Magazine Amérique du nord

Interview avec Céline Menard, auto-entrepreneur expatrié, fondatrice d'Estrelitzia

Publié le 03 octobre 2013 par Veroniquemp

Céline Ménard - illustratrice et textile designer, créatrice d'Estrelitzia

Céline Ménard

Une fois par mois, Expat Forever vous propose de rencontrer une femme expatriée, un expat auto-entrepreneur ou parfois les deux en même temps afin de mieux comprendre la vie au quotidien en expatriation. Ces interviews démontrent que l’on peut être un conjoint d’expatrié et se réaliser professionnellement. 


Ce mois-ci, j’ai rencontré Céline Ménard, illustratrice et textile designer, qui a créé Estrelitzia à Shanghai.
Expat Forever : Bonjour Céline. D’où êtes-vous originaire ?
Céline Ménard : De France, j’ai grandi dans le bocage vendéen dans une petite ville appelée Les Herbiers.
EF : Où vivez-vous actuellement et depuis combien de temps ? 
CM : A Shanghai, depuis 5 ans.
EF : Est-ce votre première expatriation ?
CM : Non. J’ai beaucoup voyagé pendant mes études (Angleterre, Espagne, Allemagne) puis nous sommes partis mon mari et moi au Danemark. Par contre, c’est la première fois que nous partions en famille (avec deux petits garçons de 4 et 6 ans quand nous sommes partis) et aussi loin !
EF : Vous êtes illustratrice et textile designer Est-ce que cela a toujours été votre activité professionnelle ? 
CM : Non, j’ai commencé à travailler dans la grande distribution (achats secteur peinture et décoration, textile d’ameublement etc..) puis j’ai profité de mon congé parental en France pour me former au métier d’infographe textile.
EF : Comment est-ce que vous vous y êtes prise pour réaliser cette transition professionnelle ?
CM : J’ai d’abord suivi des cours de dessin/peinture pendant une année puis j’ai passé le concours pour être admise dans la formation. Après un an de cours pratiques et théoriques, je n’ai eu aucun mal à trouver un emploi dans une entreprise de textile de maison reconnue (Olivier Desforges) où j’ai pu enrichir mon expérience.
EF : Et lors de votre départ pour la Chine, pensiez-vous créer Estrelitzia ? Comment êtes-vous passée à l’étape suivante, à savoir devenir auto-entrepreneur ? 
CM : Estrelitzia est un projet qui a d’abord germé avant mon départ en Chine. Cela va même plus loin que ça : c’est grâce à mon départ en Chine que j’ai pu envisager de créer ma propre activité autour de mes dessins/illustrations et de mon savoir-faire textile et produits. En arrivant à Shanghai, j’ai commencé par apprendre le chinois de manière intensive car il était impensable pour moi de vivre dans un pays sans en connaître la langue. Puis, quand j’ai estimé en savoir assez pour me débrouiller, j’ai lancé mon activité. J’ai commencé par chercher un nom, un logo, puis j’ai acheté du matériel (informatique, dessin, quelques meubles de rangement etc.). Ensuite, j’ai fréquenté les salons spécialisés, les bazaars, j’ai aussi réalisé une mini étude de marché. Les choses se sont ensuite déroulées d’elles-mêmes. J’ai fait des rencontres très intéressantes parmi d’autres expats qui m’ont ouvert des portes, et aussi des chinois qui m’ont fait confiance et avec qui j’ai toujours une relation professionnelle et amicale.
EF : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre activité actuelle et comment vous comptez la développer ?
CM : Mon activité se découpe en plusieurs parties : le design graphique d’une part, l’élaboration et la vente de produits créatifs en petites séries d’autre part. Je poursuis également ma démarche artistique en continuant de peindre des tableaux que je peux personnaliser à la demande. Ces trois activités sont complémentaires et je continuerai à les mener de front même si récemment j’ai de plus en plus de demandes de design (logo, motifs, dessins etc….) pour des tiers et ça me laisse peu de temps pour le reste.
Peintures par Estrelitzia

Produits Estrelitzia

EF : D’un point de vue personnel mais aussi professionnel, quels avantages trouvez-vous dans la réalisation d’un tel projet ?
CM : J’ai la chance de me réaliser complètement dans ce projet. Mes créations me ressemblent et me permettent d’exprimer ma vision esthétique du bonheur à travers mes objets ou mes tableaux. C’est donc une grande satisfaction de pouvoir faire ce que je fais et les encouragements que je reçois de mes clients ou de mes collègues me permettent d’aller de l’avant de me projeter vers l’avenir.D’un point de vue professionnel, étant donné que je suis la seule interlocutrice de ma petite entreprise, je suis en contact avec toutes sortes de personnes et je me forge une expérience aussi bien technique que commerciale. C’est très intéressant. Je pratique aussi beaucoup mon chinois en discutant avec mes fournisseurs ou mes clients locaux, ce qui est aussi un atout précieux pour l’avenir, quel que soit notre prochaine destination.
EF : Si vous rentrez un jour en France ou si vous partez dans un autre pays, pensez-vous continuer cette activité professionnelle ?
CM : Oui, bien sûr.
EF : Pourquoi ?
CM : Je pense être plus épanouie maintenant qu’à aucun autre moment de ma vie et c’est en grande partie du au fait que mon activité professionnelle me correspond parfaitement. J’ai aussi la prétention de penser que grâce à mon travail, je contribue à apporter un peu de bonheur à d’autres personnes, alors pourquoi ne pas poursuivre ? Même si je me trouve dans un pays avec moins de souplesse qu’en Chine, je pourrais toujours adapter mon travail en choisissant par exemple une seule facette de mon activité. Je peux aussi décider de ne travailler qu’à distance en réalisant des graphismes pour mes clients via internet……les possibilités sont nombreuses !
EF: Quels conseils donneriez-vous à d’autres conjoints accompagnateurs souhaitant développer ou poursuivre une activité professionnelle nomade ?
CM : Motivation, patience et ouverture d’esprit sont à mon avis les trois clés indispensables pour réussir. Il faut énormément de motivation pour avoir le courage de se lancer sans s’effrayer des obstacles qu’on rencontre sur sa route. De la patience aussi beaucoup. Il faut commencer petit et ne pas attendre de résultats trop vite. Le mode de pensée chinois est très instructif sur ce point ;-) Il faut aussi avoir l’esprit ouvert, mais pas que l’esprit ! Il faut savoir écouter, rencontrer beaucoup de gens, collecter des informations. On fait de plus grands pas en rencontrant les gens qu’en passant des heures sur internet à chercher des informations, car la relation humaine reste le plus important……à mon avis.
Merci Céline et bonne continuation
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