Magazine Culture

Daniel Fontaine : « Sans les Aubagnais nous ne sommes rien »

Publié le 04 octobre 2013 par Thierry Gil @daubagnealalune

Daniel Fontaine

Lors de la séance du Conseil municipal du 30 septembre où la gestion de la ville et le rapport de la Chambre régionale des comptes ont été au cœur des échanges, le maire d’Aubagne Daniel Fontaine a réagi aux critiques provenant des rangs de l’opposition. Derrière la bataille des chiffres, deux visions de la société se sont opposées de manière frontale.

Le conseil municipal réunit le 30 septembre pour un débat financier autour de deux documents de la Chambre régionale des comptes (CRC), l’avis qui valide le Budget 2013 et le rapport d’observations définitives sur une décennie de gestion (2001-2011), a donné lieu à de vifs échanges entre la majorité municipale et l’opposition de droite. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils n’ont pas été tendres, chaque camp politique ayant une lecture très différente du rapport d’observations de la CRC.

Derrière la bataille des chiffres abondamment commentée par la presse quotidienne régionale, ce sont deux visions de la société et du monde qui se sont frontalement opposées. A droite, les responsables locaux de l’UDI (Sylvia Barthélémy) et de l’UMP (Gérard Gazay, Jean-Charles Cuttica) se sont engouffrés dans une brèche qu’ils croyaient suffisamment large pour y pénétrer sans trop de précaution en dénonçant la mauvaise gestion, selon eux, de la commune. L’opposition s’est rapidement retrouvée à l’étroit dans une lecture comptable qui a complètement occulté ce pour quoi les élu(e)s sont tenu(e)s aussi pour responsables : le bien être de leurs concitoyens. Il semblait ce lundi que l’humain avait disparu mystérieusement de la surface du territoire un peu à la manière des dinosaures. Pourtant l’adjoint aux finances Olivier Bosch avait prévenu au début de la séance : après avoir longuement tordu le coup aux contrevérités, il rappelait que la Chambre régionale des comptes qui venait de valider le budget 2013 de la ville avait pour mission de contrôler les finances publiques et non pas celle de contrôler le niveau de bien-être de la population. Autrement dit : si on devait calculer comme au Bouthan l’indice de bonheur national brut qui tente de définir le niveau de vie en des termes plus psychologiques et holistiques que le produit national brut, ce n’est pas à la CRC qu’on ferait appel.

Après avoir entendu très longuement les responsables de l’UDI et de l’UMP développer leurs arguments, Daniel Fontaine prit la parole d’abord pour rappeler que la CRC avait donné acte de la capacité financière de la Ville à effectuer les régularisations demandées, sans augmentation des taux appliqués aux impôts locaux et sans remettre en cause le fonctionnement des services à la population. Puis il montait au créneau pour affirmer que la ville ne ferait pas l’économie de la solidarité et de la justice sociale qui irriguent tous les pans de l’action municipale, citant en exemple le nombre grandissant de familles dont les enfants bénéficient de la gratuité dans les restaurants scolaires. Daniel Fontaine a martelé l’importance des services à la population dans la lutte contre l’appauvrissement de la société, évoquant cette nouvelle catégorie de la population que l’on appelle désormais les « travailleurs pauvres ».

Il dénonçait le rôle pernicieux des banques qui régissent le monde et la vie de milliards d’individus et rappelait que la Ville avait engagé une action en justice contre l’une d’elles (la Royal Bank of Scotland) comme de nombreuses collectivités locales en conflit avec les banques à l’origine d’emprunts toxiques. Mais la partie n’est pas gagnée : « Le rapporteur de la Chambre régionale des comptes que j’ai rencontré dans mon bureau, a t-il raconté, nous a dit que la bataille que nous menions était compliquée, qu’elle était audacieuse, qu’elle n’était pas menée que par nous. Aujourd’hui les États s’en mêlent. Aujourd’hui, le gouvernement français s’en mêle, il vient à l’aide de celles et ceux qui ont été trompés ». Le département de la Seine-Saint-Denis vient ainsi de renégocier avantageusement un prêt contracté auprès d’une banque irlando-allemande : la collectivité ne lui versera que 700.000 euros d’intérêts, au lieu des 6 millions d’euros réclamés.

Dans cette tempête politique et médiatique qui donne le ton de la campagne pour l’élection municipale, le maire a accusé les élus de l’opposition de basses manœuvres « face à ceux qui réalisent, ceux qui travaillent, ceux qui produisent, pas toujours effectivement avec le bonheur qu’on peut espérer dans un monde idéal et utopiste » et a dénoncé la malhonnêteté de celles et ceux qui brossent le portrait d’une ville sur laquelle toutes les calamités du monde se seraient abattues.

Le premier magistrat de la commune et tête de liste à l’élection municipale de la majorité arc-en-ciel (PCF, PS, MoDem, RG, EELV, MRC, FASE, société civile) a en outre mis en garde la droite contre les excès de langage dont il est la cible principale : « Attention aux mots que l’on emploie, méfions-nous des propos que l’on tient. J’ai déjà été amené à le dire : ce sont des propos graves qui doivent à un moment donné être sous-entendus par une réalité. Prenons garde toujours à ne pas déborder ». Il dénonçait les méthodes de ses opposants consistant à répéter les mêmes contrevérités dans l’espoir qu’elles finissent par être acceptées par les Aubagnais comme des vérités. Ainsi de l’avis de la Chambre régionale des comptes et la réponse de la Ville d’Aubagne que l’on peut consulter sur le site internet de la Ville d’Aubagne, il renvoyait ses opposants dans les cordes : « Le bouquet c’est qu’on nous dit – la presse le reprend – aurez-vous le courage de publier l’avis de la CRC ? Je vous fait remarquer qu’on ne nous dit pas : auriez-vous le courage de publier la réponse de la ville à la CRC ? (…) Et bien écoutez : pour celles et ceux qui s’intéressent à la ville d’Aubagne, il suffit de cliquer sur le site internet de la Ville – mes chers amis faites-le – l’avis de la CRC et la réponse de la Ville d’Aubagne y sont in extenso. Et là la question de l’opacité est une nouvelle fois battue en brèche ».

Enfin, il terminait son intervention en s’adressant à Sylvia Barthélémy qui avait fait allusion dans un long exposé au rassemblement au parc Jean-Moulin de plusieurs centaines d’Aubagnais venus soutenir quelques jours plus tôt la majorité arc-en-ciel. La conseillère municipale et candidate à l’élection municipale sous les ternes couleurs de l’UDI (qui est un peu l’arrière boutique de l’UMP dans lequel on stocke tous les invendus) pensait sans doute produire son effet en s’agaçant du bruit provoqué un samedi après-midi par ce rassemblement populaire. « Il nous en faut du courage pour gérer cette ville, lui rétorquait Daniel Fontaine, mais je le dis régulièrement et la leçon de samedi est un extraordinaire exemple, nous les élus de la majorité on porte des idées, on les met en débat et on regarde comme elles pourraient être appliquées. Mais sans la population de cette ville on est pas grand-chose, je dirai même qu’on est rien. Alors je suis un peu confus. Samedi je suis désolé d’avoir bousculé votre sieste. Mais le maire ne s’adressait pas aux arbres qu’il respecte ni aux animaux qui parcourent le parc Jean-Moulin, il s’adressait avant tout au millier de personnes qui était venu avec nous dire que pour aimer une ville c’est particulièrement compliqué mais que l’amour quand il est partagé c’est une chose extraordinaire ».

François Vernon


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Thierry Gil 4963 partages Voir son profil
Voir son blog