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L’hypnotiseur

Publié le 03 octobre 2013 par Corboland78

Le passage chez le coiffeur est toujours un grand moment. Dès que j’ai trouvé l’artisan qui me convient, aller chez le coiffeur devient un vrai bonheur. J’ai déjà beaucoup écrit sur ce professionnel, cherchez si le cœur vous en dit, je fuis les boutiques de frimeurs avec musique tonitruante et garçons coiffeurs qui ambitionnent de tailler des … cheveux pour un magazine de mode quelconque.

Mais quand mon choix est fait, l’affaire est classée. J’étais donc hier matin chez mon merlan préféré où nous n’échangeons que quelques mots par pure courtoisie. Je ne tiens pas tellement à bavarder et lui sait très bien ce que j’exige quant à son art, les paroles sont donc inutiles. Si je ne suis pas bavard naturellement, chez le coiffeur c’est pire encore, car dès l’instant où je me fais shampouiner, j’entre en somnolence.

Le massage du cuir chevelu me met dans un état second, entre rêve et réalité, comme un retour béat dans le liquide amniotique. Vous pensez bien que dans ces conditions de bonheur quasi parfait, causer de la météo ou de la tannée prise par l’OM devant Dortmund deviendrait d’un trivial que je n’ose envisager. Seul un silence relatif reste acceptable.

Dans le salon que je fréquente, le niveau sonore de la musique de fond débile n’est heureusement pas monté trop haut, il est juste comme il faut. Après le massage qui m’a coupé les jambes, la symphonie des ciseaux achève de m’assoupir. Tchik, Tchik, le doux cliquetis de l’outil du professionnel me berce, je cligne des quinquets pour éviter de récolter des poils dans l’œil, et je peine à les rouvrir, agréablement paralysé dans mon fauteuil pas roulant. Zzzz, Zzzz, la tondeuse a pris le relai, s’attaquant à la nuque et aux pattes près des oreilles avant d’entamer le gros morceau, le bouc et ses dépendances.

Les sourcils, les poils dans les oreilles et le nez, allez-y mon ami, coupez, taillez, faites durer le plaisir, j’ai tout mon temps. Je ne lui dit pas, mais d’un signe de la main il me comprend et poursuit son affaire. Quand arrive l’heure du miroir placé derrière mon crâne pour que j’admire l’œuvre du coiffeur-hypnotiseur, je me réveille lentement et titube jusqu’à mon vestiaire.

Par ici la monnaie, par là la sortie, je retourne à ma vie en attendant avec impatience que ça repousse.   


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