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Après Bettencourt, pourquoi les affaires Sarkozy ne sont pas terminées.

Publié le 09 octobre 2013 par Juan
Après Bettencourt, pourquoi les affaires Sarkozy ne sont pas terminées.
Les juges bordelais qui instruisaient l'affaire Bettencourt se sont résolu à blanchir d'un non-lieu Nicolas Sarkozy. Aussitôt, évidemment, quelques commentateurs en ont conclu que son avenir politique était à nouveau dégagé. Et les autres mises en examen sont écoeurés.
Le feuilleton continue.
1. La charge initiale était lourde, "abus de faiblesse", rien que cela. Et contre une vieille dame, riche mais très âgée et dont quelques expertises ont ensuite retenues qu'elle était aussi "affaiblie". "Le chef d'accusation était tellement grotesque" a déclaré Nadine Morano. 
"En décidant d'un non-lieu, la justice vient de me déclarer innocent dans le dossier Bettencourt. Deux ans et demi d'enquête. Trois juges. Des dizaines de policiers. 22 heures d'interrogatoires et de confrontations. Quatre perquisitions. Des centaines d'articles mettant en cause ma probité durant la campagne présidentielle. C'était donc le prix à payer pour que la vérité soit enfin établie." Nicolas Sarkozy, sur Facebook, le 8 octobre 2013.
2. La véritable affaire n'était pas celle-là: il s'agissait de savoir si la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 avait été illégalement financée par les Bettencourt. Sur ce sujet-là, l'instruction continue. Il y a toujours ces interrogations sur un "retrait en espèces de 50 000 euros le 26 mars 2007 par la comptable des Bettencourt", des retraits d'un montant total de 140 000 euros "remis à André Bettencourt" les 4, 7 et 26 janvier 2007; et "de deux montants de 400.000 euros, tous deux par rapatriements d'argent liquide des Bettencourt depuis la Suisse le 5 février et le 26 avril 2007 par l'homme de confiance des Bettencourt, Patrice de Maistre."
3. Nicolas Sarkozy a d'autres affaires avec la Justice. Elles ont toutes un dénominateur commun, l'argent: accusations en Libye par d'anciens proches du colonel Kadhafi, accusations en France par un ancien intermédiaire - Ziad Takkiedine. Dans un ouvrage récent, deux journalistes soupçonnent Nicolas Sarkozy de détenir un compte en Suisse. Précisons que ces deux-là n'apportent pas de preuves tangibles.
4. D'autres mis en examen n'ont pas eu la même chance: Eric Woerth, l'ancien trésorier de l'UMP, il a été renvoyé par en correctionnelle. Mardi, il s'est dit "très amer, écoeuré par cette situation" mais "très serein". Sa réaction vaut le détour: "Je remarque que le parquet avait demandé deux non-lieu, solides, étayés, celui de Nicolas Sarkozy - il l'a eu et c'est bien - et le mien, et ça n'a pas été le cas."
5. Politiquement, les "amis" de Sarkozy applaudissent:
"Je n'oublie pas que pendant des mois et des mois, Mme Buffet, Mme Royal et l'entourage de François Hollande ont dénigré et vilipendé Nicolas Sarkozy. Je les trouve bien silencieux aujourd'hui..." Brice Hortefeux, 8 octobre 2013
Mais d'autres cachent mal leur gêne. Valérie Pécresse, soutien de François Fillon, a été appelée à réagir à un éventuel retour politique de son ancien mentor. Elle a le sourire jaune: "aujourd'hui, nous avons un temps de latence, nous ne sommes pas devant le choix de notre leader". Le retour de Sarkozy est de toutes façons inutiles. Une forme de Sarkofrance lui a survécu.
6. Politiquement toujours, la palme de la bêtise revient à l'ineffable Henri Guaino. Ce député parachuté des Yvelines avait lancé une violente charge contre le juge Gentil quand fut connue la mise en examen pour abus de faiblesse de Sarkozy. Il fallait, d'après lui, que le juge "s'explique devant les Français". Une belle mise en cause de la séparation des pouvoirs... Cette fois-ci, il récidive: "Je ne retire rien à ce que j’ai dit. J’ai dit que le juge Gentil avait déshonoré la justice et je l’assume toujours."
7. Ce non-lieu intervient trop tôt. Avant le scrutin de 2007, Nicolas Sarkozy s'était posé en victime d'un cabinet noir logé à l'Elysée, mené par Dominique de Villepin, dans l'affaire Clearstream. Le feuilleton fut plus "grotesque", mais plus long, jusqu'à traîner pendant la campagne et offrir au candidat un argument politique récurrent. Cette fois-ci, Sarkozy a été blanchi très vite d'une accusation improbable qui de surcroît ne clôt pas l'affaire générale.
A suivre...
Crédit illustration: DoZone Parody

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