deux frères, modifiés au révélateur de cet environnement brutal et dangereux, où il n’y a plus de place pour les sentiments et les atermoiements.
Au début, Casper semble plus fort, plus mature, plus sûr de lui. C’est lui qui protège Andy des petites frappes du quartier. Mais peu à peu, le cadet s’affirme, s’enhardit, au point de rentrer quasiment en rivalité avec son aîné au sein de l’organisation de Björn. Et plus ils s’enfoncent dans la criminalité, plus les rôles s’inversent.

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Puisque Northwest repose beaucoup sur ces deux personnages, il fallait que les deux interprètes soient particulièrement solides et talentueux. C’est le cas : Gustav et Oscar Dyekjaer Giese, frères à la vie comme à l’écran, impressionnent par une maturité de jeu étonnante pour leur jeune âge, et imposent surtout une indéniable présence physique, presque animale, face à la caméra.
Fort de ces deux atouts majeurs, et d’une distribution à l’avenant, le film bénéficie aussi de la mise en scène de Michael Noer, très brute et directe, qui parvient à créer une ambiance nerveuse et à faire monter la tension progressivement, sans effets superflus. Son style réaliste et son approche naturaliste du sujet évoquent un peu les Pusher de son compatriote Nicolas Winding Refn, au sujet proche, mais aussi et surtout les mises en scène de son ami Tobias Lindholm, auteur de Hijacking  et adepte du “principe de la réalité” (2).

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“Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark”
Peut-être… Mais ce n’est certainement pas sa production cinématographique. Cela fait plusieurs années que les auteurs nordiques, sous l’impulsion de Lars Von Trier, Thomas Vinterberg et Susanne BIer, ne cessent de nous surprendre et de nous épater, en bousculant les codes narratifs classiques, en expérimentant de nouveaux dispositifs cinématographiques. Michael Noer s’inscrit dans cette tradition et prouve qu’il faudra compter avec lui pour les années à venir. Tout comme il faudra compter avec les frères Dyekjaer Giese.
Les jurys du dernier  Festival du Film policier de Beaune ne s’y sont pas trompés, en primant par deux fois cette oeuvre, à la fois film noir et chronique sociale brûlante.

(1) : réplique tirée de “Hamlet”
(2) : Ils ont posé ensemble les bases de ce “principe de la réalité” en co-réalisant le film R, un huis-clos carcéral étouffant.

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Northwest
Northwest
Nordvest 

Réalisateur: Michael Noer
Avec : Oscar Dyekjaer Giese, Gustav Dyekjaer Giese, Roland Moller, Lene Maria Christensen, Dulfi Al-Jabouri
Origine : Danemark
Genre : thriller nordique + chronique sociale
Durée : 1h31
Date de sortie France : 09/10/2013
Note pour ce film : :●●●●●
Contrepoint critique : -

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