Pourquoi ce blog ?

Voilà un peu plus d'un mois que je médite d'ouvrir un blog politique pour y partager mes impressions sur l'actualité, un mois que je tourne en rond dans ma chambre en me demandant : "le feras-tu, ne le feras-tu pas ?" Finalement je franchis le pas aujourd'hui ; pour qui aime la politique, la date est belle, puisque nous sommes exactement à 100 jours des résultats de l'élection présidentielle. En toute modestie, je crois que je ne pouvais pas trouver mieux !

En réalité, si j'ai attendu si longtemps avant de me décider, ce n'est pas dans le but de faire un coup médiatique, car, à part dans mon cercle familial, ce grand événement va sans doute passer inaperçu. Non, si j'ai attendu si longtemps, c'est que j'ai longtemps ressenti en moi une inquiétude vague mais bien réelle à oser faire part de mes convictions politiques : tenir un blog, c'est d'une certaine manière quitter le cocon de la sphère privée pour rendre public les idées qui sont les siennes et par là-même devenir potentiellement vulnérable. En tant qu'enseignant, je travaille dans un milieu que tout le monde sait majoritairement à gauche, un milieu qui n'est pas toujours très tolérant, pour parler avec euphémisme. J'enseigne à l'université, je suis en tout début de carrière : je pense qu'il n'est pas tellement dans mon intérêt  de laisser entendre à mes collègues ou à la hiérarchie que je suis ne serait-ce que de centre-droit. En réalité, peut-être cela ne prêterait-il pas autant à conséquence que je le crois, mais ma crainte n'en est pas pour autant moins réelle.

L'origine de cette crainte, c'est grâce à Nicolas Sarkozy que j'ai pu la comprendre et c'est grâce à lui encore que je commence à la guérir. Un jour que j'écoutais l'un de ses discours, j'ai eu la surprise de l'entendre dire cette phrase à la fois toute simple et banale, mais qui fut très lourde de sens pour moi : "il n'y a pas de honte à être de droite !" Cette petite phrase a sonné en moi à la fois comme une révélation et comme une libération. Je venais de mettre un mot sur mon mal, je comprenais brutalement que depuis tout petit (je suis né en 1980) j'avais été, de manière plus ou moins consciente, formaté à une sorte de pensée unique qui disait : "la gauche c'est bien, la droite c'est mal". Un tel manichéisme implicite, qui est à la fois commode et rassurant pour quiconque ne souhaite pas se poser de questions, avait fini par faire naître en moi un sentiment diffus de culpabilité, lié au décalage toujours croissant entre mes convictions intimes que je ne m'avouais pas toujours et la "morale" officielle. C'est cette culpabilité, dont il n'est pas toujours aisé de se défaire, même lorsqu'on est convaincu du bien-fondé de ses idées, qui me retenait d'ouvrir un blog : cette démarche correspondait dans mon esprit à une sorte de transgression.

Finalement, la phrase de Nicolas Sarkozy a fait son chemin et me voilà ! J'ai compris que je ne devais pas attendre d'être guéri de cette culpabilité insensée pour affirmer mes idées, mais que bien au contraire, c'est l'affirmation de mes idées qui me procurerait la voie du salut.

Ces idées, je veux les affirmer de façon déterminée, mais toujours avec modération, jamais avec outrance. Je veux être passionné, oui, mais passionnément raisonnable. La recherche de la vérité et du meilleur est la seule exigence. Je veux convaincre et non pas persuader. Je veux que le sympathisant de gauche qui viendrait sur ce blog puisse dire "Ses convictions ne sont pas les miennes, mais j'ai été respecté". Je veux la politique avec un grand P.   

Parce que Nicolas Sarkozy est celui qui m'a ouvert les yeux, parce que je suis convaincu qu'au-delà même de ses idées, il incarne une manière vraie, sincère et exigeante de faire de la politique, je souhaite lui rendre hommage en lui dédiant ce blog, et à cent jours des résultats, je lui souhaite tous mes voeux de réussite.

Quant à toi, ami lecteur, qui que tu sois, je te souhaite la bienvenue. J'espère que tu te sentiras ici un peu chez toi.