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Art | Tour 13

Publié le 03 octobre 2013 par Christianpoulot @lemodalogue

Mehdi Ben Cheikh, le fondateur de la galerie Itinerrance, spécialisée dans le street art et les expressions urbaines, réussit une prouesse inédite. Occuper la tour, vouée à la destruction d’un parc locatif privé, pour y loger le temps d’une action éphémère, le plus grand regroupement d’artistes du street art.

Cet ambitieux projet est baptisé Tour 13.

J’ai le privilège d’être accueillie par Mehdi et de découvrir avec lui l’aboutissement de plusieurs mois de travail.

Tour 13…

80 artistes internationaux de 18 nationalités différentes sont représentés.

8 mois ont été nécessaires pour obtenir les autorisations des pouvoirs publics pour ouvrir le lieu au public.

7 mois pour faire intervenir les artistes.

Seuls 49 visiteurs à la fois auront la possibilité de découvrir les lieux.

Ces rencontres ont parfois permis à chacun d’échanger des techniques pour améliorer leur savoir faire. On pense alors aux expositions de regroupements d’artistes qui ont ponctués l’histoire de l’art: Supports/Surfaces, les Surréalistes…

El Seed,

el-seed-2

Nebay,

nebay

Pantonio,

pantonio

La thématique amène le groupe, amène un dialogue et une reconnaissance de chacun

Chacun de ces acteurs sont connus dans le milieu. Leur lieu de prédilection est la rue. Or ici le défi est multiple. Il s’agit d’investir l’espace clos, les appartements d’une tour désaffectée, ses façades, les caves… Créer une oeuvre intramuros, créer une installation… Mettre son travail de graff ou de peinture en perspective, dans un espace à 6 faces.

On pense à Georges Rousse, à Gordon Matta Clark « investir la ruine… ».

Au sein de la Tour chaque appartement devient un univers pour un artiste ou un groupement d’artistes. Chacun investit les lieux avec son art, son savoir, sa patte… Chacun met en 3D son imaginaire.

Le travail présenté ici est souvent intense. On en sort avec des images plein la tête…

Le travail de gravure du parquet de El Seed,

el-seed-1

L’installation d’Ethos,

ethos

Guy Denning,
guy-denning-2

La destruction de Katre,

katre

La sculpture de Peeta,

peeta

Corleone & Kruelle,

corleone-Kruelle

Dabro nous ramène à Jackson Pollock, Guy Denning nous transporte…

Chaque espace permet de rentrer dans l’univers de chacun.

Les parties communes restent ‘quasi’ neutres pour éviter toute saturation visuelle. Une respiration fort bien pensée tant les projets sont divers et fournis.

Ce projet éphémère est voué à la destruction. Mais cette finalité fera également partie de l’histoire de cette exposition. Le réalisateur Thomas Lallier, qui suit le projet depuis l’origine aura pour défi de filmer de l’intérieur et de l’extérieur la fin de l’œuvre. Voir les œuvres s’altérer et devenir poussière.

On pense à Jean Pierre Raynaud et la notion “d’aboutissement de l’œuvre” ainsi qu’à sa maison, son œuvre majeure, qu’il détruisit ne supportant plus son architecture. Il poussera le vice jusqu’à en filmer sa destruction, réunir les gravats dans ses ‘fameux’ pots et les exposer dans la grande nef du CAPC de Bordeaux.

On pense également à Gordon Matta-Clark et son travail sur les des bâtiments abandonnés et le classique “Conical Intersection” de 1975.

Toute démarche ou reprise à titre commercial a été refusée.

« Seuls les artistes sont mis en avant ». Mehdi Ben Cheikh tient à faire découvrir les œuvres et non les instrumentaliser. Il ne s’agit pas d’un décor. Il s’agit d’art!

Un site internet “sauvera” les œuvres les plus aimées par les internautes. Passer du réel au virtuel, de la destruction à la métamorphose, en sauvant des œuvres sur la toile, quelle brillante idée!

La visite du lieu est elle-même limitée ne dure que 30 jours, du 1er au 31 octobre.

Tour Paris 1 – Rue Fulton – 75013 Paris – Accès gratuit de 12 h à 20 h


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