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"Ils sont tous morts" d'Antoine Jaquier

Publié le 08 octobre 2013 par Francisrichard @francisrichard

"Il faut que jeunesse se passe", dit le proverbe.

Oui. Seulement, parfois, jeunesse se passe au-delà de toute indulgence. Les parents peuvent être à plaindre, certes, mais ce sont surtout les intéressés qui le sont et qui ne s'épargnent pas.

Le titre du premier roman, Ils sont tous morts, d'Antoine Jaquier ne présage rien de bon. Avec un tel titre, il est clair que l'auteur ne cherche pas à surprendre le lecteur.

L'intérêt du roman ne se trouve donc pas dans l'issue de l'intrigue, mais dans son déroulement, qui est une descente aux enfers,  assortie de quelques rémissions.

En exergue à son livre, qui se passe dans la campagne vaudoise et en Thaïlande, à la fin des années 1980, l'auteur avertit:

"Tels que présentés dans ce récit, les personnages n'ont existé que dans mon esprit.

Dans la réalité, ils furent bien pires.

De toute manière personne ne se plaindra, ils sont tous morts."

Tous? Jack, le narrateur, Manu, que sa mère voit autiste, Stéphane, qui baise de temps en temps avec Chloé ("Un de ses grands fantasmes est de ne pas savoir, c'est le sort qui décide, elle accepte le premier et remballe les suivants"), Tony, qui les dépasse en âge (il a trente ans et, eux, autour de vingt, et vit à la colle avec Cynthia) et Bob, dont le père, Robert, vit avec une Thaïlandaise, Madee, âgée de trente ans (qui partira avec Bob en Thaïlande au décès de son paternel).

Quand ils se retrouvent chez l'un ou chez l'autre, ou au bistrot, ils boivent ou fument des joints, la télé allumée, en fond sonore.

Chloé, qui a 23 ans et qui a accueilli Jack pour une nuit, désire les persuader, lui et ses amis, de tout quitter ici pour voyager avec elle:

"Depuis bien années, Chloé rêve de voyages, elle voudrait s'évader, découvrir des pays avant de se friper."

Seulement pour voyager il faut de l'argent, beaucoup. Chloé en a pour son propre voyage, mais pas pour les autres. C'est alors que Tony leur propose à tous un plan:

"Son idée, si j'ose l'appeler comme ça, consiste à braquer les deux banques de la région simultanément."

Le plan est mis à exécution et réussit, contre toute attente avec de tels amateurs, sauf que dans l'une des deux banques Stéphane fait chou blanc et, surtout, que Tony trouve la mort à la gendarmerie où il avait tenu en respect quatre gendarmes pour les empêcher de donner l'alerte.

Les braqueurs attendent quelque temps avant de s'envoler pour la Thaïlande où ils mettront l'argent du braquage dans les coffres d'une banque. Cet argent facile ne va pas leur réussir du tout. Ils vont tous se dégrader comme le laissait présager le titre du livre, tous mourir, à l'exception de Manu, toutefois, le seul qui sera rédimé.

Ce premier roman est donc très noir, même si les protagonistes deviennent dépendant de la blanche et qu'avant de partir pour le Sud-Est asiatique Jack s'est fait tatouer à Lausanne un dragon en couleurs sur son bras droit.

Bien que l'histoire se situe à la fin des années 1980, ce roman, par son procédé narratif, où burlesque et noirceur se côtoient, rappelle les romans noirs des années 1950 et 1960.

La question posée par Manu au début du livre - Qui de Dieu ou du diable est le plus puissant? - reste-t-elle finalement sans réponse?

Francis Richard

Ils sont tous morts, Antoine Jaquier, 280 pages, L'Age d'Homme


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