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Hum... Vous connaissez Marcel Gauchet ?

Publié le 30 septembre 2013 par Edgar @edgarpoe

Pas de ma faute mais c'est sont troisième entretien dans une revue grand public, quasiment coup sur coup. A croire qu'il prépare sa candidature aux présidentielles - ou plus probablement qu'il trouve que ça commence à sentir pas très bon dans notre beau pays...

Donc là c'est dans Marianne (pas de version en ligne, désolé) de samedi dernier. Euh oui je lis Marianne, journal plein de défauts, mais qui n'en a pas ?

Que nous dit donc Marcel Gauchet ? Dans le JDD il nous disait qu'en privé, Ayrault était bien plus conscient de l'impasse européenne qu'il ne voudrait jamais l'admettre en public.

Là, il nous explique que c'est Hollande qui nous mène à l'Europe comme des veaux à l'abattoir, mais avec résignation :

"Sur le fond, je serais tenté de penser qu’il  [Hollande] sait où il est contraint d’aller, mais qu'il a d’autant moins envie de nous le dire qu'il ne trouve pas cette direction exaltante et qu'il essaie de sauver ce qui peut l'être à l'intérieur de cette ligne imposée. Nicolas Sarkozy voulait normaliser la France avec enthousiasme, il trouvait que nous faire passer sous la table libéralo-européenne était un objectif excellent. Hollande me paraît convaincu que, compte tenu de la situation et du rapport de forces, il n'a pas tellement d'autres choix. Il essaie de le faire en ménageant le pays au lieu de le brutaliser, c'est tout."

Je suis en désaccord avec Gauchet, qui me paraît bien trop magnanime à l'égard de ce qui relève, tout de même, d'une extraordinaire dissimulation : faire croire à un pays que l'on vide de tout contenu, qu'il est encore quelque chose.

Gauchet admet, comme un fait de nature, que les français seraient des couards :

"Il n'y a ni fatalité ni démission, mais une analyse du possible et de l’impossible. Les Français, d’abord, s'ils ne sont pas contents de la politique du gouvernement, n'ont pas vraiment envie d’entendre la vérité sur le fond de la situation du pays. Ils ne sont pas prêts à sortir de l'euro ; ils ont même très peur de cette hypothèse. L'Europe, d'une manière générale, demeure une vache sacrée à laquelle il est hors de question de toucher. Si absurdes que soient les préconisations qui sortent de cette mécanique devenue folle, la grandeur présumée de l'objectif interdit de les discuter. Il n'est même pas envisageable de renégocier quoi que ce soit ! A partir de ce moment-là, le chemin est tout tracé. Nous sommes enserrés dans un tissu d’engagements et d'obligations qui ne laissent qu'une marge de manœuvre très étroite. Mais cela, on ne peut pas le dire non plus parce que ce serait un aveu humiliant."

Ce paragraphe me gêne, car il est boiteux. Il est exact, je crois, que les français ont peur de la sortie de l'euro. Mais la responsabilité ne leur en est pas entièrement imputable. On leur vend, en permanence, l'idée que la sortie de l'euro serait un cataclysme. Un détail parmi mille : le site Ragemag, qui se positionne sur le créneau rebelle et innovateur, interroge Daniel Schneiderman, qui regrette la fermeture du débat européen. Hé bien Ragemag n'a jamais écrit le nom de François Asselineau sur son site. Préserver l'image rebelle gauchiste plutôt que de prendre en compte l'urgence du moment et interroger un "pasquaïen".

Ce n'est qu'un microscopique exemple de la censure permanente de la quasi-totalité des médias.

Si l'on va sur le site du Débat, la revue que dirige Gauchet, pas un article de Jacques Sapir. Il est cité une fois, en 2001, à propos de crédit hypothécaire aux Etats-Unis... Pas grand chose sur la sortie del'euro non plus j'ai l'impression...

Malgré toutes ces réserves, Gauchet me paraît juste. Il fait tout de même bien des efforts pour que le système craque d'une manière ou d'une autre.

Il appelle à en finir avec un jeu où les politiques taisent ce qu'ils pensent que la population ne veut pas savoir. Ce jeu spéculaire est suicidaire : "Tout ce qu'on peut espérer, c'est que ce blocage morbide finisse par provoquer une prise de conscience collective."

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Phrase suivante, Gauchet laisse apercevoir une porte de sortie : "Qui sait, c'est peut-être le vœu secret de François Hollande ?"

Un peu comme Todd rêvait d'un hollandisme révolutionnaire, Gauchet semble dire au peuple : "c'est le moment de secouer le cocotier, offrez à Hollande la possibilité de s'opposer, d'une manière ou d'une autre, à "Bruxelles".

Il y a un mélange de sagesse (rien ne se fait durablement contre un peuple) mais aussi d'illusion dans cette attitude ("les français" sont un tout, aucune responsabilité particulière des élites).

Elle est cependant suffisamment atypique pour être signalée.


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